E-Force

E-Force à Montréal | Survivant dans une armure de metal

E-Force s’est produit vendredi soir dernier à Montréal, aux Katacombes. En tournée canadienne depuis le 23 novembre avec Vortex (de Rimouski), ils font la promotion de la réédition de « Demonikhol ». La tête d’affiche, de même que Mutank, Aeternam et Vortex, ont livré de solides prestations devant un public somme toute restreint, dû à un important retard… Résumé de la soirée organisée par Octavia Productions, et entrevue avec Eric Forrest, le fondateur de E-Force.

E-Force, le miraculé : « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort »

Tomber dans le coma pendant une semaine, être hospitalisé pendant 7 mois, et pouvoir continuer à faire de la musique? Ça semble tiré par les cheveux… Mais c’est pourtant l’histoire d’Eric Forrest.

Allemagne, août 1998. Un pneu de la van de tournée éclate, alors que Voivod est en route vers le Wacken. « Je ne me suis pas remis encore remis de l’accident à 100 %, dit Eric Forrest. Par contre, je peux réussir à bien me concentrer, et à créer. J’ai eu beaucoup de chirurgies. J’ai même des plaques de métal dans la colonne vertébrale… Je suis très chanceux d’être encore en vie et de pouvoir marcher… La vie est belle! » Cet homme résilient ne fait pas juste jouer du métal; il est constitué de métal.

Il roule donc sa bosse avec E-Force depuis 2001, après avoir fait partie de la légendaire formation Voivod, dans laquelle il fut chanteur-bassiste de 1994 à 2001. À son actif : deux chef-d’oeuvres qui ont marqué l’histoire du métal au Québec et à l’international, soit Negatron et Phobos. Et s’il devait décrire son expérience en un mot? « Phénoménal! » s’empresse-t-il de dire. « D’ailleurs, on joue toujours quatre ou cinq chansons de Voivod à chaque spectacle. Ça ramène beaucoup de  »vieux » fans du passé. C’est toujours un plaisir, et ça me rappelle plein de souvenirs! »

Public restreint pour la légende E-Force…

E-Force a donc lancé son quatrième album en 2015, Demonikhol, dont le concept s’articule autour des ravages causés par l’alcool. « Parler du ‘Good, Bad and Ugly‘ rejoint toujours les gens. On est ici pour apprendre », résume-t-il. L’influence de Voivod se fait encore beaucoup sentir sur les chansons de Demonikhol. « J’ai toujours ce groupe dans les veines, c’est sûr, après avoir été à l’Université de Voivod pendant 7 ans… Mais je n’y pense pas trop; je compose et ça sort comme ça! »

Questionné à propos de la présente tournée, il répond du tac au tac : « C’est super! Le public est très réceptif, à date. Je joue avec de vieux amis et on a beaucoup de fun... Ça fait un petit bout que j’ai joué au Canada; la dernière fois, c’était en 2009. Alors, c’est bien de revenir ici, pour faire la promo de la réédition de Demonikhol! » Et pourquoi une réédition? « On a eu des problèmes avec Mausoleum Records, après la sortie de l’album en 2015… On a donc dû trouver un nouveau label, qui fut PRC Records. L’album a été remixé et remasterisé, et l’artwork a aussi changé. »

Concernant la spectacle, tout a commencé plus tard que prévu… Ouf. Les fans n’ont pas apprécié de geler pendant une heure devant la porte barrée des Katacombes, créant un line-up impromptu. E-Force a donc joué vers minuit, devant un public amorphe et endormi. Seuls quelques adeptes faisaient la fête, mais la majorité des gens avaient leur semaine dans le corps… Les Katacombes ont enregistré en tout 120 entrées, qui furent apparemment dispersées au cours de la soirée, donnant l’impression d’un petit public. Néanmoins, le groupe a enchaîné ses chansons, et a eu beaucoup de plaisir sur scène. Ils semblaient très complices. Le quatuor a joué quelques chansons de Voivod, dont notamment Project X, de l’album Negatron.

Vortex, Aeternam et Mutank : dégeler les âmes

Au début de la soirée, les spectateurs étaient donc quelque peu mécontents du désagrément glacial… Vortex a entamé à 21 h. Malgré une excellente prestation et une efficacité redoutable, ils n’ont pas réellement réussi à faire fondre la glace, mis à part pour une poignée de fans. Il faut dire que la faible trentaine de gens présents alors ne contribue que moyennement aux festivités…

C’est plutôt Aeternam, de Québec, qui a amené une saveur inattendue à la soirée. Leurs sonorités moyen-orientales (on pense à Orphaned Land) ont vraiment réchauffé les âmes endurcies et couvertes de givre. Enfin, de l’action! Le groupe remarquable et très professionnel participera d’ailleurs au festival 70 000 Tons of Metal! À suivre…

Pendant Mutank, le party a commencé à pogner! Le public a quasiment doublé, pour accueillir ce groupe local de trash métal. Des fans sortis des années 80, avec leurs vestes de jeans « patchées », glissaient sur les flaques de bière, alors qu’ils trashaient tant bien que mal. Mutank a livré une solide performance, même si elle était un peu répétitive. Et leur manque d’originalité est pardonné, grâce à leur grand charisme et bonne présence de scène.

Deuxième chance pour finaliser sa mission sur Terre

Bref, une soirée un peu trop tardive, causant le départ de nombreux convives, qui attendaient pourtant la prestation d’E-Force avec excitation… Et pour la suite des choses, que nous réserve E-Force? Eric Forrest mentionne qu’un « nouvel album serait à venir pour 2019 » et qu’il est enthousiaste pour le reste de la tournée. « Je suis très chanceux de pouvoir faire tout ça! » On ne peut que saluer la gratitude immense de ce frontman, et vouloir en apporter un morceau dans nos vies. Ce miraculé fait réaliser à quel point tout ne tient qu’à un fil et qu’il faut en profiter!

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