Lord Huron

Entrevue avec Lord Huron | Explorer le cosmos avec le nouvel album Vide Noir

Après trois ans d’absence sur disque, les Michiganais de Lord Huron font leur retour avec Vide Noir, un troisième album qu’ils présenteront à Montréal le 4 août prochain lors du festival Osheaga. Pour l’occasion, Sors-tu.ca a eu la chance de discuter avec le meneur de la formation, Ben Schneider. Si la conversation devait porter surtout sur la musique, elle a rapidement dévié pour tomber dans des grandes questions existentielles. Qui sommes-nous? Qu’est-ce qu’on fait ici? À quel point l’univers reste inébranlable devant la condition humaine? Ce genre de choses-là…

Commençons toutefois par la base. Vide Noir, troisième opus de la formation, se démarque par un son beaucoup plus rock et psychédélique que ses prédécesseurs. Selon le principal intéressé, ce virage sonore n’est toutefois pas venu d’une décision consciente. « On n’est pas entrés en studio en se disant ‘ok, on va être plus rock’n’roll cette fois’, explique-t-il au téléphone. Je pense que ça vient plutôt du type d’histoires et d’idées que l’on voulait créer. » Il ajoute également que les nombreuses tournées des dernières années ont pu avoir influencé le son plus direct de l’album.

Musicalement, il avoue que Henry Rollins a eu une influence improbable sur cette nouvelle galette. Ce n’est toutefois pas par son travail avec la formation Black Flag, mais bien avec son émission de radio que le chanteur punk a laissé sa trace, sans le savoir, sur Vide Noir. « Il anime une émission les dimanches à Los Angeles et c’est ce que j’écoute dans ma voiture. Il joue beaucoup de post-punk, de punk, de ska, de rock garage. » Tous ces styles ont teinté, au moins en partie, le son du groupe. On peut le sentir entre autres sur une pièce comme Never Ever, qui possède un son de basse très abrasif, ou le brûlot Ancient Names (part II).

 

L’effet Fridmann

Un autre facteur important pour cette réinvention sonore vient du réalisateur Dave Fridmann, véritable sommité dans le rock alternatif. « Ça fait environ vingt ans que je vois son nom passer, nous avoue-t-il. J’ai beaucoup de respect pour lui et j’espérais pourvoir travailler avec lui un jour. » Avec Vide Noir, Dave Fridmann peut ajouter Lord Huron à son tableau de chasse, lui qui a aussi travaillé entre autres avec Tame Impala, MGMT et, surtout les Flaming Lips. Il y a d’ailleurs un petit quelque chose qui rappelle le son de ces derniers — à l’époque de The Soft Bulletin — sur la première pièce, Lost In Time and Space.

Si d’un point de vue sonore, Vide Noir est toute une aventure, l’album est encore plus intéressant lorsque l’on se penche sur le contenu lyrique. Pour Ben Schneider, tous les thèmes de l’album se recoupent dans le titre de l’album. Il explique d’abord avoir choisi de mettre le titre en français car « Black Void » n’aurait eu ni l’aspect romantique de la langue de Molière, ni cette référence au courant cinématique des films noirs. Autrement, cette idée d’un vide noir est signe d’une réflexion un peu plus existentielle. « Pour moi, c’est l’idée du cosmos au sens large et de cet endroit où atterrissent les gens lors de certaines de leurs périodes les plus difficiles. »

« Ce à quoi je fais référence en fait, c’est comment, dans l’univers, les gens peuvent souvent se sentir petits et perdus. » Il estime être lui-même déjà passé par là. « L’univers n’est pas préoccupé par notre bien-être », ajoute-il. « Il est indifférent des raisons de notre existence ou de ce que l’on fait. C’est ça le vide noir. » Ceci étant dit, il assure voir beaucoup plus de positif que de négatif dans ce concept, même s’il peut apparaître un peu cynique. « Les possibilités sont infinies. »

L’univers n’est pas préoccupé par notre bien-être

Qui dit nouvel album dit nécessairement une nouvelle tournée : Lord Huron sillonnera les États-Unis jusqu’en octobre. Heureusement pour nous, le groupe s’arrêtera aussi à Montréal le 4 août, dans le cadre du festival Osheaga. Il faudra d’ailleurs s’attendre à une foule plus imposante que lors de son dernier passage dans la métropole, alors qu’il s’était produit au Métropolis, lors du Festival de Jazz de Montréal en 2016 (avant d’assurer quelques jours plus tard la première partie de The Lumineers et City and Colours au Festival d’été de Québec).

C’est que depuis, le groupe a vu sa pièce The Night We Met apparaître lors d’une scène importante de la série à succès 13 Reasons Why sur Netflix. Non seulement cette apparition a entraîné la chanson sur les palmarès deux ans après sa sortie, mais aussi elle a permis au groupe de se faire connaître davantage. « On a joué quelques spectacles depuis et j’ai définitivement commencé à voir de plus en plus de gens dans le public, ce qui est toujours bon signe », observe Ben Schneider. Il avoue au passage avoir été très surpris de cette situation, tout en ajoutant qu’il espère que ceux qui ont découvert le groupe de cette façon embarquent dans le chapitre Vide Noir du groupe.

Pour ce qui est du spectacle-même, le chanteur et guitariste est très emballé à l’idée de présenter les nouvelles pièces de l’album. « Je pense que plusieurs de ces chansons possèdent cette espèce d’énergie qui rendra ce spectacle encore plus énergique et viscéral. » Même sans pouvoir le voir à l’autre bout du fil, on devine son sourire lorsqu’il parle de cette tournée qui débutera dès vendredi au Missouri. « Il y a un aspect psychédélique dans l’album et on espère pourvoir traduire un peu de cela une fois sur scène. »

Vide Noir est disponible depuis quelques jours.

Les passes de trois jours pour la festival Osheaga, où se produira le groupe, sont disponibles ici.

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