Dompteur | Entrevue avec Frédéric Barbusci : « Redonner ses lettres de noblesse à l’impro »

La semaine prochaine au Montréal Impro, trois soirées un peu spéciales auront lieu. Frédéric Barbusci, célèbre comédien de théâtre improvisé, présentera Dompteur, spectacle d’improvisation dans lequel il donnera des ordres à des comédiens choisis par ses soins quand il le jugera nécessaire. Sors-tu.ca a pu discuter pour l’occasion avec le chef d’orchestre de ce nouveau projet qui cherche à pousser l’expérimentation dans le domaine de l’improvisation.

 

Une idée innovante

Bien connu dans le monde de l’improvisation, de multiples fois récompensé lors des matchs de la LNI, Frédéric Barbusci est un de ces comédiens qui a fait du théâtre improvisé sa carrière. Depuis ses 13 ans, celui-ci pratique l’art de l’impromptu et a joué dans toutes les ligues existantes au Québec. En 2011, le comédien a donc décidé de se lancer dans des projets plus expérimentaux en lançant l’Instable, organisme dont le but est « d’essayer de nouvelles choses et de pousser encore plus loin le théâtre spontané qui est connu au Québec. »

Après Curiosité, un spectacle auquel il participait en 2011 et dans lequel il avait dirigé des comédiens, Frédéric Barbusci a eu l’idée de Dompteur, une représentation de théâtre improvisé dans laquelle il porterait la casquette du metteur en scène aux comédiens. « Je vais juste leur fournir des choses auxquelles ils n’auraient pas pensées, qu’ils ont peut-être enlevées de leur esprit car sur le momen,t ils ne sentaient pas ça. »

 

Comédiens différents pour soirées différentes ?

Depuis 6 mois, Frédéric Barbusci travaille sur ce nouveau projet qui se tiendra sur 3 soirées avec des comédiens différents à chaque soir. Des artistes qui, quand on fait quelques recherches, sont tous des proches du futur « dompteur ». « C’est la petite famille rapprochée de l’impro. […] J’aurais pu prendre d’autres gens et ça aurait été aussi bon. Mais j’ai l’impression que ça va donner quelque chose de bien. Et c’était aussi pour voir qui fonctionnait bien ensemble, qui allait surprendre. Donc de faire des mélanges. »

Dompteur se présente donc comme trois soirées uniques en leur genre totalement différentes les unes des autres.

« Chaque soirée en théâtre spontané devient une nouvelle soirée. […] J’imagine qu’en 3 soirs (surtout qu’on change les personnes), il va y avoir des revirements qui vont nous surprendre à chaque soir mais dans des directions opposées. »

 

Donneur d’ordres

Mais Frédéric Barbusci sera toutefois le dompteur de ses comédiens, les redirigera s’il trouve qu’ils se répètent, mais compte aussi se laisser surprendre par leur originalité et leur audace. Mais alors va-t-il réellement libérer les comédiens de la casquette de metteur en scène s’il leur donne des ordres et leur impose des choix ? « Les comédiens acceptent la convention, se laissent diriger et continuent à jouer. C’est sûr qu’on n’enlève pas le chapeau complétement mais on le partage. »

On peut aussi imaginer que ses improvisateurs de haut niveau à l’imagination débordante ne seront pas tous faciles à canaliser et qu’ils n’obéiront pas nécessairement aux ordres de Frédéric Barbusci. Chose à laquelle il répond. « Ça c’est comme au cirque, il y en a qui, au lieu de sauter à travers le cerceau de feu, eh bien ils vont rugir. Il faut redoubler d’ardeur ou passer à un autre lion. […] Mais il y a peut-être aussi un peu de spectacle dans cet aspect-là. »

En plus des 5 « lions » qu’il aura à dompter, Frédéric Barbusci donnera également des ordres à Dominique Hamel, le musicien, et à Julie Basse, l’éclairagiste, tous deux présents lors des trois soirs. Beaucoup d’ordres à donner en perspective donc, et tout ça bien sûr sans aucune répétition.

 

Originalité et expérimentation

Avec Dompteur, spectacle qu’il présente avec son organisme l’Instable, Frédéric Barbusci compte bien pousser l’expérimentation au plus loin dans son domaine, avec pour but que les spectateurs croient à un spectacle qui aurait été répété alors qu’il est spontané.

Alors qu’au Québec l’improvisation est plus considérée comme de la variété que comme du théâtre à part entière, le futur dompteur compte bien changer la donne :

«  Le but ici, c’est de pousser la réflexion, de redonner ses lettres de noblesse à l’impro. Ce n’est pas parce que ce n’est pas répété que ce n’est pas du théâtre. C’est comme la musique, ce n’est pas parce que ce n’est pas répété que ce n’est pas de la musique. »

Tout est dit.

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* Dompteur sera présenté à l’Impro Montréal les 4, 5 et 6 juin à 21h.