Moi qui me parle à moi-même dans le futur

Critique théâtre : Marie Brassard – Moi qui me parle à moi-même dans le futur

Pour quatre jours seulement, du 23 au 26 novembre, Marie Brassard envahit l’Usine C de sons et d’images pour nous raconter Moi qui me parle à moi-même dans le futur, un spectacle qui interpelle l’imagination, et qui interroge la temporalité de la vie et de notre présence sur Terre. Écrit, conçu, mis en scène et interprété par Brassard, elle est accompagnée par deux musiciens sur scène, Alexandre St-onge et Jonathan Parant, et soutenue par les images de Karl Lemieux  Portrait d’une soirée engourdie.

La salle pratiquement comble, un bruit sourd et constant subsiste, mais pas celui des spectateurs qui discutent avant la représentation.  Plutôt un son, émanant d’un fil mal branché, ou d’un appareil qui va bientôt sauté.  Inconsciemment, le ton est donné.  L’image est là, immobile, la parole débarque, et tout se met à bouger.  Deux musiciens ( surtout Apple-iens) soutiennent ce que l’on qualifierait de suites de sensations et d’histoires.  Ce n’est pas de l’émotion que l’on vit.  On frémit, on fronce, on est inconfortable, hypnotisé et même engourdi par certains passages où l’image répétitive, accompagnée de sons confus nous emmène à l’intérieur de nous-même.  On aurait pu s’endormir tant le rythme était berçant.  Et le corps de l’interprète, imperceptiblement chorégraphié, suggérait la vague, ou la chaise berçante. Rien d’électrique ou d’étourdissant.

 

Regard sur soi

Brassard elle-même n’arrive pas à décrire ce qu’elle fait ; tout peut arriver, nous dit-elle.  Dans ce spectacle, il peut arriver l’inconfort, l’irritation, l’éblouissement, l’engourdissement, la somnolence, toutes des sensations physiques plus qu’émotionnelles.  Aucune intrigue, aucune action ne soutient cette heure de laboratoire public.  Que des mots, métaphores océaniques, rêves éveillés, projections dans l’avenir, flashbacks d’enfance. Une intimité poétisée.

Une chose est sûre, ce spectacle intériorise le spectateur, l’amène à interpréter l’autre avec son intimité à lui, dans une réalité qui lui est propre.  Ce flou ne devient clair que si l’on assiste à ce show.

Du genre qu’il fallait y être.

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