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Critique | U2 à Montréal : La tournée iNNOCENCE + eXPERIENCE s’arrête en ville

Ils ont beau l’avoir échappé avec leur plus récent album Songs of Innocence, Bono et ses trois compatriotes demeurent dans le coup en terme de spectacle à grand déploiement. Retour sur la première de quatre soirées de la tournée iNNOCENCE + eXPERIENCE à Montréal, une réussite moins grandiose que la tournée précédente, mais tout de même époustouflante.


Bon. Alors c’est quoi ce concept d’iNNOCENCE + eXPERIENCE au juste (à part un accident de CAPS LOCK de dimension toupinesque) ?

Comme son nom l’indique, cette tournée comporte deux volets thématiques : un retour sur le passé, puis un constat sur le présent à la lumière du chemin parcouru. Deux volets bien séparés en deux parties distinctes. Et tant qu’à y être, un regard vers l’avenir au rappel. L’évolution humaine par le biais de la discographie d’un groupe avec 35 ans de métier derrière la cravate, quoi.

Évocation des débuts

En début de concert, les quatre membres font leur entrée sur scène alors que les lumières du Centre Bell n’étaient pas éteintes. Sans tambour ni trompette (mais sous un tonnerre d’applaudissements, après une heure de retard).

Ce n’était pas un oubli. Pour les quatre premières chansons, le groupe ne fera pas usage des imposants dispositifs scéniques tout de suite, oh que non. Plutôt des éclairages de base, avec une ampoule géante suspendue au-dessus de la tête du chanteur, évoquant – on le comprend plus tard – l’éclairage sobre de la chambre à coucher d’un jeune Bono ado.

Bono, The Edge, le bassiste Adam Clayton et le batteur Larry Mullen Jr. sont ainsi installés à la scène principale, qui en passant, est reliée à une plus petite scène circulaire à l’autre bout du parterre par le biais d’une passerelle de type catwalk, qui traverse le parterre. Ce corridor est surplombé par deux écrans géants. Ingénieuse disposition, qui permet à tout le monde d’avoir une vue idéale, et au groupe de visiter ses 21 000 fans à différents emplacements de l’amphithéâtre.

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Mais pour le début de spectacle, c’est tout en simplicité, question d’évoquer les débuts de carrière. « Hi, we’re a young band from Ireland named U2 », s’est même exprimé Bono.  On est en mode iNNOCENCE, voyez-vous : on revisite de vieilles chansons, dont The Electric Co. et I Will Follow de l’album Boy (1980), et aussi quelques chansons récentes évoquant une certaine nostalgie, comme The Miracle (of Joey Ramone), Iris (Hold Me Close) qui est dédiée à sa défunte mère (et « à toutes les mamans ») ou encore Cedarwood Road, qui évoque le quartier où Bono a grandi.

Après une version rafraîchissante du classique Sunday Bloody Sunday (autre clin d’oeil à un événement marquant du passé), U2 a tenté de nous en passer une petite vite avec la plutôt mauvaise Raised By Wolves, qui n’a pas levé, avant de se reprendre avec l’excellente Until The End of the World, tirée d’Achtung Baby (1991).

Ainsi se concluait la première moitié du spectacle, une demie marquée par la simplicité (et l’intensité rock) des quatre premières chansons, les multiples clins d’oeil aux influences du groupe, et l’ingénieux usage des écrans de la passerelle lors de Cedarwood Road, simulant une promenade sur la rue de son enfance avec Bono en semi-transparence parmi les projections de rue en mouvement. Très habile.

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Les deux pieds dans le présent

Après un mini-entracte – ou plutôt une animation de Johnny Cash qui chante The Wanderer – le groupe est revenu avec un concept plus axé sur la modernité, notamment lors d’Elevation, alors que Bono a fait monter sur scène un spectateur et lui a confié la tâche de filmer le groupe en action pour diffusion en direct sur l’écran géant… et sur Meerkat afin que des milliers de fans de partout dans le monde puissent aussi vivre le moment en direct sur Internet. On ne fait pas plus 2015 que ça.

La séquence rythmée – presque disco – avec Even Better Than the Real Thing et Mysterious Ways sonnait aussi très actuelle. Après de telles émotions, il fallait atterrir un peu, et le groupe s’en est chargé de belle manière, avec des versions acoustiques d’Ordinary Love et Every Breaking Wave, plus jolies que sur l’album.

Il restait ensuite les gros morceaux : la tonitruante Bullet the Blue Sky (au message actualisé, mais avec toujours autant de chien) et les incontournables Pride (In the Name of Love), Beautiful Day et With or Without You. De quoi mettre la foule dans sa petite poche arrière.

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Au rappel, le groupe a notamment débuté Where The Streets Have No Name par un couplet et un refrain de Mother And Child Reunion de Paul Simon, avant de conclure avec I Still Haven’t Found What I’m Looking For.  

« Why are we still here? », se questionnait tout haut Bono – tout comme des milliers de fans, lorsque Songs of Innocence est sorti… – avant de se répondre à lui-même : « This is why we are still here : we still haven’t found what we’re looking for » (ils n’ont « toujours pas trouvé ce qu’ils cherchent », vous voyez).

Au terme de deux heures et demie de prestation, les quatre membres ont ensuite quitté la scène un à un, à commencer par le bassiste Adam Clayton et le batteur Larry Mullen Jr. Ne restait plus que The Edge qui maintenait l’air de guitare, et Bono qui fredonnait désormais « People have the power », tout comme le chante Patti Smith sur la chanson du même nom, qui résonnait dans les haut-parleurs lorsque le groupe était entré en scène en début de soirée. La boucle est bouclée, comme on dit.

Ainsi se terminait ce qui semblait être la rétrospective idéale de U2. En 150 minutes, on a eu droit à beaucoup de hits, quelques vieilles chansons plus obscures, et des titres récents, savamment organisés pour revisiter de belle façon les multiples facette de la riche carrière du groupe et son évolution.

 

Grille de chansons

The Miracle (Of Joey Ramone)
The Electric co.
Vertigo
I Will Follow
Iris (Hold Me Close)
Cedarwood Road
Song for Someone
Sunday Bloody Sunday
Raised by Wolves
Until the End of the World

(Mini-entracte avec projection sur « The Wanderer » par Johnny Cash)

Invisible
Even Better Than the Real Thing
Mysterious Ways
Elevation
Ordinary Love (acoustique)
Every Breaking Wave
Bullet the Blue Sky
Pride (In the Name of Love)
Beautiful Day
With or Without You

Rappel
City of Blinding Lights
Mother and Child Reunion (de Paul Simon) / Where the Streets Have No Name
I Still Haven’t Found What I’m Looking For

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