Entrevue avec Anna Chédid | NACH : Un projet personnel dans une démarche de partage

Elle s’autoproclame NACH, comme si on rasait son vrai nom aux deux extrémités pour n’en conserver que le milieu, l’union entre le prénom et le nom. Par le biais de ce pseudonyme, Anna Chédid peut ainsi faire son propre chemin, grandir hors de l’ombre du père Louis (chanteur et réalisateur) et du frère Matthieu (alias -M-), pour mieux marcher côte à côte avec eux.

 

Ils sont nombreux, les pièges qui viennent avec un nom de famille aussi connu. Les comparaisons pleuvent forcément, mais il y a aussi ce risque de précipiter la carrière, comme si le parcours du débutant avait déjà été vécu par ses prédécesseurs.

Au bout du fil, Anna Chédid semble bien consciente de cela. Elle a su éviter le piège, elle dont le premier album studio complet paraît alors qu’elle a 28 ans. « J’ai évolué, cherché mon son, mon esthétique, raconte-t-elle. Je voulais vraiment que le premier (disque) représente bien ce que j’avais envie de présenter. J’ai attendu le bon moment, celui où je savais que j’étais en mesure de bien reproduire ce que j’entendais dans ma tête ».

Ce n’est donc pas la vocation qui lui est venue tard, mais plutôt la patience qui a fait son oeuvre. Elle avait fait paraître un petit EP il y a quelques années, mais sans plus. “Parfois, il y a des petits génies qui font des chefs d’oeuvre tôt dans leur vie. James Blake, par exemple. C’est l’histoire de chacun. Mais moi, je viens d’une famille de musiciens reconnus , alors il fallait que je me sente solide, que ma musique puisse me protéger de tout ça, en quelque sorte. Aujourd’hui, je sais que j’ai envie qu’on l’écoute, j’ai envie de le défendre ».

C’est pourtant dès l’âge de 18 ans que le choix de carrière s’est avéré évident. « Au début, à la sortie de l’adolescence, je me dirigeais vers l’écriture, le théâtre, ou la psychologie, que j’aimais beaucoup. Parallèlement, j’écrivais beaucoup, je faisais un peu de piano, je tournais autour. Et je me suis rendu compte qu’écrire, jouer, présenter ces chansons sur scène, c’était la place qui me rendait la plus heureuse. Ça rassemblait tout ce que j’aimais faire. C’est presque pas moi qui est allée le chercher. J’avais trouvé l’endroit qui m’animait. »

Photo de courtoisie, par Margaux Shore

Photo de courtoisie, par Margaux Shore

 

Piano mon amour

Contrairement au frérot qui fait plutôt rock star, NACH se distingue par son approche pop davantage axée sur le piano. “Je pense que c’est l’instrument qui m’émeut le plus. Il y a beaucoup de guitares chez moi, mais le son du piano m’émeut, me fait frissonner. C’est au niveau des sensations : j’ai commencé à pianoter et je trouvais ça magnifique. » Vrai que son album contient très peu de guitares : on y retrouve plutôt du piano, des cordes, du clavier, des samples aussi.

Sa musique est pop, accessible, mais recherchée, mature. À l’image de sa pochette, on y constate un petit côté sombre, contrebalancé par une vivacité des couleurs, un côté lumineux assumé.

« NACH, c’est ma personnalité, ma sensibilité. C’est autobiographique, c’est comment je retranscris toutes ces émotions qui me traversent dans la vie. Mais après, dans mon disque, j’ai l’impression d’aller un peu plus loin, même si j’écris à la première personne. C’est fait dans une démarche de partage. Il y a toujours ce côté très sombre et des couleurs pétantes. J’aime jouer avec les extrêmes : le chaud / le froid, la lumière / le côté sombre. Ça demeure toujours dynamique et lumineux ».

 

La famille Chédid en spectacle : « Une parenthèse enchantée »

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Photo de courtoisie, par Audoin Desforges.

Au moment de nous parler, Anna Chédid prenait une petite pause de quelques minutes, elle qui est présentement en « répétitions intenses » avec sa famille. Avec son père, son frère Matthieu et l’autre frérot Joseph – qui fait aussi carrière sous le pseudonyme Selim – elle prépare un spectacle réunissant les quatre talents sur scène, pigeant à part égale dans les répertoires de chacun. Ce spectacle sera d’ailleurs de passage aux Francofolies de Montréal, le 13 juin, à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Rendu à Montréal, la famille aura un bon mois de tournée dans le corps.

“On a fait le premier filage aujourd’hui, et ça commence à prendre forme », nous révèle-t-elle au sujet du nouveau spectacle. « On est quatre sur scène, c’est nous les seuls musiciens, on joue de tout, et on interprète le répertoire des quatre. Il y aura des surprises d’interprétation, on s’amuse et ça donne des versions étonnantes. Tout prend une autre dimension. Les morceaux et les textes résonnent différemment, selon qui l’interprète. C’est vraiment un spectacle original. On réinterprète tout ensemble ».

Après deux mois et demi de tournée pour son premier album NACH, pas question de laisser son projet personnel en veilleuse. Elle parle même du spectacle familial comme d’une « parenthèse enchantée pendant 2 mois avec ma famille », mais . « Je suis aux Francos de Montréal pour NACH aussi”, dévoile-t-elle. Ce sera sans doute en extérieur, parce que pour l’instant, les spectacles en salle sont annoncés et rien n’y paraît à cet effet.

Ce sera la première fois qu’Anna Chedid présentera son matériel solo au public québécois, qu’elle connait toutefois déjà un peu. “Je suis déjà venue jouer avec Matthieu, sur la tournée Misteur Mystère.  Il y avait eu deux concerts à Montréal, il y a quatre ou cinq ans. J’en garde un souvenir incroyable ».

 

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