Dear Criminals

Dear Criminals – Trapped à l’Usine C | Séquestration artistique

L’usine C accueillait le groupe montréalais Dear Criminals pour la présentation à guichet fermé de Trapped. Allions-nous être emprisonnés dans une pièce? Séquestré pour l’art?

Ils venaient tout juste de frapper fort, à l’automne dernier, avec leur dernière proposition à l’Église Saint-Jean Baptiste accompagné du chœur de l’École Joseph-François-Perreault et les voilà qu’ils récidivent avec une nouvelle idée. On a voulu mélanger l’art visuel, la danse, la musique et les projections.

Qui dit nouvelle vision, dit nouvelle collaboration ; deux interprètes : Francis Ducharme et Jamie Wright. Ces deux danseurs ont été conseillés pour leur chorégraphie par Catherine Gaudet, il y a aussi Khoa Lê qui a participé à la conception vidéo, Mathieu Laverdière aux images, Régis Guyonnet aux éclairage, Jérémie Niel à la mise en scène et une scénographie forte qui a été pensée par Max-Otto Fauteux et qui nous plongent immédiatement dans un univers singulier : celui de Trapped.

Un immense cube surélevé, aux parois en écran, se posait en plein centre de la salle. Le public, déjà très silencieux, se plaçait debout autour. Dans ce cube, le groupe est enfermé. On comprend alors que nous nes erons pas emprisonnés, mais ce sera plutôt eux.

Une musique ambiante électro-noise fait un immense crescendo étalé sur une dizaine de minutes. Les gens attendent, mais restent toujours en transe. Cela déroute et donne un climat étrange à l’endroit. La magnifique voix de Frannie Holder entame Le temps des fleurs écrit par Eddy Marnay en 1967.  Un choix audacieux après l’atmosphère qui s’était créée, mais ô combien efficace!

Dear Criminals a touché à tout leur répertoire : de Nelly (la trame sonore du film du même nom) à leur dernier EP Another Picture en passant par les plus anciens, le choix des chansons fût judicieux. L’émotion monte à son comble lorsqu’ils se sont permis un moment acoustique en plein cœur du spectacle électro ; la guitare acoustique de Vincent Legault et les deux voix non amplifiées de Frannie Holder et Charles Lavoie.

Le cube éclaté

Soudainement, arrive le moment magique du spectacle où éparpillé, parmi la foule, le chœur JFP se met à chanter avec eux. Une excellente idée pour faire éclater les barrières du cube. Un moment qui est devenu très touchant et rempli de sincérité. La grande force de cette soirée est sans aucun doute les deux voix principales. Elles se bonifient, elles s’appuient l’une sur l’autre. Tout devient sensibilité et douceur, mais en même temps force et grandeur. Une finale originale, qui nous est arrivée sans avertissement. Un enregistrement de la chanson qui a pris la place des vrais musiciens et, ces derniers, sont disparus du cube. Bonne idée de ne pas être réapparu après pour un rappel. La magie aurait été brisée.

Solide représentation, mais nous avons décelé quelques petits bémols. L’ajout des deux danseurs ne bonifiait pas la performance. Ils n’auraient pas été là, la proposition aurait fonctionné quand même.

Des chaises auraient pu être ajoutées ; écouter cette œuvre contemplative debout c’est long. D’ailleurs, la moitié de la salle s’est assise par terre après le premier tiers du spectacle.

Des supplémentaires seront présentées le 17 et le 18 mars au soir. Une belle occasion de découvrir ou de revoir cet univers singulier qui charme et déstabilise.

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