Svartidaudi

Entrevue avec Svartidauði | Transe et Black Metal d’Islande

Si l’Islande offre son lot de paysages magiques, son long et sombre hiver abrite aussi une scène black métal florissante, aux sonorités denses, noires et profondes comme ses terres volcaniques. Nous avons profité de leur présence à la dernière Messe des Morts pour rencontrer Svartidauði, un des pionniers et fers de lance de cette scène en plein essor. Rencontre avec Sturla, leader et fondateur du projet en 2002.

C’était une exclusivité de la dernière édition du festival montréalais : le premier spectacle de Svartidauði hors d’Europe. « Il fait plus froid ici qu’en Islande ! Apparemment les meilleurs groupes sortent souvent des villes avec le climat le plus pourri. En Méditerranée les gens sont dehors en train de profiter du temps. Nous on reste enfermés il pleut tout le temps, rien de mieux à faire que d’écrire de la musique! »

Svartidauði se fait remarquer en 2012 avec Flesh Cathedral, un album qui semble arraché des profondeurs de la terre. « On a composé cet album dans notre ancien studio en banlieue de Reykjavik. En fait on a passé des heures et des heures là-bas, souvent défoncés. Je me souviens de la plus longue pratique, je pense que ça a duré seize heures. » Dans les nuits sans fins, sombres et froides de l’hiver islandais, à écrire et pratiquer à outrance « On faisait tourner un riff pendant des heures dans tous les sens jusqu’à obtenir le meilleur son, celui qui nous faisait tripper. » Un processus d’écriture intense qui a porté ses fruits. « L’isolation, c’est là qu’est né l’album. »

Développement de la conscience

La drogue faisait aussi partie du décor. « On partageait le studio avec un dealer, alors tout ce que tu pouvais nommer ça passait par là. » Pas seulement récréatif : nos esprits sobres ont une capacité limitée à percevoir le monde qui nous entoure, explique Sturla. « C’est un fait scientifique, notre perception du monde est basée sur les vibrations du spectre électromagnétique, et nous n’en percevons qu’une infime partie. Quand tu joues avec ta neurochimie tu commences à voir plus loin. Cependant n’importe quel état de conscience atteint par la drogue peut être atteint sans, c’est important de le souligner. »

Sturla parle des traditions comme le yoga, le tantra, la méditation. « Quand on arrive à manipuler sa conscience on peut affecter le monde extérieur sans acte physique, ce qu’on appelle généralement de la magie. Toutes les traditions de magie tournent autour de cette question de conscience supérieure, au delà du statu quo de notre société moderne. »

La transe de la musique

Et le black metal immersif et profond de Svartidauði pourrait être une de ces voies. « Si on regarde dans l’Histoire, les progressions d’accords et rythmes bannis par les ordres religieux, c’est ceux qui faisaient rentrer dans une certaine transe et un autre état de conscience. Que ce soit en se plongeant dans une danse, ou dans du black metal, je pense que tous les moyens sont bons. Le sexe, la boisson, prendre une marche : peu importe ce qui te fait accéder à un autre état d’esprit. » Et ce n’est pas l’inspiration qui manque en matière de musique puisque Sturla nous confie qu’ils ont assez de matériel déjà enregistré pour remplir deux albums.

Pour le moment, c’est Revelations of the Red Sword qui vient de sortir chez Van Records. « Six chansons, le nombre du soleil. Quand tu crées un univers, il faut une lumière. C’était la suite logique de Flesh Cathedral, un album plus centré sur la terre, traitant de mort et renaissance. » Le nouveau chapitre de Svartidauði vient donc de s’ouvrir, prêt à nous avaler dans ses profondeurs oniriques.

Le dernier album des Islandais est disponible au Québec chez Sepulchral Productions.

 

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