Variations sur un temps au théâtre de Quat’sous | Un délicieux moment de folie

Pour ses 60 ans, le Théâtre de Quat’sous offre à son public la reprise de Variations sur un temps de l’auteur américain David Ives. Présenté à l’origine en 1996 avec une distribution impressionnante : Marc Labrèche, Diane Lavallée, Luc Picard et Élise Guilbault. La nouvelle mouture de cette production des plus cocasses n’a certainement rien à envier à la version originale. Variations sur un temps est un délicieux moment de folie.

Une rangée de casiers est installée sur la scène, chronomètre au mur, les six comédiens vêtus de survêtements de sport font leur entrée au pas de course en traversant la salle. Ça va être sportif. Chacun prend son costume – superbes costumes de Cynthia St-Gelais, d’ailleurs – et nous voilà prêts à commencer ce voyage dans l’univers extravagant de l’auteur et à rire un bon coup.

Variations sur un temps, c’est cinq courtes pièces en un acte interprété par six comédiens de grand talent : Simon Lacroix, Anne-Élisabeth Bossé, Daniel Parent, Émilie Bibeau, Geneviève Schmidt et Mani Soleymanlou. Et comme son titre l’indique, chacun des tableaux joue sur la notion du rythme et de la répétition, chacune des situations étant exploité sous différents angles et points de vue.

Crédit photo: Yanick Macdonald

Cinq tableaux

Le premier tableau, Mini-putt ou l’art de la fugue, nous amène sur le terrain de mini-golf où trois couples se livrent à une vraie démonstration de drague sous toutes ses coutures. La mise en scène très rythmée d’Éric Jean nous donne l’impression d’assister à une sorte de ballet où s’enchainent les tentatives de séduction et les éclats de rire du public. Puis on continue sur le même thème, avec C’est sûr on assiste à plusieurs variations de la rencontre amoureuse, dans un café, d’un homme et d’une femme qui lit À la recherche du temps perdu de Proust. Émilie Bibeau et Mani Soleymanlou y sont savoureux!

Puis on enchaine avec Variations sur la mort de Trotski dans laquelle on assiste à plusieurs variations de la mort de l’homme politique qui a survécu une journée entière avec un piolet planté dans le crâne. Bien que cette séquence marque un léger ralentissement dans le rythme avec quelques longueurs, le jeu très physique de Daniel Parent et de Geneviève Schmitd parvient à nous garder captivés sans trop de difficulté et à provoquer plusieurs rires.

Le Drummondville nous transporte dans un univers parallèle où être pris dans un « Drummondville » est un état dans lequel se produit constamment le contraire de ce l’on veut. C’est avec une finesse et un sens de l’absurdité bien maitrisé que nous avançons dans ce monde créé par David Ives; le tout porté par le sens du punch sans égal et la charge humoristique de Simon Lacroix.

Et que dire de la finale… Philip Glass à la boulangerie est le point culminant de cette heure de pure folie avec une chorégraphie ludique à souhait, bien qu’un peu longue, on reste abasourdi devant cet objet créatif difficile à définir.

Dans cette production à la mise en scène précise et bien cadencée, on a souvent l’impression de s’amuser autant que les comédiens, on sort de la salle le cœur léger.

Mention spéciale aux intermèdes musicaux entre les scènes: ils sont tout simplement exquis.

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