crédit photo: J-F Desputeaux
Fauve

Entrevue| Fauve, désespérément optimiste

Revenir jouer pour la troisième fois à Montréal pour les Francofolies, au Métropolis le 21 juin, c’est un peu « la quintessence de l’absurdité de notre histoire » ! Rien que ça. Sors-tu.ca en entrevue avec un des membres de Fauve : c’est « chanmé » ! (Méchant, en verlan français: énorme quoi!). Le collectif prend de l’assurance sur scène, sans vraiment vouloir s’inclure dans ce monde artistique musicale, et sans vraiment comprendre ce qui lui arrive. Il faut le lire pour le croire…

De retour à Montréal

Après avoir conquis la jeunesse française, vous nous rendez visite pour la troisième fois pour un concert au Métropolis le 21 juin. Une plus grande salle pour un public qui ne cesse d’augmenter… Vous suivez le rythme ? En quoi la scène québécoise est différente pour vous ?

Montréal c’est une des rares villes où on s’est déjà produit trois fois, sans compter Paris où on fait la plupart de nos concerts. C’est pas rien pour nous Montréal, c’est la quintessence de l’absurdité de cette histoire!

Il y a un truc qui nous fait plaisir en jouant ici, c’est qu’on commence à plaire au canadien francophone, c’est assez cool ! Au tout début c’était surtout des français…Il y a un coté moins hystérique ici, les gens sont plus respectueux, on peut discuter avec eux après un concert et c’est très agréable. En France on nous demande des autographes, c’est un peu démesuré, on n’est pas Justin Bieber! C’est vraiment n’importe quoi ce qui nous arrive…

Pour votre deuxième visite à Montréal, vous êtes venus à visage découvert, plus à l’aise, moins timide que la première fois. Pourquoi ce changement? C’est un désir de vous ouvrir à votre public?

Nos concerts n’ont pas changé tant que ça. Le live était très douloureux pour nous au début, on était très jeunes. Ce n’est pas un état naturel d’être sur scène, on a juste pris un peu d’assurance, ce n’est pas du tout une volonté esthétique.

Comment ça se passe un concert de Fauve aujourd’hui?

On a jamais vraiment pu mettre en place ce qu’on voulait quand on venait jouer à Montréal. Cette fois-ci, on aura une installation plus solide, beaucoup plus forte en scénographie, une installation avec tout ce que ça inclut pour un concert de Fauve.

Photo par Pierre Bourgault.

Fauve. Photo par Pierre Bourgault.

Fauve est toujours à la fois anonyme et collectif! Ce n’est pas de plus en plus difficile de garder l’anonymat en parallèle de votre succès qui augmente ?

Justement ça n’a jamais été aussi facile ! Avant quand quelqu’un voulait parler de nous et qu’on leur expliquait qu’on voulait rester anonyme, c’était très compliqué. Les gens nous trouvaient prétentieux, « vous vous prenez pour qui ?», mais ça faisait partie de notre projet d’artiste, ça a toujours été important pour nous! Maintenant c’est plus facile, surtout au niveau des médias. Les gens nous respectent maintenant qu’on a plus de muscles, ils comprennent que c’est comme ça qu’on fonctionne.

Il y avait eu une petite polémique avec un musicien qui se présentait sous le même nom, Fauve. Cette histoire vous a-t-elle affectée ? Est-ce que ça aurait pu compromettre votre nom ?

Nous on s’en fout, un nom ça appartient à tout le monde. Je peux t’assurer qu’on est pas le premier ni le dernier à avoir un nom qui existe déjà !

Fauve, dépassé par son succès

Fauve

Vous semblez ouverts à faire grossir ce collectif,  mais on dirait que vous l’êtes moins pour des collaborations avec d’autres artistes, que vous ne vous inscrivez dans aucun domaine musicale. Vous parlez rarement d’influence ou d’autres artistes… Est-ce un choix d’être un peu à l’écart ? Est-ce qu’on vous a déjà abordé pour des collaborations ?

C’est une bonne question ça…

On connaît quelques petits groupes mais on n’est pas pote avec Phoenix, Woodkid, etc… C’est pas notre univers, aucun de nous a grandi dans un univers artistique, on est pas familier avec ça. On ne nous a pas vraiment abordé pour des collaborations, mais on n’a pas forcément envie de le faire non plus. Quand on est amené à croiser des vrais artistes, surtout dans les festivals, on ne se sent pas à notre place… Tu suis un peu la coupe de France? Ben on est un peu comme un club amateur de football pour la coupe de France, qui grimpe au sommet pour un match.

Notre travail est artisanal au possible; on fait ça avec des bouts de ficelles. Il faut se rendre compte : on enregistre encore dans nos chambres ! On bosse comme des fous, on est passionnés. Ça nous tient chaud en hiver ce truc-là, mais on n’est pas du même monde.

On ne veut pas être pris pour ce qu’on est pas, Fauve c’est éphémère, c’est juste un travail entre amis, quelques collaborations avec des potes…

Vous racontiez que ce Corp était un groupe ouvert, que tout le monde pouvait apporter quelque chose. Est-ce encore le cas ? Fauve peut encore grossir?

Dans le collectif, on est cinq à faire ça à temps plein. Une quinzaine de personnes travaillent avec nous en plus. Fauve s’est nourri de potes, d’amis et des gens qu’on a embarqués sur la route. Par exemple, pour Vieux Frères il y a quelques nouveaux paroliers.

Alors oui, on essaie de continuer de grossir, mais on peut plus gérer ça de la même manière : pour embarquer du monde il faut apprendre à se connaître, ça prend du temps ! On n’a pas de label, ça demande beaucoup de travail !
On n’est pas du tout protecteur du nom Fauve, les gens peuvent parler en son nom…

Et en tournée, vous embarquez qui?
On amène le plus de monde possible, on sera peut être une dizaine à Montréal, pour filmer, vendre les albums et les t-shirts.

Outre les scènes francophones, vous êtes ouverts à d’autres horizons ?
On est allé une fois à Londres parce qu’il y a beaucoup de français. Mais on n’a aucune ambition internationale, on n’a pas de démarche de conquête !

Les critiques sont très partagées à votre sujet, ainsi que le public, qu’est-ce qui dérange le plus à votre avis ?
Je te dirais que généralement on nous reproche d’être adulés, c’est comme un extrême positif qui nourrit l’autre. On n’aime pas quand ça prend des proportions démesurées, et souvent les reproches ne sont pas très critiques.

Votre nouvel album Vieux Frère, vous le voyez plutôt comme une continuité de votre premier EP Blizzard?
Le nouvel album est plus travaillé, mais les premiers morceaux c’était un peu comme nos brouillons. D’ailleurs, on n’a jamais fini une chanson en se disant, super, c’est parfait ! On ne prétend pas fournir un travail artistique complet ! Imagine-toi, c’est comme si tu jouais la première chanson que tu avais composé.

Donc oui, c’est vraiment une continuité, en 18 mois deux albums et demi… Pour la suite il y a plein de nouvelles choses qu’on veut tester, on veut faire des trucs plus lumineux, plus apaisés.

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Un endroit particulier où trainer à Montréal? On connaît pas beaucoup encore. On aime bien se poser au Mont Royal, trainer dans le Plateau, boire des bières aux Foufounes… On va rester une semaine en gros, et on va faire un concert à Québec aussi!

Des artistes qui vous ont marqué? On avait ultra kiffé Pawa Up First qui avait fait notre première partie au Club Soda. Après on connaît pas assez, mais dans les incontournables on aime Malajube, Arcade Fire…

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