Triptyque - 7 doigts

Entrevue avec Samuel Tétreault des 7 doigts | Triptyque : Se jouer de la gravité

L’année 2015 a vu naître un mariage inattendu entre le cirque et la danse grâce au spectacle Triptyque du collectif Les 7 doigts, présenté à la Tohu. Après avoir été encensé par la critique internationale, le spectacle est de retour en sol montréalais du 23 au 25 novembre 2017 au Théâtre Maisonneuve. Entrevue avec le directeur artistique, metteur en scène, chorégraphe et interprète, Samuel Tétreault.

Voir le spectacle Triptyque, c’est être gâté par trois propositions différentes. En effet, pour la première fois dans l’histoire du collectif circassien Les 7 doigts (anciennement Les 7 doigts de la main), Samuel Tétreault a fait appel à trois chorégraphes pour ponctuer son spectacle. Ainsi, trois numéros distincts évoluent tour à tour, tout au long du spectacle. « L’idée c’était de provoquer une rencontre entre le cirque et la danse, explique le directeur artistique, une rencontre sous forme de dialogue, en fait, d’explorer les dialogues possibles. J’avais envie de faire un menu trois services pour explorer différents univers chorégraphiques. »

Il a fait appel à la chorégraphe de chez nous Marie Chouinard, qui se spécialise principalement dans la danse, ne jouant que très peu avec le cirque. Selon Samuel Tétreault, c’est son souci du mouvement humain et primitif qui ont fait d’elle un ajout essentiel au spectacle. « Le numéro de Marie [Chouinard] est plus proche du vocabulaire de la danse contemporaine. Le public de danse s’y sent plus en territoire connu. »

triptyque-tohu-2017-7doigts-01* Photo par Alexandre Galliez.

 

Samuel Tétreault a également requis l’aide précieuse de Victor Quijada, breakdancer de renom avec une formation en ballet classique à la tête de la compagnie RUBBERBANDance. Ce clash des genres ont fait de lui un atout hors pair pour le directeur artistique qui souhaitait créer ce numéro pour un groupe d’équilibristes. Le breakdance étant un discipline plutôt acrobatique, Victor Quijada pouvait habilement saisir les mouvements tant de danse que de cirque.

Puis, pour le troisième numéro, c’est le chorégraphe espagnol Marcos Morau qui a été chargé de créer le numéro final, un numéro qui transporte le public en plein coeur d’une chorégraphie circassienne. On y retrouve jonglerie, monocycle et sangles aériennes, en plus de courts textes théâtraux. La formation de metteur en scène du chorégraphe Marcos Morau a ainsi été mise à profit.

J’avais envie que le public de danse découvre le cirque sous un regard nouveau et j’avais envie que le public de cirque découvre la danse sous un regard nouveau

Le cirque selon Newton

Voir Triptyque, c’est aussi de laisser le mouvement traduire un message. « Triptyque, c’est une exploration de notre relation avec la gravité, soutient Samuel Tétreault. C’est une force avec laquelle chaque être humain dialogue au quotidien, lorsqu’on se réveille le matin et qu’on s’extirpe de notre position horizontale pour se dresser à la verticale et vaquer à nos occupations, jusqu’à la fin de la journée en se recouchant. C’est déjà un rapport direct qu’on a avec la gravité. » 

Le directeur artistique la transpose dans les trois chapitres de son spectacle. Dans le premier, on fait la rencontre de deux quadrupèdes primitifs sur échasses. Dans le second, on a affaires à des équilibristes, et dans le dernier, nos personnages prennent littéralement leur envol. La gravité est alors présentée comme une alliée essentielle au travail des danseurs et des artistes de cirque. « Le jongleur a besoin de la gravité pour ramener les balles au sol. C’est la même chose pour le danseur qui fait des sauts, des pirouettes et des arabesques, insiste le directeur artistique. Ça fait partie de notre quotidien de se jouer de la gravité. »

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* Photo par Alexandre Galliez.

Deux ans plus tard

Depuis sa création en 2015 et son succès instantané, le spectacle est embarqué dans une tournée à travers le monde où il a connu un succès tout aussi retentissant. Mais, selon Samuel Tétreault, ce n’est pas parce qu’il a connu un franc succès que Triptyque était sans faille.

Comme tout bon metteur en scène, il a repensé son spectacle et a choisi de « resserrer » quelques passages. En tout, une dizaine de minutes ont été coupées au résultat final. « Les choses ont eu temps de maturer, de prendre toute leur saveur. Passé le stress de la première, on arrive à mieux s’imprégner les rôles, tout le monde est plus à l’aise, donc on arrive à aller chercher une interprétation qui est un peu plus subtile qu’au moment de la création, assure Samuel Tétreault. Ultimement, l’essence du spectacle reste la même que celle qu’on a présentée il y a deux ans à la création. »

Du 23 au 25 novembre, c’est donc une version encore plus efficace qu’on pourra voir sur les planches du Théâtre Maisonneuve. C’est une chance à ne pas manquer de pouvoir revoir Triptyque chez nous, ayant évolué et grandi, deux ans plus tard.

Pour réserver des billets, c’est par ici!


 

* Cet article a été produit en collaboration avec la Place des Arts.

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