Gabrielle Shonk

Entrevue avec Gabrielle Shonk | Le temps fait bien les choses

Ça s’est passé par étapes. Au début, les bars, où elle pouvait expérimenter et apprivoiser la scène. Ensuite, un passage remarqué à La Voix 2014 où elle a pu réaliser un défi personnel en se présentant devant un large public. Et maintenant? Elle est présente dans la majorité des festivals de la province (dont Montréal en Lumière ce vendredi soir, en première partie de Bobby Bazini au Métropolis) et elle vient de signer son premier contrat de disques chez Universal Music Canada pour le lancement de son album tant attendu. Il va sans dire, la place de Gabrielle Shonk dans notre univers musical ne vient que de commencer.

Née à Providence au Rhode Island d’un père américain et d’une mère québécoise, Gabrielle Shonk a toujours baigné entre les deux eaux. Ayant grandi à Québec, son parcours musical a commencé toute jeune avec une attache particulière pour le folk et le soul. Le jazz, un autre genre d’influence pour Shonk, s’est davantage imposé lors de ses études en musique au cégep et à l’université, lui donnant accès à un tout autre registre.

C’est lorsqu’elle est encore aux études qu’elle se lance sur les scènes des bars, sa deuxième école. De là, une confiance s’est bâtie, un entourage s’est construit et des chansons ont pris forme sur les cordes de sa guitare. Ce n’est pourtant qu’avec son premier simple Habit, sorti en mai dernier, que les choses commencèrent à se bousculer pour Shonk. Voici une incursion dans son long et inspirant parcours.

Sors-tu.ca: Est-ce que tu jouais tes propres compositions à tes débuts sur scène?

Gabrielle Shonk: J’ai commencé à composer et à faire des shows quand j’avais 14 ans. Quand je suis rentrée à l’école, j’ai continué à écrire, mais après, je me suis mis en mode éponge et j’ai eu une grosse phase où j’étais à 100% dans le jazz, donc je créais beaucoup moins. Quand je suis sortie de mon bac, je me suis replongée dans la création et je suis revenue à mes premiers amours avec le folk.

 

Est-ce que ton passage à La Voix t’a aidé à avoir des contacts importants pour la suite?

C’est certain que tu rencontres plein de gens, mais est-ce que ces contacts-là m’ont permis de faire mon album? Pas nécessairement. J’avais déjà mon équipe de construite pour ce qui est du côté musical. C’est sûr qu’après, pour magasiner une compagnie de disques, j’ai des gens au travers qui m’ont aidée. Ça n’a pas nécessairement porté fruit à ce moment-là, ça a porté fruit ailleurs, plus tard.

 

Je lisais que Habit était d’abord une pièce jazz. Est-ce que c’était le cas pour les autres pièces de ton album avant de les retravailler avec ton réalisateur Simon Pedneault?

Non, je dirais que c’est pas mal la seule. Elle était plus jazzy, mais ce n’était pas une pièce jazz classique. En fait, quand on a commencé le processus de l’album, vu que je compose depuis que j’ai 14 ans, il y avait des chansons que j’aimais et qui avaient un potentiel, dont Habit. On s’est dit, les chansons que j’ai, on va essayer de voir si l’on peut faire quelque chose qui me ressemble plus aujourd’hui et qui colle avec le côté artistique que je voulais donner à mon album.

Est-ce que l’album revêt un thème particulier?

Je dirais que c’est vraiment éclectique comme album. Dans le fond, on sent plusieurs de mes influences, mais c’est sûr qu’il y a un fil conducteur dans le son et dans l’approche par rapport à chacune des chansons. Chaque chanson a vraiment sa couleur, sa vie personnelle.

Ton album sera bilingue. Comment est venue cette idée?

À la base, j’avais toujours composé en anglais parce que c’est ma langue maternelle. Toute la culture musicale québécoise, dans mon enfance, j’ai vraiment passé à côté, ce qui fait que la musique francophone est arrivée vraiment plus tard dans ma vie. J’ai l’impression que, quand tu crées, tu as besoin d’absorber beaucoup de choses de l’extérieur avant, donc ça a pris un certain temps avant que je me lance en français parce que je pense que je n’avais pas absorbé assez de musique francophone.

J’ai vraiment fait un album sans règlements, je ne me suis pas mis de barrières là-dessus. Il y a quand même une majorité de chansons en anglais parce que je n’ai pas refait mon identité artistique pour un album.

Tu as fait partie de la majorité des festivals de musique au Québec depuis cet été. Est-ce que ces vitrines ont été déterminantes pour faire ta place dans l’industrie?

C’est vraiment plus parce qu’une équipe est arrivée. Ça se travaille vraiment depuis que Habit est sortie sur Internet. C’est vraiment à ce moment-là que j’ai commencé à avoir de l’attention de l’industrie musicale. […] Je me suis alors mise à travailler avec mon gérant Louis Bellavance du Festival d’été de Québec. J’avais déjà commencé des discussions avec des maisons de disques à Montréal et à Toronto avant de signer avec Louis, mais c’est lui qui a mis Universal sur la table.

 

Tu as finalement signé avec Universal Music Canada fin janvier à Toronto. Comment ça s’est passé? Qu’est-ce que ça représente pour toi d’avoir signé avec un major?

Photo: dragos.ca

Photo: dragos.ca

Au début, je ne pensais jamais signer avec un major, ça ne m’intéressait pas nécessairement, j’avais tellement entendu des histoires d’horreur ! La vérité, c’est quand je suis allée au meeting avec Jeffrey Remedios, le président d’Universal Music Canada, j’y allais un peu par politesse. Je me disais, ils veulent nous rencontrer, tant mieux, mais je me disais qu’il fallait vraiment qu’ils soient motivés pour qu’on ait confiance […].

Finalement, je me suis assise avec Jeffrey et ça a vraiment été un coup de cœur! J’avais vraiment l’impression qu’il avait cerné le projet, il vient vraiment d’une place similaire à moi, il comprend mes influences. C’est ce qui m’a poussé à faire mon choix là-bas.

Le chemin a été long, mais fructueux au final. Est-ce qu’il y a des moments où tu étais prête à tout laisser tomber?

Oui, clairement! Surtout dans les moments où j’ai produit mon disque, c’est tout moi qui l’ai financé à 100%. Avec Simon [Pedneault], ç’a été un charme faire l’album, c’est un réalisateur excellent au niveau musical, mais aussi sur le plan humain et j’avais vraiment une équipe motivée, alors dans les moments où moi je doutais, ils ne doutaient pas et ça m’a vraiment aidé à continuer et à ne pas me décourager.

Ce sera comment sur scène pendant Montréal en Lumière? Est-ce qu’on peut s’attendre à quelque chose de spécial pour l’occasion?

On ouvre pour Bobby [Bazini], donc c’est sûr que c’est plus court que ce que l’on fait habituellement, mais on va être full band avec tous les musiciens originaux. C’est le fun parce que tout le monde est très occupé, alors c’est rare qu’on puisse se retrouver en même temps pour un spectacle, alors ça va être spécial!


Gabrielle Shonk serait en première partie de Bobby Bazini au Métropolis le 24 février à 20h dans le cadre de Montréal en Lumière.

*Crédit photo d’entête: Dragos Chiriac

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