Koriass

Entrevue avec Koriass | Spread le love

Le love suprême : voilà la quête de Koriass. Assoiffé de gloire, il n’a qu’un but, devenir une légende. Toutefois, la célébrité et la reconnaissance ne se gagnent pas si facilement. C’est à travers son quatrième album en carrière, Love Suprême, qui paraîtra le 5 février prochain que Koriass plonge dans un nouvel exercice thérapeutique, se sortir de cette recherche incessante de la gloire et de l’amour absolu.

Le dernier effort de Koriass, Rue des Saules, avait été marqué par des circonstances peu joyeuses, donnant un ton plus introspectif et personnel à son matériel. Sur Love Suprême, on retrouve un Koriass toujours torturé, mais cette fois par le désir d’être reconnu, d’apposer sa marque. On rentre encore une fois dans l’intimité du rappeur, mais on sent son côté mordant et engagé reprendre de la bête en ne critiquant pas que sa propre quête vers la célébrité, mais aussi celle des autres.

« On est dans l’époque de l’ego, de l’exposition de soi avec Instagram, Facebook et tout ça et j’en fais partie, je suis très actif sur les réseaux sociaux et je m’expose beaucoup. Oui, il y a une espèce de satire de ça, c’est-à-dire que je dissèque la société sur ces points-là aussi. »

Tous les artistes font ça, ils font de l’art pour que les gens les oublient pas.

Cette thématique qui anime Koriass est magnifiée, mais reste tout de même un sujet réellement présent et important dans son travail de création. « C’est toujours l’approche que j’ai pour les albums; ça part toujours d’un conflit que j’essaie de régler en cours de route sur l’album. »

Tout cela l’amène aussi à se poser des questions plus profondes qui ne se résument pas qu’au pourquoi de cette recherche constante d’approbation, mais qui remettent en question ses intentions en tant qu’artiste.

L’heure des choix

Avec un pied dans le grand public et un pied dans l’underground musical québécois, cette dichotomie alimentait également ses questionnements. « Je me demande ce que je veux faire avec mon art. Est-ce que j’ai le goût d’aller faire des trucs plus pop pour faire de l’argent pis jouer à la radio, ou j’ai le goût, au contraire, d’aller dans des trucs qui vont gratter ce qui est plus négatif parce que j’ai un côté engagé? »

La réponse? « De projet en projet, c’est mon but de durer, mais pour les bonnes raisons. » Ainsi, fidèle à lui-même, Koriass ne démord pas de ses racines avec cet album et résiste à basculer vers le mainstream et préfère encore conserver son côté engagé.

Parce que oui, Love Suprême est un album engagé. On ne joue pas avec les mêmes revendications que Manu Militari, mais Koriass soulève néanmoins des sujets qui amènent à réfléchir et qui provoquent les discussions. « Je pense que mon rap est très engagé, mais de façon peut-être subtile. Je pense que du rap qui est engagé, c’est du rap qui essaie de bouger les choses socialement. Et oui, totalement, j’essaie de faire ça. »

Photo de courtoisie

Photo de courtoisie. Crédit: Drowster

Sujet délicat

En parlant d’être engagé, dans la pièce Légendaire, Koriass aborde rapidement un sujet qui a créé des remous importants ces dernières années, soit la présence de l’anglais dans la musique rap québécoise. « C’est un faux débat » dit-il, surtout lorsque l’on mélange politique et l’esthétique musicale. Koriass l’amène d’une autre façon. « C’est une approche qui est très représentative de la jeunesse multiculturelle de Montréal. C’est très Montréal. »

C’est singulier, personne rappe comme nous ailleurs.

Reflet de notre société, le rap franglais n’est autre que cela, une facette de notre identité québécoise, joli mélange de l’influence musicale américaine « avec notre flavor à nous ». C’est aussi un instrument créatif qui offre de multiples possibilités. « Juste créativement c’est le fun à faire! » 

Une production signée Philippe Brault

« T’as jamais travaillé avec du rap, ben vient me voir! » C’est ce que Koriass a pensé en lisant un article sur le réalisateur de disque qui exposait son intérêt pour ce style de musique. La collaboration a donné lieu au EP Petit Love sorti en décembre et au présent album Love Suprême, deux projets intimement liés et qui ont prouvé le succès de ce partenariat à première vue surprenant.

En fait, l’incertitude de Koriass face à son matériel était grande tout au long de la création. L’expertise de Philippe Brault était alors la bienvenue. « Au mois de septembre, avant que j’aie un meeting avec lui, j’étais vraiment pas sûr de moi, j’étais vraiment comme torturé pendant la création de l’album. Je pensais pas que c’était à la hauteur du tout, j’avais de la misère à prendre du recul. Pis quand je lui ai fait entendre les maquettes, il m’a dit que ça allait être bon, qu’on allait monter quelque chose de cool et ça a vraiment pris un step. Son apport est vraiment bon sur l’album. »


* Koriass est en spectacle le 5 février pour le lancement de Love Suprême au Cercle de Québec et le 6 février au Club Soda à Montréal.

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