Elephant Stone

Elephant Stone au Théâtre Fairmount | Du psyché mais pas que

Forts de quatre albums parus depuis 2009 déjà, les Montréalais d’Elephant Stone revenaient sur scène à Montréal après une apparition remarquée au dernier festival d’Osheaga. Initiateurs du hindi-rock par l’entremise de son talentueux bassiste et sitariste Rishi Dhir, le quatuor a répondu aux attentes samedi soir au Théâtre Fairmount en dévoilant un concert aux sons léchés, où se mariaient pop, rock et world music.

Les albums passent et la qualité perdure. C’est ainsi que l’on pourrait résumer l’écoute du quatrième album Ship of Fools des locaux Elephant Stone, devenus des ambassadeurs de la talentueuse scène québecoise et qui présentaient en partie leur dernier opus au Théâtre Fairmount. Soutenus par Wizaard mais aussi les Haligonien de Walrus (excellents samedi soir!), le quatuor montréalais a su captiver un public venu nombreux par ce qui fait leur force: une imbrication de styles et d’effets pour une expérience finalement assez hors du commun.

 

Un rock psychédélique original

Sans délaisser la recette originelle d’un rock psychédélique très en vogue ces dernières années, Elephant Stone apporte toutefois sa touche personnelle qui rappelle parfois les Américains de Portugal. The Man. Ainsi, robustesse et finesse se mêlent pour dévoiler tantôt une escapade de sitar en solitaire, tantôt un épais brouillard de basse. C’est ainsi qu’après une entrée remarquée sur Setting Sun et Heavy Moon comme transition, les Montréalais prennent l’ascendant avec la populaire Don’t You Know issue de leur premier opus The Seven Seas. Et bien que la voix de Rishi Dhir se sera parfois ensevelie par une marée de sons provenant du guitariste Gabriel Lambert, elle s’affirmera sur Manipulator par exemple. Car oui, rien n’empêchera les spectateurs de bouger leurs lèvres sur le puissant et efficace refrain (« Manipulator / Wow oh wow oh come on / Nothing but a killer / Wow oh wow come on »).

 

Le sitar entre en jeu

Plus tard, c’est sur Silence Can Say So Much que Dhir éblouit la salle par une performance subtile, voire dantesque, du sitar. Possédé, c’est bel et bien son instrument caractéristique, celui qui lui donné une renommée sur la scène internationale psyché (il a notamment collaboré avec Beck, The Black Angels, Brian Jonestown Massacre et d’autres encore). Ce moment transcendantal se poursuit lorsque la basse refait son apparition pour l’évasive See The Light avant que la magnifique ballade A Silent Moment soit jouée.

Les pré-enregistrements de voix au loin nous transportent dans les contrées d’Inde, source d’inspiration pour de nombreuses pièces du groupe. Enfin, l’interminable The Devil’s Shelter conclue le concert par une montée en puissance digne des classiques du rock progressif. Le sommet est atteint après un duo entre la batterie et le sitar mais malheureusement, une lassitude s’installe petit à petit. Le fil du morceau se délie et malgré ces généreuses quinze minutes qui concluent la performance, la structure finale devient décousue. Dommage. D’autant plus qu’en guise de rappel, la peu avenante Au Gallis semble presque bâclée.

 

Une musique élaborée

Toutefois, la conclusion de ce concert ne représente en rien la bonne performance déployée pendant l’heure de concert. Minutieuse, la prestation de Elephant Stone aura sans nul doute le succès escompté pour le reste de la tournée québécoise et européenne à l’égard du public venu nombreux au magnifique Théâtre Fairmount.

Le sitar exploité par Dhir est évidemment un attrait majeur du groupe mais résumer à cet instrument la musique des Montréalais porterait injure aux élaborations soignées où chaque membre d’Elephant Stone exploite sa palette pour y peindre des sonorités vibrantes et uniques.

 

Grille des chansons

01 Setting Sun

02 Heavy Moon

03 Don’t You Know

04 Manipulator

05 Andromeda

06 Silence Can Say So Much

07 See The Light

08 Three Poisons

09 A Silent Moment

10 The Devil’s Shelter

11 Au Gallis

 

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