Presque Oui

Découvertes des Francofolies: Entrevue avec Presque Oui

Parmi les nombreuses découvertes à faire ce soir aux Francofolies de Montréal, Sorstu.ca s’est intéressé à Presque Oui, un duo français qui lançait récemment un troisième album intitulé Ma Bande originale. Presque Oui sera en prestation extérieure gratuite à 17h, à la Scène Desjardins.


Presque Oui, c’est de la « chanson en musique de chambre », baignant dans un imaginaire raconté en histoires finement ficelées, tout comme les arrangements acoustiques dépouillés.

Le principal artisan de ces chansonnettes se nomme Thibaud Defever. Au départ, Presque Oui, c’était lui et sa conjointe Marie-Hélène Picard. Suite au décès de celle-ci des suites d’un cancer du poumon en 2006, Defever a fait cavalier seul pendant quelques années avant de trouver en Sylvain Berthe (violoncelliste, flûtiste et percussioniste) un parfait complément à sa musique.

« On peut dire que chaque album correspond à une période de la configuration du groupe, ou du « petit collectif » qu’est Presque Oui. Pour le premier album, Marie-Hélène était chanteuse et moi, je l’accompagnais. Le 2e album s’intitulait Peau Neuve, j’étais devenu chanteur et guitariste tout seul, et là, je grandis, je reste le chanteur ».

« J’avais l’habitude d’avoir une guitare orchestrale en essayant de tout faire. Quand Sylvain est arrivé, c’était compliqué de laisser une place au violoncelle, il fallait que la guitare reste intéressante. Nous avons beaucoup tourné autour du pot. Au final, les arrangements sont très écrits, dosés, calculés pour qu’ils ne nuisent pas à la chanson. On a trouvé un équilibre proche de la musique de chambre. La chanson en musique de chambre, si tu veux. Nous provenons tous les deux de formations classiques. C’est ce qui nous intéressait: faire dans le silence, dans les détails, dans le ciselé. C’est encore plus vrai sur scène, parce qu’il n’y a que nous, donc il y a une certaine sobriété et aussi une virtuosité».

Abaji et le regard extérieur

Sur Ma Bande originale, Presque Oui fait également appel à Abaji, un artiste qui n’oeuvre pas d’ordinaire dans la chanson, afin d’assurer la direction artistique. « Abaji, c’est une grande rencontre. Je l’avais rencontré à Paris, après un concert. Il a une oreille pointue, acérée, impitoyable. On avait travaillé sur la mise en scène du spectacle solo, avant l’arrivée de Sylvain Berthe ».

En plus d’avoir accepté de mener la direction artistique de l’album, Abaji a donc travaillé sur la mise en scène – même si Defever préfère éviter cette expression – du spectacle que Presque Oui proposera aux Francofolies ce soir. « Je n’aime pas « metteur en scène »: j’aime mieux « regard extérieur » ou directeur artistique. Mettre en scène un spectacle de chansons, c’est trop théâtral. Nous voulions conserver beaucoup de spontanéité, de rythme et de fantaisie. J’aime l’idée de voir comment on peut agencer les rouages, tout en laissant place aux imprévus».

Même si Presque Oui adopte un style très imagé et théâtral, Thibaud Defever assure que les spectateurs ne feront pas la rencontre d’un personnage totalement inventé sur scène. « (Le public) rencontre un gars qui est assez proche de ce qu’il est dans la vie. Possiblement entre le rêve et la réalité, entre lui-même et une composition de personnage ».

« Il y a une certaine pudeur dans cette approche là. Je ne me vois pas écrire sur moi directement… j’aime la distance. Je n’ai pas envie de vomir des émotions. Si ça doit passer par une histoire – celle d’un prisonnier dans un huis clos pour parler de l’emprisonnement dans nos angoisses par exemple – c’est raconté par le biais d’une histoire. Ça permet d’élargir, de laisser place aux auditeurs».

À surveiller: la chanson Sequoia

Thibaud Defever en sera à sa 3e visite au Québec afin de présenter Presque Oui. Ses deux visites précédentes lui ont d’ailleurs inspiré la chanson Sequoia, qui fait partie de Ma Bande originale.

« Le Québec, c’est un pays très majestueux. Je sentais une présence très forte de la nature. Sequoia, parle un peu de ce rapport avec l’immensité des lieux».


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