Marie-Jo Thério

Critique Album: Marie-Jo Thério – Chasing Lydie

Marie-Jo Thério - Chasing Lydie Marie-Jo Thério Chasing Lydie

Chasing Lydie, de Marie-Jo Thério, est une œuvre dense qui demande de nombreuses écoutes pour en savourer toutes les richesses, et qui, au final, récompense amplement l’auditeur pour l’effort.

Carnet de voyage transposé en musique, ce disque double est une invitation à accompagner la chanteuse acadienne dans l’Ouest américain, où elle est partie pendant quelques années à la recherche des souvenirs de son arrière-grand-tante – elle aussi artiste à son époque – Lydia Leblanc, dite Lydia Lee.

Décrivant l’album comme un « film sonore », la musicienne nous entraîne pendant plus d’une heure dans un vaste univers sonore, où se mélangent chansons, extraits audio et pièces instrumentales. L’ouverture (sur laquelle Marie-Jo récite un extrait du poème Out Where The West Begins écrit par Arthur Chapman en 1917) est d’ailleurs un magnifique moment de musique, mariant orchestre et cuivres, qui annonce le côté grandiose et sentimental de l’entreprise.

Mettre sa voix à profit

Au niveau des chansons, Marie-Jo touche à des cordes sensibles, comme elle sait si bien le faire. Qu’il s’agisse d’un titre amusant évoquant le son des Mills Brothers (Waltham, Mass.) ou encore d’un blues musclé (Digging the Ground), l’interprète au chant vulnérable et évocateur sait toujours appuyer sur les bons boutons.

Et le contrôle qu’elle exerce sur cet instrument magnifique qu’est sa voix n’a rarement été aussi évident que sur This Town is Cold, un tour de force vocal.

Sans oublier le piano, dont elle joue tout au long du disque avec délicatesse et parcimonie.

À mi-chemin du « récit », Marie-Jo nous offre l’une de ses plus belles compositions en carrière : Blow Wind Blow. Rappelant quelque peu la magnifique Arbre à Fruits, Arbre à Fruits que l’on retrouvait sur La Maline en 2000, cette chanson toute en douceur est troublante de sincérité. Elle marque un moment de réflexion sur ce qui la précède, et ce qui suivra.

Outre les morceaux chantés, on peut également entendre des bouts de conversations entre Marie-Jo et divers membres de sa famille aux États-Unis. À un certain moment, on l’entend même demander des directions à une dame sur la route. Ces extraits sont parfois anodins, parfois informatifs.

 

Le fantôme de Lydia Lee

Mais ce qui fascine par-dessus tout, ce sont les quelques extraits audio où l’on entend la fameuse Lydia. Cette voix venue d’outre-tombe, sortie d’une autre époque, possède une étonnante candeur, une simplicité que l’on ne retrouve plus à notre époque.

Émigrée aux États-Unis à la fin des années 1920 avec sa famille, et devenue par la suite chanteuse de cabaret, ce singulier personnage qu’était Lydia Lee est rapidement devenu sujet de fascination pour Marie-Jo Thério, qui ne l’a jamais connue, mais dont elle a maintes fois entendu parler. C’est son envie d’en apprendre plus sur cette femme qui fut le point de départ de ce projet qui s’est échafaudé sur une dizaine d’années.

Chasing Lydie est un périple sonore vers un lieu et une époque distants. Et ce que l’on retient à la fin de cette expérience unique, c’est que ce qui compte, c’est le trajet, et non la destination. Un grand voyage musical…

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