Brown Family

Entrevue avec Brown Family | Party de famille

Snail Kid (Dead Obies), Jam (K6A) et leur père Robin Kerr (Uprising) sont de retour ensemble pour un deuxième album, cette fois sous le nom de Brown Family. Jam et Snail Kid nous ont accordé un moment afin de discuter de la sortie de leur deuxième album, brown baby gone. Disponible ce vendredi 15 novembre, l’album de Brown Family sera lancé dans le cadre d’un spectacle au Ministère le 22 novembre. Retour sur un projet de famille à la fois ambitieux et rafraichissant.

Rassemblant 14 chansons, brown baby gone est un album qui se digère très bien. On y retrouve quelques chansons courtes (d’un peu plus de deux minutes), mais aussi un mélange des genres maintenant indissociable au groupe.

« J’aime bien les chansons courtes, lance Jam. C’est une bonne façon de visiter un monde. Il n’y a pas de détour », souligne-t-il, ajoutant que le hip-hop en général est très « loopy ». À tout cela s’ajoute les fameux calculs d’utilisation du français et de l’anglais, calculs scrutés à la loupe par différentes institutions, notamment en vue d’obtenir des subventions. Certains refrains ne sont ainsi pas répétés pour s’assurer que certains quotas sont respectés. Ce bilinguisme est pourtant naturel pour Jam et Snail Kid, qui ont grandi en français avec un père anglophone.

L’album est une exploration audacieuse du reggae, du rap et du hip-hop. La première moitié, beaucoup plus smooth et reggae, est suivi d’une seconde moitié beaucoup plus violente et rap. C’est afin d’éviter de se répéter que le groupe a essayé de varier les approches musicales. Par conséquent, dans l’ensemble, l’album se présente comme une expérience audacieuse, riche et accessible à tous. Le résultat est très raffiné, et démontre une certaine maturité musicale de la part du trio.

Cette maturité est le fruit d’un processus de longue haleine. Il y a quelques années, le groupe avait confié avoir eu de la difficulté à pondre son premier album, avançant notamment le stress de sortir quelque chose de marginal et de trouver le bon équilibre entre tous ces genres, toutes ces contradictions. Le deuxième aura été un processus tout aussi long et difficile, teinté aussi de questionnements. Or, le résultat démontre la patience et le désir du travail bien fait du groupe. Une patience probablement acquise grâce aux expériences en famille, mais aussi à celles auprès de leur groupe respectif.

Bien évidemment, l’expérience en famille et entre amis est remarquablement différente. En famille, Snail Kid et Jam sont plus en confrontation, se défient plus et hésitent moins à dire qu’ils n’aiment pas quelque chose. Snail Kid précise ainsi que l’aspect « party » est moins présent dans le processus de Brown Family.

Ce projet musical aura toutefois permis à la famille de se rapprocher. Robin Kerr, leur père, les a emmené en Jamaïque afin de leur faire découvrir leurs racines. Tout ceci est illustré dans un très court documentaire intitulé À la découverte de leurs racines, qui se veut en quelque sorte une prémisse au deuxième album et qui présente la nouvelle approche du groupe.

 

Simplifier les choses

Pour leur deuxième album, la Brown Family a opté pour un esthétisme plus épuré. Le vidéoclip pour la chanson Nervous impressionne ainsi par son graphisme et sa photographie dignes d’une production américaine. De moins en moins rare pour du contenu « queb », mais toujours aussi surprenant. On constate ce même soit avec la pochette du nouvel album, colorée, où figure un jeune enfant que l’on retrouve aussi dans le petit documentaire. « On l’a rencontré en Jamaïque en se promenant là-bas… Il était tellement hot qu’on l’a ajouté partout! », explique Snail Kid. La nouvelle facture visuelle provient du fruit d’une collaboration avec Jean-François Sauvé, qui a notamment réalisé Nervous.

 

La famille s’invite dans le nom

Avant d’être la « Brown Family », le groupe s’appelait tout simplement « Brown », un nom qui, avoue Snail Kid, ne facilitait pas les recherches sur Internet. Or, le terme « Brown » est utilisé à plusieurs reprises par le groupe : du nom du groupe, à la chanson Brown Baby en passant par le titre du nouvel album, l’association entre le groupe et leur couleur de peau devient immanquable. Lorsque questionné sur l’utilisation fréquente de ce terme, Snail Kid et Jam confient y voir une signature à l’image de leur personnalité musicale. Nés d’une mère blanche et d’un père noir, ils voient en le mot « Brown » une belle référence à leurs origines, mais aussi à leur musique, qui joue énormément sur les contrastes et sur la mixité.

Alors que certaines difficultés persistent afin de bien comprendre et bien catégoriser la musique issue de minorités visibles (souvent qualifiée à tort de « musique du monde »), la Brown Family ne s’inquiète pas quant à l’expansion de sa musique. Ils pensent que leur auditoire saura voir leur musique à sa juste valeur : du hip-hop alternatif qui, précisent-ils, « sort du cadre québécois ».

Une chose est sûre : la Brown Family n’a rien à voir avec la « musique du monde ». Néanmoins, il reste assurément une musique pour tout le monde.

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