Valérie Carpentier

Entrevue avec Elliot Maginot | S’inventer une identité pour créer librement

Elliot Maginot n’aurait jamais pensé devenir chanteur. Ou plutôt, Gabriel Hélie-Harvey n’aurait jamais pensé qu’Elliot Maginot verrait le jour. Ce n’était que le fantasme lointain du petit garçon de Saint-Hyacinthe qui grattait sa guitare de temps à autre. Et pourtant, deux ans après avoir lancé un premier EP autoproduit via le logiciel Garage Band, voilà que son premier album studio, Young.Old/Everything.In.Between, sera dans les bacs à compter du 10 février.

Elliot Maginot est un auteur-compositeur-interprète qui fait plutôt dans les textes mélancoliques, accompagnés d’une musique à la fois chaleureuse et empreinte de nostalgie.

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Young.Old/Everything.In.Between est un album « assez texturé et planant », mais aussi « très imparfait ». Et Elliot vit très bien avec ça. « Je ne cherche pas la perfection », avoue-t-il.

Les vieux synthétiseurs sont fort bien exploités, la guitare acoustique fait un travail efficace et les harmonies vocales offrent une richesse et une sonorité bien propre à ce nouveau venu sur la scène musicale. Nouveau venu, parce qu’il s’agit de son tout premier album complet.

Mais déjà l’an dernier, il s’est fait connaître partout au Québec et même un peu en Ontario en voyageant avec des artistes comme The Franklin Electric, les Soeurs Boulay et Bobby Bazini, et en participant à différents festivals comme M pour Montréal et NXNE à Toronto.

Même s’il y a déjà une certaine fébrilité entourant son entrée officielle dans le monde de la musique – certains le classaient parmi les 10 artistes québécois à surveiller en 2015 -, le chanteur de 26 ans ne veut pas se faire d’illusions.

« Personne ne me connaît. Si c’est un flop, personne ne va s’en rendre compte et ça va passer dans le beurre », lance-t-il à la blague.

 

Un nom de plume

Elliot Maginot, c’est le nom de scène de Gabriel. « Mais je ne suis pas comme Eminem / Slim Shady », s’empresse-t-il de préciser en riant. Ce nom est inspiré de la Ligne Maginot, une référence historique de la Deuxième Guerre mondiale l’ayant marqué.

elliot-maginot02« Quand j’ai commencé à faire de la musique, ça ne m’intéressait pas d’être Gabriel. J’avais besoin de me créer quelque chose et d’avoir quelqu’un qui parle à ma place », raconte-t-il, entre deux gorgées de bière au Verre Bouteille par une froide soirée hivernale.

« C’était évident pour moi qu’Elliot Maginot, c’était un nom de plume. Après, les gens se sont mis à se demander : « est-ce que c’est Gab ? » J’ai toujours aimé entretenir un peu la confusion. J’aime l’ambiguïté derrière tout ça. Ça m’offre une belle liberté dans la création. Je peux faire ce que je veux, je peux me créer une identité et écrire les chansons que je veux. »

Ses chansons sont toutes inspirées de ce qu’il vit, ce qui l’entoure. De la « microécriture » comme il dit. « Je n’ai pas encore écrit de chanson sur la fin du monde ou la guerre en Afghanistan. »

Que ce soit la peine, la joie ou l’amour, toutes les gammes d’émotions lui procurent cette inspiration qu’il transpose habilement en images par la suite. « Ce sont des réflexions que je mets sur papier. J’aime aller dans le moins concret », nous dit-il.

 

L’amoureux du dictionnaire

Même s’il est francophone, il manie l’anglais avec une telle aisance que ses textes n’ont rien de banal. Son amour pour la langue de Shakespeare l’a poussé à développer un vocabulaire étoffé. « Pendant un bout, j’ai été un obsédé du dictionnaire. C’est une langue avec un historique qui me parle beaucoup. Ça demande beaucoup moins d’efforts de donner de belles images en anglais qu’en français. »

Il se permet tout de même une chanson dans la langue de Molière, Le siècle bruyant, sur ce premier effort. « Je le fais moins ces temps-ci, mais j’ai quand même toujours écrit en français. Quand tu écris des textes, il y en a peut-être seulement un sur cent qui finit en chanson. Cette chanson, c’est le seul texte qui a passé la barre [en français]. Et encore là, ça me fait sourire quand je l’écoute parce que je la trouve un peu naïve. »

Ce premier disque « représente la fin de quelque chose » pour Elliot. L’enregistrement est terminé depuis cet été et l’album est prêt depuis l’automne. Pour des questions promotionnelles, la sortie a été fixée seulement ce mois-ci. « J’ai hâte que ce soit fait pour que ça puisse être le début de quelque chose d’autre, lance-t-il. J’ai la tête prise par le stress et les préparatifs du lancement. Ça fait un bout que je n’ai pas écrit! »

Le lancement de l’album a lieu le mardi 10 février au National. Elliot sera accompagné sur scène par Jean-Philippe Hébert (guitariste Lisa Leblanc), Jesse MacCormack (synthétiseurs) et Mathieu LeGuerrier (drum), en plus des invités Adam Kinner (saxophone) et David Lagacé de Fire/Works. Le disque sera joué dans son intégralité.

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