Entrevue avec Michel Robichaud | Découvrir le « Beau Mystère »

Après avoir enchaîné les concours et les concerts pendant plus d’un an, l’auteur compositeur interprète Michel Robichaud a présenté son premier album intitulé Beau Mystère en novembre. Sors-tu.ca a pu discuter avec lui de cet album et de sa carrière.  

Michel-Robichaud-Diapason-2014 (1)

Vaincre la timidité par la musique

Michel Robichaud a commencé la musique tard. Alors qu’il faisait du théâtre au secondaire, comme loisir (il ne faisait qu’un spectacle par an), il s’est mis à la musique en pensant que ça serait plus simple. « A la base, je pensais que ça allait être plus facile que le théâtre, j’avais comme une facilité d’aller me cacher derrière un personnage, et je me suis dit « Quand je vais jouer de la guitare ça va être la même chose » ».

Le Québécois s’est alors mis à la musique mais s’est rapidement aperçu que ce n’était pas aussi simple qu’il le croyait. « Ça m’a mis face à des bien plus grandes peurs que ce que le théâtre m’apportait. Juste de chanter, de sortir ma voix, je trouvais ça beaucoup plus difficile. Je me sentais plus vulnérable donc, comme j’ai tendance à aimer ce qui me fait peur, je me suis mis à le faire plus. »

La musique a donc permis à Michel Robichaud de vaincre ses peurs, et sa timidité, qui était vraiment très marquée étant jeune. «J’étais vraiment très timide, j’avais de la misère à aller dans un magasin pour m’acheter quelque chose, je pensais que j’étais espionné et que du monde m’observait. Même plus jeune quand j’allais dans des partys, je me cachais dans un coin et j’attendais que le monde vienne me voir au lieu d’aller vers les gens. »

 

Le chemin vers l’album

Les années sont passées, puis il y a 2 ans, Michel a commencé les concerts. Tout est alors allé très vite pourMichel-Robichaud-Diapason-2014 (4) l’artiste, qui a enchaîné les spectacles et les concours jusqu’à la sortie de Beau Mystère en novembre. «Quand j’ai commencé je me disais que ça pourrait prendre peut-être 5-6 ans. Finalement c’est allé très vite. Mais ça va très vite depuis le 1er jour. Je ne vois pas d’accélération, je vois juste comme de la haute vitesse. »

Un premier album à 30 ans, donc, pour l’artiste, qui ne se sent pas pour autant plus mature face à ce projet que s’il l’avait fait plus jeune. « Des fois je me sens un peu comme si j’avais 20 ans, ça ne fait pas non plus 15 ans que je fais des spectacles et que je roule dans ça, c’est presque aussi nouveau que l’album. Que tu aies 30, 40 ou 20 ans, quand tu fais tes premiers pas dans le milieu, ça reste nouveau quand même. »

Michel n’avait d’ailleurs pas l’intention de faire un album si rapidement, et c’est ses proches qui l’ont poussé et aidé à se lancer dans le processus. « L’an dernier, je suis sorti de mon premier concours au mois d’août et puis mes amis m’ont demandé combien ça coûtait de faire un album. J’en avais aucune idée, alors tout le monde a mis un peu du sien : mes proches, mes amis. On a ramassé un montant en juste  une semaine ou deux. Puis on en a parlé aux gens aux alentours. C’était un genre de socio financement mais pas par Internet. J’ai été très chanceux sur ce côté-là. »

 

Être dans une bulle pour écrire

Michel Robichaud est donc auteur-compositeur interprète, mais il n’écrit pas souvent. Etant plutôt un « homme d’action » comme il le dit lui-même, c’est quand il se plonge dans ses réflexions qu’il se met à écrire. « J’écris très rarement, mais quand je m’assois pour écrire une chanson, je m’assois pour écrire une chanson. Que j’aime ou je n’aime pas ça, je ne me lève pas et je ne vais pas aux toilettes tant que je n’ai pas commencé. Je suis discipliné juste quand je m’y mets, autrement je n’ai pas de routine d’écriture constante. »

Une fois le processus d’écriture et de composition lancé, Michel a des facilités à pondre de nouvelles choses. Ainsi, la plupart des chansons de son album datent d’il y a un an tout au plus.


