Les enfants de la pleine lune

Critique théâtre: Les enfants de la pleine lune au Théâtre Prospero

Photo par Maxime Côté

Inspirée d’un cas d’inceste et de séquestration découvert en 2008 en Autriche,  la pièce Les enfants de la pleine lune, de l’auteur italo-suisse Emmanuelle Delle Piane, est présentée en première mondiale du 25 octobre au 19 novembre sur la scène principale du Prospero. 

Le spectacle est une conception de Théâtre de l’Opsis, qui poursuit pour 3 ans son cycle italien. La pièce met en vedette Jacques l’Heureux, Louise Cardinal, Steve Gagnon et Catherine Paquin-Béchard, et est mise en scène par Luce Pelletier.

Les enfants de la folie

Une porte, un escalier, les quatre murs d’une cave grise.  Deux jumeaux et leur mère, que l’on sait aussi leur soeur, y sont emmurés nuit et jour.  Ou plutôt, noir et ampoule.   Leur géniteur, dit le Vieux, les nourrit et les abuse, les manipule et les avilit. Tous ces éléments devraient suffire à secouer l’échine…  mais, pour une raison obscure comme cette cave, ça ne secoue pas.

On constate l’horreur, mais on n’a pas envie de crier à l’injustice.  On assiste, impuissants, à des viols à répétition, mais rien d’intolérable.  Certes, les actions sont dérangeantes, le texte nous amène à compatir et le sujet est lourd… mais malheureusement, le rythme aussi.  Quelque chose manque, détone, puisqu’on reste objectif.

Photo par Maxime Côté

La mise en scène démontre et on ne vit pas avec les personnages. On voit.  On analyse.  Peut-être était-ce le but.  Nous montrer à quel point nous sommes désensibilisés à la violence sanglante des histoires de familles tragiques.

Des interprétations inégales

Photo par Maxime Côté

Ceci dit, porté par un texte solide et tout de même poétisé, on assiste à une scène marquante où Louise Cardinal, la mère, se retrouve à l’hôpital et décrit les saisons à travers les couleurs et les saveurs.  Très nuancée, son interprétation tout au long de la pièce ébloui par sa justesse et sa fluidité.  Jacques L’Heureux, par contre, n’a pas relevé le défi qu’impose le rôle du tortionnaire surprotecteur.  Sa présence n’est pas suffisamment imposante, le ton de sa voix trop incertain.  Steve Gagnon et Catherine Paquin Béchard, respectivement Jules et Maude, défendent quant à eux très bien leurs personnages, malgré le niveau de langue à cheval entre l’international et le familier, qui peut confondre le spectateur.

Finalement, le public aimerait certainement s’en faire pour les personnages de cette histoire, ou tenter de se mettre à leur place,  mais comme l’a si bien dit Delle Piane : «  Ils voient, ils parlent et ils entendent quand ça les arrange, les gens.  On ne serait pas ici sinon. »

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