Halo Maud

Entrevue avec Halo Maud | Plus qu’une île, un océan de rêverie

Un son vaporeux et flottant, hypnotique même : voilà en trois mots comment se décrirait la rêverie dans laquelle nous transporte la pop onirique de Halo Maud. Après deux spectacles joués la semaine dernière à New York, « un endroit où il y a du répondant pour le style que je fais », la Française fait escale à Montréal et s’apprête à ouvrir le spectacle de Les Louanges, ce soir à 19 h au Club Soda.

« Je suis heureuse de jouer dans cette salle qui a l’air géniale, et que ce soit complet. Après, je n’ai pas plus d’attentes particulières qu’un autre concert, c’est toujours la même envie et la même excitation ». Si l’ascension de Halo Maud est significative depuis la parution de son premier album Je suis une île (Heavenly / Michel Records, 2018), la vitrine exceptionnelle qui s’offre à elle pour cette première aux Francos ne lui fait pas perdre la tête pour autant.

L’artiste basée à Paris se présentera sur la scène du Club Soda entourée de trois musiciens, avec qui elle explore des instants plus libres et instrumentaux suivant la longueur du set. « Aujourd’hui ça va être plus difficile, mais j’aime bien dévier de l’album et qu’il y ait des moments improvisés, ou plus noise même. Le but, c’est quand même de faire quelque chose de nuancé », souligne celle qui ouvre pour un artiste encore méconnu pour elle, mais qui jouit au Québec d’une réputation impressionnante depuis la parution de La nuit est une panthère.

J’ai pas pu écouter énormément Les Louanges, mais j’ai vu que c’était quand même assez différent de ma musique. C’est toujours intéressant d’essayer devant des gens qui n’écoutent pas ce style exactement.

La curiosité du public québécois qu’espère Halo Maud anime par contre pleinement sa vie artistique depuis 2015, année durant laquelle la jeune Maud Nadal s’extirpe de ses expériences avec Moodoïd et Melody’s Echo Chamber pour faire cavalière seule. Et bien lui en a pris.

 

Écrire en français, un déclic tardif

Depuis ses débuts en 2015, la touche singulière de Halo Maud se manifeste par l’incorporation de la langue française dans une dreampop introspective aux origines anglo-saxonnes, un genre musical qui a dicté depuis longtemps sa culture musicale.

Photo par Renee Parkhust

Cependant, et paradoxalement aussi, la multi-instrumentiste n’a jamais vraiment écouté de chanson francophone auparavant, jurant par l’anglais avant de finalement songer au français dans ses compositions métaphoriques. « Ça n’a pas été très naturel, et je me suis un peu fait violence. En fait, j’écrivais depuis un moment en français, mais pas des chansons », précise-t-elle avant de prendre une gorgée de café glacé.

Finalement, le déclic s’opèrera quand la jeune femme entendra la voix de Françoiz Breut sur un texte de l’auteur-compositeur-interprète Dominique A. « C’est la première chanteuse qui m’a donné envie chanter en français. J’ai mis un peu de temps à trouver ma façon de le faire, et maintenant j’adore ça parce que je peux plus m’amuser avec les mots, avec le texte. Et désormais, j’aime bien mélanger les deux langues et les influences. »

 

La collaboration pour explorer davantage

Le Québec s’affirme dès lors comme un territoire parfait pour la trentenaire, qui peut aisément concilier ces deux univers appréciés. « J’adore venir jouer ici. Ce qui est intéressant par rapport à la France, c’est que c’est un territoire francophone qui a en même temps vachement d’influences anglo-saxonnes ».

Musicalement, il y a une sensibilité un peu plus forte qu’en France, où parfois c’est un peu compliqué. Je me sens plus naturellement chez moi ici, et le fait d’avoir fait des collaborations me crée des liens avec le Québec.

Outre la parution de son acclamé premier essai l’an dernier, l’Auvergnate se délecte justement de collaborations fructueuses, notamment avec Greg Saunier (Deerhoof) sur un remix du titre Fred, ou Corridor au dernier Coup de Cœur Francophone. Même les Montréalaises de Penny Diving se sont éprises de sa pop onirique pour reprendre le titre Chanceuse, dans une version plus grunge qu’à l’accoutumé. « C’est un courant qui m’a toujours plu et inspiré, et un jour, je ferai peut-être un disque plus expérimental et brutaliste que celui déjà fait. C’est quelque chose qui me titille d’aller dans ce genre de direction », annonce Halo Maud dans les salons de la Maison du Festival.

Gage que le public québécois reverra souvent la Française sur les scènes de la province, à commencer ce soir, à 19h, en ouverture de Les Louanges dans un spectacle qui affiche malheureusement complet depuis plusieurs mois.

La Française sera toutefois en concert ce mercredi 19 juin à l’Anti Bar de Québec en première partie de Forest Boys. Billets en vente ici.

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