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Earslaughter Jour 1 aux Katacombes | Mets internationaux dégoulinants

La deuxième édition du festival Earslaughter a lieu aux Katacombes les 2 et 3 juin. Ce festival 100 % DIY réunit des groupes d’ici, d’Espagne, d’Australie, d’Allemagne, du Mexique et des États-Unis. Toutes les déclinaisons et sous-genres possibles du grindcore sont servis – death, powergrind, powerviolence, mincecore, goregrind, noise, hardcore… Attention : le grind peut devenir une sorte de fast food musical, car les pièces sont créées rapidement et consommées tout aussi vite, tel un hamburger qu’on enfourne sans trop y penser… Mais on cède quand même au plaisir coupable et dégoulinant d’un bon set de grind! Résumé et faits marquants des neuf groupes présents lors de la soirée du 2 juin, où l’absence de mélodies est louangée.

Activistes et engagés

À travers quelques affiches de manifestations, ou de divers slogans militants sur t-shirts ou accessoires, on constate l’engagement socio-politique des groupes, plusieurs étant qualifiés comme étant « mincecore ».

À souligner : l’activisme animalier, qui fait aussi partie des valeurs du mouvement grindcore/hardcore/punk, donne lieu à un BBQ presque entièrement végétalien.

Autre fait intéressant : beaucoup de groupes vendent leur albums sur cassette ou sur vinyle 7 ». D’ailleurs, un documentaire réalisé par Slave to the Grind est tourné durant le festival.

Déferlement de groupes

OathDiv666 entre en scène, sans trop d’éclairages, sans fioritures. Le quatuor réchauffe la salle, et propage son death old school au fans déjà réceptifs. Il y a beaucoup de distorsion dans la basse. Le vocal est quand même répétitif… Le noise entre les chansons ne laisse cependant pas vraiment la chance au public d’applaudir.

Nephyla, d’Oaxaca au Mexique, présente du mincegrindcore. Une guitariste et une batteuse sont sur scène, s’alternant respectivement les vocaux high scream et growl. Malgré que la batterie ne sonne vraiment pas bien, on apprécie chaque seconde de leur courtes pièces. Un duo de la muerte…

Grotesque Organ Defilement révèle des chansons génériques mais quand même efficaces, avec un public très participatif. Le batteur, sosie physique de Devin Townsend, vole la vedette avec son jeu très technique et précis. Ses baguettes semblent se dédoubler ; il maltraite ses peaux en fast forward! C’est lui qui mène, tel un camionneur traînant un lourd chargement, fonçant vers une destination absurde.

Soil Of Ignorance commence dans un lourd feedback. Leurs chansons-éclairs semblent teintées d’humour… Ils ont l’air d’improviser leur setlist, car ils se consultent presque entre chaque chanson. Ici encore, les vocaux se succèdent entre guitariste et bassiste. Ceux-ci sont de profil au public plûtot que de face, donnant des allures de jam plutôt que de spectacle.

L’Australie se démarque

Le groupe de powerviolence PowerXchuck d’Australie n’a rien du cliché de surfeurs blonds… Le chanteur est extrêmement énergique, se lançant dans le trash dans les premières minutes de leur prestation, et ensuite s’enroulant le fil du micro très serré autour du cou. Les riffs, accrocheurs et incisifs, ressortent du lot, comparé aux autres groupes, dont la guitare se perd dans une mer brune de noise informe. Par contre, les back vocals du guitariste ont l’air forcés, et il chante toujours sur le même ton… Le trash prend des proportions énormes, la célèbre colonne de têtes de morts des Katacombes devenant un obstacle à l’enthousiasme des festivaliers.

Nak’ay, d’Indiana, présente la même formule que Soil Of Ignorance ; les deux groupes sont presque interchangeables, à part l’excellent vocal du batteur de Nak’ay (qui porte d’ailleurs un chandail rose fluo).

Archagatus, groupe de mincecore du Manitoba, joue vraiment très (trop?) fort… Leur prestation est énergique – le bassiste se cassant le dos par terre – mais le son est très mauvais, on a peine à discerner la guitare et la basse. Le guitariste aurait besoin d’un noise gate car son feedback est comme un refoulement d’égout incontrôlable. À noter que le batteur est le même que le groupe précédent. Les fans sautent sur la scène afin de tenter de faire du bodysurfing, ou bien y restent quelques secondes, pour ensuite donner des câlins aux membres (!).

Au tour d’Iron Lung, powerviolence en provenance de Seattle. Un effet sonore étrange accompagne le duo guitare-batterie entre toutes les chansons : une voix de type documentaire cite des multiplications de nombres pairs… C’est vraiment blasant. Ici, rien ne ressort vraiment et le public commence à se faire mollasson.

Lignée royale

Maintenant, voici Blood. Ces vétérans du grindcore/death metal (depuis 1986!) jouent en exclusivité au Earslaughter, pour la première fois en Amérique du Nord. Les éclairages sont un peu plus élaborés et la fumée envahit la salle. Après une introduction séquencée, le chanteur tonne dans un anglais cassé «Are you ready to bleed with us?» Animé par un second souffle, le public est prêt à prendre en pleine gueule une dose massive de violence supplémentaire. Un trash qui prend tout le parterre des Katacombes se crée et les amateurs de pesanteur sonore se poussent joyeusement.

Blood confirme son statut de légendes de la scène grind, faisant preuve d’une excellente cohésion musicale et une bonne présence de scène. Comique: pendant une chanson, un des guitaristes joue avec un pied sanglant en plastique, l’utilisant pour faire du tapping à la place de sa main gauche… Toutefois, on remarque un trop-plein d’hémoglobine. Presque tous les titres des chansons semblent comporter le mot «blood» et le chanteur utilise souvent les termes reliés au liquide vermeil dans ses interactions avec le public. Après leur dernière chanson, qui dure cinq grosses secondes, les hommes d’expérience remercient la foule et celle-ci envoie les poings en l’air, en signe de victoire.

Bref, le Earslaughter : un festival bien organisé et bien rodé (les groupes ayant de l’avance sur l’horaire annoncé). Un mets international de bonne qualité, qui, même s’il est savouré rapidement, comble notre appétit insatiable de musique baveuse et grasse!

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