Critique théâtre | Transmissions à La Licorne

Récipiendaire du Prix Gratien-Gélinas en 2008 et nommé pour le Prix Michel Tremblay, la première pièce de théâtre de Justin Laramée est de retour, cette fois, à La Licorne du 28 mars au 13 avril. Transmissions est une saga familiale sur les thèmes du legs, de l’héritage, des relations de couples et des liens familiaux, le tout raconté avec un humour mordant dans un univers à la fois obscur et enchanteur.

Photo de courtoisie par Justin Laramée.

Photo de courtoisie par Justin Laramée.

La famille Beauchemin se réunit une dernière fois au chalet, avant qu’il ne soit vendu, pour célébrer les six mois du petit Alphonse. Ces retrouvailles se transformeront en tragicomédie où le fantastique et le réel s’entrecroisent.

Diane (Ève Pressault), la fille ainée, discutera avec une oie, son frère Gabriel (François Bernier) parlera avec une chienne morte et le bébé fumera même un joint lors d’une conversation avec son père.

La pièce débute avec un ton très léger, Gabriel et son beau-frère Fred (Louis-Olivier Maufette) enterrent le placenta de Mathilde, ce qui donne lieu à une scène franchement drôle.

Mathilde (Émilie Gilbert) et sa mère Lucille (Marie Michaud) travaillent dans le jardin pendant qu’Éric (Roger Léger) s’occupe de son petit-fils. Un dimanche après-midi à la campagne tout ce qu’il y a de plus normal ou presque.

Diane accourt pour annoncer qu’elle a frappé une chienne en se rendant au village, la van ne fonctionne plus, les voilà coincés au chalet. L’arrivée de l’aînée entraîne l’histoire vers un côté plus sombre et onirique.

 

Une fuite prévisible

Maintenant prisonnier de la forêt, chacun cherchera à définir son rôle au sein du clan, les blessures et les peurs referont surface. Les hommes n’arrivant pas y à trouver leur place s’enfuiront laissant derrière eux les femmes prêtes à tout pour défendre leur famille et leur maison – plusieurs indices  nous laisseront entrevoir cette fuite des hommes, ce qui rend la pièce un peu trop prévisible.

Photo de courtoisie par Justin Laramée.

Photo de courtoisie par Justin Laramée.

Chose certaine, l’univers de la famille Beauchemin est merveilleusement représenté par la scénographie de Geneviève Lizotte. Une forêt projetée sur une grande toile à l’arrière de la scène, au centre trône un jeune arbre entouré de terre.

L’éclairage, la musique instrumentale et la forêt d’ombres donnent beaucoup de force à l’entrelacement du rêve et de la réalité.

La simplicité du décor et le jeu très solide des acteurs mettent en valeur toute la poésie des mots de Justin Laramée; mots qui en quelques instants nous font rire et nous émeuvent. Les comédiens alternent avec aisance entre le drame et la comédie, donnant à la pièce un ton très rythmé.

Petit bémol au tableau, cependant : l’humour justement, très présent dans les dialogues, même parfois trop. À certains moments de la pièce, les blagues viennent détendre l’atmosphère tandis qu’à d’autres elles alourdissent le propos et font oublier toute l’intensité des scènes dont on aurait aimé profiter pleinement.

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