Bears of Legend

Entrevue avec Bears of Legend | Influences autochtones et proximité avec le public

Sors-tu.ca s’est entretenu avec David Lavergne du groupe triluvien à 7 membres Bears of Legend, qui a sorti son premier album Good Morning, Motherland il y a un peu plus d’un an, et qui est en ce moment en tournée un peu partout au Québec, notamment dans le cadre des Entrées en scène Loto-Québec, présentées par le réseau Accès Culture.

Un style propre très attaché aux contes amérindiens

Le projet Bears of Legend a été fondé dans un chalet. David Lavergne et son beau-frère ont ainsi commencé à jouer tous les deux autour du feu, et se sont trouvés des affinités musicales.

Très vite, les deux membres ont cherché à rallier d’autres personnes à ce projet, qui au départ n’était qu’une simple activité divertissante, pas un projet professionnel en tant que tel. « On a monté un petit monde autour de ça en revenant à Trois-Rivières, on s’est entourés d’amis musiciens, de gens qu’on connaissait d’autres groupes de musique pour former Bears of Legend. On a loué un ancien dépanneur délabré, on allait là chaque semaine pour faire de la musique, et pour boire un coup de temps en temps. »

Très vite, le style du groupe s’est imposé aux sept membres. Quand nous lui demandons comment il définirait le style Bears of Legend, David Lavergne répond : « des bases folk, des pointes orchestrales classiques, des rythmes autochtones ; c’est un spectacle spirituel. »

Ces influences ont en effet bercé l’enfance de David Lavergne, qui m’explique son attachement pour le folklore, et les contes autochtones. «Quand j’étais petit, mon père me demandait d’écrire une phrase sur un bout de papier chaque soir qui pouvait décrire la journée que je venais de passer. Avec le temps, ces papiers sont devenus des paragraphes, des lignes, puis j’en ai fait des chansons. En plus mon père a toujours voulu me montrer comment comparer la vie que j’avais à celle que peut avoir un arbre, ou même la comparer à la nature en général. Donc évidemment, je suis tombé dans les contes de légendes autochtones. »

On retrouve ainsi dans les textes du groupe de nombreuses références à la spiritualité autochtone qui est transcrite dans les contes qu’a lu David Lavergne. «  C’est souvent des textes très simples, ça peut paraître même enfantin quand on les lit. Les langues autochtones sont toutes très simples à écrire, et donc elles permettent de dire quelque chose de compliqué en quelques mots. Et c’est ce que je trouve vraiment l’fun, ça va droit au but. »

D’ailleurs la première chanson de l’album s’appelle Motherland, et est en quelque sorte le fil conducteur tout au long des chansons. Comme son nom l’indique la chanson évoque la « Terre-mère », un aspect important de la mythologie amérindienne. « C’est un hommage à nos territoires ancestraux, aux gardiens de ces territoires qui ont préservé leur aspect naturel. Je me suis inspiré de mon nom de famille pour écrire cette chanson : Lavergne c’est un arbre qui pousse sur les cours d’eau, et qui se nourrit de ceux-ci, et je me suis comparé à ces arbres. »

 

Des instruments variés et parfois même inédits

Pour appuyer ces influences amérindiennes, les membres du groupe ont appris à jouer des instruments en rapport avec cette culture. On retrouve aussi dans l’album des instruments comme la mandoline, l’accordéon. « On a appris grâce au groupe à jouer des tambours amérindiens, de la flûte amérindienne, en voulant donner cette dimension dans notre album. J’ai appris pendant le processus d’album à jouer de ces instruments. »

Le groupe a également poussé plus loin ce côté un peu non-conventionnel en jouant avec des ustensiles sur le morceau Cantilena Star. « Je me suis retrouvé à taper sur une valise, la pianiste jouait du balai, mon guitariste tapait deux morceaux de métal sur une bassine. On a voulu créer quelque chose de spécial sur cette chanson en apprenant à jouer des instruments qui n’en étaient pas vraiment. »

 

Un album presque exclusivement en anglais et écrit à divers moments

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La plupart du temps, c’est David Lavergne qui revient avec un nouveau morceau, sur lequel il a écrit le texte, les principaux accords et la partie guitare. Ensuite les autres membres travaillent sur cette « maquette » à laquelle ils rajoutent leur touche personnelle, ce qui rend la chanson plus « éclatée » comme dirait David Lavergne.

Les chansons qu’on retrouve sur Good Morning, Motherland ont été écrites à divers moments. Car ile ne faut pas oublier que le groupe n’avait au départ pas l’ambition ni de faire un album, ni des spectacles. « Au dépanneur, on faisait juste de la musique ensemble. Chacun rentrait chez soi et vaquait à ses occupations normales. 50% des chansons ont été composées dans cette optique-là ». Puis le groupe a commencé à voyager dans l’est du Québec et s’est finalement dit qu’il serait intéressant de faire un album pour retenir les moments qu’ils avaient vécu pendant ce temps-là.

Good Morning, Motherland renferme des chansons qui sont pour la plupart en anglais mis à part La Rivière, qui est en français. David Lavergne m’a expliqué ce choix, qui finalement n’en est pas vraiment un. « Mon père parlait anglais mais ma mère n’en parlait pas un mot. J’écrivais mes phrases chaque soir dans la langue que mon père allait comprendre car il fallait que je cache une partie de moi à ma mère. L’anglais a été la langue dans laquelle je pouvais exprimer des opinions, des rêves, sans avoir à être compris par tout le monde. C’est resté comme un mécanisme de défense.  Sur cet album j’ai écrit une chanson pour ma mère, La Rivière, évidemment dans la langue dans laquelle elle peut comprendre. »

 

Un groupe aux idées originales et proche du public

Le groupe a développé de nombreuses idées étonnantes, parmi lesquelles un flashmob organisé dans un petit café de Trois-Rivières. Cette improvisation leur a valu plus de 40 000 visionnages sur Youtube.

Bears of Legend se veut également un groupe proche du public. La formation a parcouru pratiquement tout le Québec, dans des petites salles, voire même des petits villages pour jouer. Les membres du groupe ont toujours recherché cette proximité avec le public. « : On aime rétablir le contact en direct, d’où le concept de petites salles, c’est plus simple d’accéder à la personnalité du public. »

Ils ont d’ailleurs poussé l’idée plus loin en organisant un concours « Des Ours dans ton Salon » grâce auquel le gagnant pourrait avoir droit à un spectacle du groupe chez lui. « On avait des offres par courriels pour jouer chez des gens. Ils étaient prêts à payer le prix qu’un diffuseur en salle nous offrait pour jouer. On s’est dit que ça serait bien d’organiser un concours, puis on y trouvait notre compte. »

 

Une tournée de plus de 100 dates et un nouvel album déjà en vue

Le groupe a enchaîné les spectacles depuis leur spectacle vitrine à RIDEAU, à Québec, à l’hiver dernier. Ils ont ainsi eu plus de 100 dates de réservées depuis le début d’année 2014. Ils ont également profité de l’aide de Loto-Québec pour pouvoir jouer dans de nombreux endroits «On a joué un spectacle gratuit extérieur, en salle etc. Ça a été bon pour nous. »

Malgré des concerts pratiquement tous les soirs, le groupe a commencé à composer pour un nouvel album.  «On a fait beaucoup de route, on a utilisé ces moments pour composer. Donc on peut s’attendre à un album un peu plus festif, plus coloré et éclaté, on va dans des directions pour surprendre le public. On espère pouvoir le sortir en avril, on a fait la promesse à notre public ! »

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