Quasar

Entrevue avec Quasar | Quand le saxophone devient outil

Le quatuor de saxophones Quasar s’est donné comme mission de démontrer qu’un saxophone est bien plus qu’un instrument à saveur kitsch et rétro. Sors-tu.ca est allé à la rencontre de Marie-Chantal Leclair et Jean-Marc Bouchard, deux membres de la formation, pour discuter de l’image qu’ils ont du saxophone et de leur processus créatif, en vue de leur concert du 10 novembre prochain au Gesù.

Aller voir un concert de Quasar, c’est d’abord se lancer dans l’inconnu et la découverte. « On ne joue pas dans le concert classique « quatre chaises, quatre lutrins », explique la directrice artistique, Marie-Chantal Leclair. Si tu viens voir un concert de Quasar, il faut que tu t’attendes à l’inattendu et à la surprise, en complicité avec la rencontre avec le public qui est très importante pour nous. »

Quasar existe depuis plus de vingt ans et il est formé des quatre mêmes membres qu’à ses tout débuts. On retrouve Marie-Chantal Leclair au saxophone soprano, Mathieu Leclair à l’alto, André Leroux au ténor et Jean-Marc Bouchard au baryton. « Ça donne une palette de sons très large, très variée, souligne Marie-Chantal. Quasar c’est un ensemble qui se consacre à la création. Nous, au départ, on est des interprètes, mais on commande des œuvres et on travaille avec des compositeurs. On leur demande d’écrire de la musique avec nous et on travaille avec eux pour développer les projets. »

Quand l’électro s’en mêle

Pour travailler dans la musique de création, il faut être ouvert au monde et aux influences autour de soi. C’est pourquoi, depuis bon nombre d’années, Quasar planche sur un projet mêlant saxophone et musique électro. « Pour nous, c’est très important l’électro, soutient Jean-Marc Bouchard. C’est pas quelque chose qu’on ajoute après coup ou que quelqu’un vient greffer au quatuor. C’est quelque chose qu’on développe de l’intérieur et qu’on travaille dès le début de la création avec les compositeurs. Il me semble que c’est un mariage parfait. »

« C’est de plus en plus fusionnel, explique Marie-Chantal. Ça devient un super-instrument, si on veut. Comme un saxophone bionique. »

Nouvelle identité

Le saxophone est non seulement bionique, il a la capacité de tout faire, si l’on en croit la directrice artistique. « On exploite le saxophone de manière assez différente, de toutes les façons possibles. »

Classique, ce n’est pas le mot pour nous définir. […] Notre saxophone, c’est un outil, et c’en est un qui est très performant. C’est assez polyvalent comme instrument. Le fait que ce soit un vent, il y a quelque chose qui s’apparente à la voix, on peut le faire chanter.

« Ce serait pareil si on jouait de la flûte, insiste Jean-Marc Bouchard. On essaierait de la triturer, de faire tout ce qui a de plus moderne avec, on la traiterait de façon contemporaine. »

Le quatuor arrive a faire jaillir du saxophone des sons très rarement entendus ou très peu exploités dans la culture populaire.

Il est alors bien difficile de cerner précisément les inspirations qui les poussent vers leur son particulier. « On est du côté de la musique de création. On ne pourrait pas nommer de noms, précise le saxophoniste baryton. Par exemple, on n’est pas influencé par Jimi Hendrix, même si dans le spectacle, il va y avoir du feedback. »

Jouer avec le feu

Pour le spectacle Jouer avec le feu présenté au Gesù ce jeudi, le quatuor a choisi de l’axer principalement sur l’improvisation. On y retrouvera également quelques pièces composées, mais qui mettent toujours de l’avant ces séquences improvisées, en plus de quelques pièces électro. Ils auront, pour l’occasion, deux artistes invités pour venir leur donner un coup de main.

« Dans ce spectacle-là, il a beaucoup de spatialisation, explique Jean-Marc Bouchard. Les musiciens ne seront pas placés deux fois au même endroit et le son va venir de différents endroits. Et l’aspect éclairage est assez important. » Pour réaffirmer cette spatialisation, on a même fait le choix de positionner des haut-parleurs directement dans le public, question de faire rebondir le son dans toutes les directions.

Un spectacle pour tous

Lors de la soirée du 10 novembre prochain, il est requis du public d’arriver avec aucune attente et de se laisser surprendre. « Pour les gens, c’est la curiosité qui peut les amener à notre spectacle, affirme Jean-Marc Bouchard. La minute que quelqu’un est curieux de découvrir quelque chose et qu’il est intéressé par le monde sonore, il va en avoir plein les oreilles, ça c’est certain. »

À se fier seulement aux extraits sonores trouvés sur le Web, le projet de Quasar semble en être un spécifiquement adressé à un public bien ciblé. Mais il ne faudrait pas se méprendre. « On ne s’adresse pas à un public spécialiste, insiste Marie-Chantal Leclair. Ça s’adresse à tout le monde. Il y a un bon public pour la musique de création à Montréal. C’est un public très ouvert et qui n’est pas frileux. On peut les amener dans toutes nos folies. Mais en même temps, c’est un public qui a une exigence.

À première vue, notre contenu à l’air de s’adresser à un public de niche. Mais ce qu’on fait ne repose en rien sur la formation. On retrouve partout des gens qui s’intéressent à des choses spéciales, que ce soit en arts visuels, en cinéma ou en bouffe, sans que ce soit des spécialistes.

Le but du spectacle est de laisser chez le spectateur la flamme de la curiosité bien allumée. C’est la volonté de l’équipe que leur spectacle reste avec le public longtemps. Le même phénomène s’observera aussi du côté des musiciens. « Nous, on est dans la création toujours. Ce spectacle-là, on va le digérer après coup. C’est quelque chose qui va évoluer. On est sensible à ce qui se passe dans la salle. On est émetteur et récepteur. C’est à nous de créer une réaction chez le public. On travaille avec le public, pour le public. »

Quel conseil peut-on donner à un spectateur qui vient voir Quasar pour la première fois? « Attache ta tuque! » plaisante Marie-Chantal. « On ne perd rien de venir entendre, rassure Jean-Marc. Si la musique intéresse quelqu’un, il va y découvrir une proposition musicale absolument différente. »

Le spectacle de QuasarJouer avec le feu, se passe du côté du Gesù ce jeudi 10 novembre à 20h. Ce sera précédé de la première édition des Rencontres incendiaires où le public est invité à venir discuter et débattre sur la question de la musique écrite versus la musique improvisée, dans un environnement libre de censure.

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