Beau Mystère

Le titre du premier album du musicien est Beau Mystère. Mais que se cache-t-il derrière ces deux mots ? «Le beau mystère, c’est la vie, c’est comme l’ensemble de tout ce qu’il y a, de tout ce qu’on est », déclare le musicien. Il se pose d’ailleurs beaucoup de questions tout au long de l’album, auxquelles il n’a pas nécessairement de réponses. « La vie est un beau mystère, il n’y a pas une seule façon de le résoudre, tu peux en trouver plein. Chacun pense à sa réponse et essaye de l’amener, mais au bout du compte on n’est pas beaucoup à savoir grand-chose. Ou en tout cas je ne fais pas partie de ceux qui en savent grand-chose. »

Michel Robichaud évoque aussi dans l’album l’enfance, et on ressent parfois l’innocence de cet âge  dans les chansons. Ainsi des titres comme L’Adulte, où celui-ci évoque justement la difficulté à choisir entre être adulte ou enfant dans certaines situations, le prouve bien. Michel n’hésite pas à dire qu’il a gardé cet aspect enfantin en lui « Oui, en fait c’est plus un mode de vie, il y a un côté enfant, un petit peu gamin qui est resté chez moi. » Beaucoup de questions s’enchaînent ainsi sur l’album, comme sur Beau Mystère, qui raconte une histoire d’amour.

 

Histoires cachées

Photo par Richard Mercier.

Photo par Richard Mercier.

Dans cet opus, on retrouve des chansons que l’on sent vraiment inspirées de la vie personnelle du chanteur, mais également des titres teintés d’humour, comme l’Ecureuil dans lequel Michel se met dans la peau de l’animal à la recherche de quoi manger. Dans plusieurs chansons, l’artiste change de tempo, un trait caractéristique de son style. « Ce spectacle est un peu comme ça, on l’a désigné comme étant du folk progressif sympathique. Le côté progressif, je voulais qu’il reste dans l’album. »

Une chanson qui ne passe pas inaperçue est certainement Vas-y, avec son refrain pour le moins marquant « Vas-y, vas-y, vas-y, vas-y, vas-y, vas-y, Vasectomie ».

Quand on lui demande si cette chanson, qui évoque l’infidélité d’un homme et ses nombreuses conquêtes, est destinée à quelqu’un en particulier, Michel nous répond oui. « Elle est dédiée à mon ami qui a 3 enfants de 3 femmes différentes, je voulais passer un message. […] En fait il passait devant chez moi et il m’a dit « t’écris-tu ces temps-ci ? » et j’ai dit non. Puis je lui ai dit « Tu me donnes un mot et je fais une toune avec ». Et puis comme il arrivait de chez le docteur il m’a dit « vasectomie » en riant, alors j’ai écrit ça. Et là je suis arrivé dans un spectacle, j’ai joué la toune pour rire, je me suis dit que c’était juste pour un soir et finalement elle est sur l’album. »

L’écriture de Michel Robichaud est très plaisante, il nous dévoile tout son talent dans la chanson Le Vol, qui raconte l’histoire (véridique) du vol de sa guitare dans sa voiture de 3 points de vue différents : de celui qui se fait voler, de celui du voleur, et de celui d’un dictionnaire que la voleur a laissé dans le coffre de la voiture. L’auditeur tend ainsi l’oreille tout au long de l’album pour écouter les histoires racontées par l’artiste.

 

La musique pour voyager

Comme précisé au début, Michel Robichaud a gagné de nombreux titres dans différents concours, dont le prix Lynda Lemay qui va lui permettre de faire une tournée en Europe. Impatient d’aller jouer là-bas, Michel reconnaît avoir choisi de faire de la musique en partie pour faire des voyages.

« J’ai envie d’aller me promener, de rencontrer des gens qui n’habitent pas à côté de chez nous, je pense que ça c’est une grosse partie du cadeau qu’on nous fait quand on fait de la musique. »

* Michel Robichaud sera en spectacle à la salle Claude-Léveillée de la Place des Arts, ce jeudi 4 décembre.

Vos commentaires