Entrevue avec Blood and Glass | Un univers sombre et fantastique

Tout nouveau projet dont rêvait l’artiste Lisa Iwanycki-Moore depuis longtemps, le 1er  album du groupe Blood and GlassMuseum With No Walls, s’est finalement concretisé et sort ce mardi. Sors-tu.ca s’est entretenu avec l’artiste afin de découvrir ce monde étonnant et original de Blood and Glass.

 Un projet de longue date et une rencontre qui va tout changer

Le projet Blood and Glass est venu prolonger la carrière de Lisa Iwanycki-Moore, qui faisait auparavant partie du groupe Creature. La jeune femme avait écrit depuis longtemps des chansons un peu plus sombres qui ne correspondaient pas vraiment au style pop de Creature. Elle a alors rencontré son futur producteur, un certain Steeve « Il est devenu comme un proche et il voulait entendre tout ce que j’avais écrit. C’est lui qui m’a donné le courage pour ce projet, et j’ai travaillé très fort pour finir mes chansons. J’ai ensuite montré ça à mes proches et j’ai eu beaucoup d’encouragements. »

Après ces premiers soutiens, Lisa décide d’aller à New York pour enregistrer son album avec Steeve. Juste avant de partir, elle rencontre Morgan Moore, qu’elle avait d’ailleurs connu à l’école des années auparavant. Très intéressé par son projet, celui-ci demande à Lisa de lui faire écouter ses compositions. « A New York, pendant l’enregistrement avec Steeve, j’ai reçu un email de Morgan. Il m’a écrit que ce que j’avais fait était un cadeau musical, et qu’il avait enregistré des parties de basse sur 4 chansons. Mais j’avais déjà fait des parties de basse ! Avec Steeve, alors qu’on buvait de la vodka (on était un peu soûls !), on a écouté les reprises de Morgan. C’était incroyable ! »

Cette rencontre musicale a donc poussé Lisa Iwanycki-Moore à chercher Morgan Moore à Montréal pour enregistrer l’album. « Morgan voulait entendre les chansons sur mon ordinateur, il a commencé à les réaliser, et je me suis sentie comprise ! » Morgan Moore a ensuite demandé à Robbie Kuster, batteur bien connu de la scène musicale montréalaise, de se joindre à l’enregistrement de l’album.

Au final, l’alchimie entre Lisa Iwanicki-Moore et Morgan Moore est devenue très forte. « Dans cette bulle de créativité on est tombés amoureux et on s’est mariés. »

 

Un album rempli de références

L’univers de Lisa est très particulier, dans le sens où elle s’inspire beaucoup de réalisateurs et de chanteurs qu’elle admire. Très influencée par Stanley Kubrick, on la voit souvent avec des masques comme dans les films du réalisateur. « Stanley Kubrick m’inspire beaucoup. J’ai entendu dire que David Bowie a écrit Space Oddity en regardant un de ses films et ça m’a impressionnée ! J’ai un look sur scène qui ressemble un peu à Orange mécanique d’ailleurs. » Lisa admire également David Lynch, Michel Gondry… Des goûts qui déteignent sur sa musique.

Blood and Glass a ainsi gagné un prix de 15000$ à New York pour son premier vidéoclip Inferno. L’histoire de cette chanson est d’ailleurs très révélatrice de ce qu’on pourrait qualifier de style Blood and Glass. «Inferno parle d’une fille qui se bat avec ses propres démons. Les démons représentent la jalousie car depuis que je suis avec Morgan je suis devenue jalouse. On a recherché des images de jalousie dans des classiques et on a pensé à Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick.

Dans la chanson la fille doit danser avec ces démons et non essayer de les combattre. Pour moi, les démons ressemblent à des belles femmes, qui m’intimident. J’ai choisi deux amies qui me ressemblent un peu pour le clip,  on a mis des masques, pour s’inspirer de Eyes Wide Shut, mais aussi pour symboliser le fait qu’on peut toujours être remplacé. »

L’album de Blood and Glass est donc plutôt sombre, mais on y ressent toutefois des côtés très imaginaires et fantastiques. Lisa Iwanycki-Moore me dit d’ailleurs qu’elle aime beaucoup Tim Burton, un artiste qui correspond bien à son univers musical et théâtral. « J’aime Tim Burton, parce que pour moi il mêle le sombre et la magie. Je n’aime pas les films d’horreur. Mais j’aime jouer avec ce côté noir. »

 

Une création qui joue avec les contraires

Sur Museum With No Walls on retrouve des sonorités assez étonnantes, notamment sur des chansons comme Broken Arrow.  Sur O Superman. aussi, une reprise de Laurie Anderson que Sors-tu.ca a eu la chance d’entendre mais qui ne figure finalement pas sur l’album puisque Blood and Glass n’a pas reçu l’autorisation de la publier.

Sur ces chansons Lisa a une voix très robotique, et elle m’explique qu’elle a utilisé un vocodeur pour faire cet effet-là.  « C’est une machine dans laquelle tu chantes pour qu’elle rende ta voix synthétique. J’ai acheté le même que Laurie Anderson, celui qu’elle utilisait dans les années 1980. »

L’instrument permet ainsi de créer des ambiances, et plonge l’auditeur dans l’univers assez bipolaire de Blood and Glass. « J’ai voulu utiliser un vocodeur dans Broken Arrow car c’est une chanson un peu environnementale qui raconte l’histoire d’une fille qui court dans la forêt quand soudain des machines coupent tous les arbres. L’instrument symbolise les machines de cette chanson. »

D’ailleurs le nom du groupe, Blood an Glass, montre ce côté contradictoire du style musical du groupe. « Blood and Glass c’est le sang et le verre. Le sang c’est tout ce qui est biologique, et le verre tout ce qui est artificiel. Ca fait un côté électro et un autre acoustique. »

 

Un travail sur le visuel

Etant donné les nombreuses influences de Lisa Iwanycki-Moore, ses concerts sont également très travaillés, et elle tient à cœur de créer un univers visuel propre à Blood And Glass. «On fait des concerts immersifs. On travaille avec des artistes visuels pour que tout le monde fasse partie du spectacle. Il y a de l’improvisation. Visuellement il faut décorer, pour emmener les gens dans notre monde. »

Blood and Glass a prévu quelques dates de tournée en Amérique du Nord pour l’instant. Le groupe sera de passage à Québec et à Montréal. Le lancement de Museum With No Walls se fait ce samedi à la Sala Rossa à 20h et Lisa nous a d’ailleurs dit : « on a plein de surprises pour le public, venez nombreux ! »

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