Devendra Banhart

Devendra Banhart vu par Jason Bajada

Si vous cherchez l’auteur-compositeur Jason Bajada ce vendredi soir, on peut vous dire où il se trouvera : au Métropolis, mais sans être lui-même en spectacle. Il y sera pour voir à l’oeuvre le chanteur vénézuélien Devendra Banhart, un artiste dont le tracé artistique l’inspire. Mais d’où vient cette fascination de Bajada pour Banhart ?  Sors-tu.ca vous présente : Devendra Banhart vu par Jason Bajada.

C’est au bout du fil qu’on rejoint Jason Bajada, lui qui se trouvait en Italie à ce moment-là. Dans le cadre de sa tournée italienne de plus de 16 dates, le chanteur montréalais teste des nouvelles chansons, avant de revenir au Québec où il couchera tout ça sur ruban avec Philippe Brault au cours des prochaines semaines. Mais ça, on y reviendra.

L’objectif, pour cette fois-ci, était plutôt de discuter de son intérêt envers Devendra Banhart, lui qui en est fan depuis peu, mais intensément. « Je voyais le nom passer depuis un certain temps, mais on dirait que j’étais ailleurs, nous raconte-t-il. Je m’étais fait une note mentale d’aller écouter ça un jour. C’était le milieu des années 2000, j’en étais à assimiler l’oeuvre d’artistes tels que The Strokes, Broken Social Scene, Death Cab For Cutie. »

Le déclic s’est fait lorsqu’il a entendu une chanson de Banhart dans une playlist sur Spotify. Charmé et intrigué, il a enfin décidé de s’y replonger, à commencer par l’album Mala, paru en mars 2013. « Ça m’a séduit : la prod’, les synthés, l’ambiance claustrophobe, à la sauce sud-américaine, vénézuélienne. C’est un genre de folie qui se rapprochait d’un Beck : on passe du folk à la Nick Drake, jusqu’à une approche complètement flyée, tout ça avec un certain humour. C’est vraiment une bébitte, je savais qu’il fallait que je plonge plus profond. »

« Je savais pas par où commencer. Je suis allé écouter Cripple Crow (l’album de 2005) avec des tounes comme Chinese Children, un rock blues un peu inspiré de Bob Dylan, c’est comme un train qui avance. Puis, j’ai écouté What Will We Be ? (album de 2009). Chaque track est débile ! J’écoutais ça sur la route avec mon soundman, en Italie. Ça passe du straight pop, au folk, au disco kitsch, avec des paroles hyper étranges. J’aime qu’il puisse se permettre un ton séducteur, baveux, romantique. C’est varié. »

Quand vient le temps de partager une passion pour un artiste aussi varié à un ami, n’est-ce pas un brin plus compliqué ?  « It’s so exhausting, man ! C’est tellement demandant parce que tu veux que la personne comprenne qu’il y a plusieurs facettes. Tu veux qu’en 10 min, il comprenne la patente que toi, tu as pris 6 mois à explorer. »

 

 

L’approche « salade de fruits »

Au fil de la conversation avec Jason Bajada, la comparaison entre Devendra Banhart et Beck revient souvent. « C’est comme quand Beck passe de Sea Change à Guero. Tu dois écouter au moins dix tounes pour faire le tour des styles d’un artiste. »

Dans le même sens, il y a aussi du David Bowie dans l’approche, dans l’attrait pour la variété des genres. « Bowie, c’est le king de l’exploration de styles. Il a montré à des artistes comme Banhart que c’est permis de se laisser aller : si tu veux faire un truc soul, vas-y. La musique, tu es sensé t’amuser avec ça. »

Devendra, ça me parle parce que je suis tellement amateur de tous les genres… Je veux expérimenter. J’écoute du Willie Nelson, puis je saute à un album de Springsteen, ou Beach House. Artistiquement, je me demande souvent : est-ce que j’essaie d’avoir mon stamp, ou j’explore et je fais plein de trucs ?  Devendra m’inspire à me laisser aller beaucoup, il me pousse vers la deuxième option. Au final, même si je m’éloigne de mes bases, on me reconnaîtra. Youy can’t escape that thing that makes you you.

L’approche « salade de fruits », comme il aime bien le dire, il l’avait déjà un peu explorée sur The Sound Your Life Makes, en 2011. On y trouvait des touches de country, d’autres moments d’inspiration beatbox, de Gorillaz. C’est plutôt la petite touche fruitée, vaguement humoristique de Banhart qui manquait à la recette.

Dans quelques mois, lorsque Jason Bajada lancera son prochain album sous l’étiquette Audiogram, gardez cette réflexion en tête. Après six albums, l’artiste se sent prêt à y inclure une «mini-touche d’autodérision, d’humour. Je me laisse aller un peu crooner. » Il explique même qu’en spectacle, il propose souvent des reprises de chansons, qui lui permettent souvent « d’imiter l’auteur original. Ça me permet de m’éloigner de mon univers, pour ensuite mieux y revenir. »  Cette énergie nourrira l’album à venir.

Et Jason Bajada ne s’en cache pas : Devendra Banhart est une des influences majeures de cette nouvelle approche. « Mais je suis pas prêt à me mettre en chest tout de suite, par contre ! »

En vrac

L’album qui est le plus représentatif de Banhart, selon Bajada ?

What Will We Be ? C’est un juste milieu de son ancien stock, et de son nouveau stock. Il y a un côté très romantique, les racines sud-américaines ressortent, le côté humoristique aussi. C’est un genre de hippie reggae mais très moderne.

 

Des chansons en particulier pour convertir quelqu’un en fan de Banhart ?

Le soundman dont je te parlais, il est très reggae, et il a accroché à Foolin’, la dernière piste de What Will It Be ?

Sinon, je dirais Chinese Children (vidéo plus haut dans l’article), c’est rigolo tout en étant une chanson magnifique.

 

Ton incontournable de Devendra ?

Baby, c’est exactement dans mes cordes. J’adore autant la réalisation, que le côté playful/crooner, que le refrain indie rock mid-2000.

Ça ressemble à quoi en spectacle ?

Pour être franc, je ne l’ai pas encore vu en spectacle. Il n’est pas venu à Montréal depuis quelques temps. Je l’ai un peu découvert en voyant une perfo à Conan O’Brien il y a quelques années et j’ai regardé des perfos de ses spectacles à Coachella sur YouTube. L’époque plus hippie.

Mais avec le nouvel album, il a vieilli un peu, c’est plus posé, il est souvent seul avec sa guitare électrique. Je veux me garder la surprise.

À voir ce vendredi soir, 10 mars, au Métropolis. Billets et détails par ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec evenko.

 

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