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Entrevue | Queen Ka: Passer de chenille à papillon

L’édition 2015 de Montréal en Lumière a commencé, et parmi les nombreux shows proposés se retrouve Chrysalides, la première du 3ème spectacle de la slameuse Queen Ka. Changement, mutation sont les maîtres mots de cette nouvelle représentation.

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Le spectacle avant tout

Après quelques années déjà sur la scène du slam montréalaise,  Queen Ka a décidé l’an passé d’entreposer quelques-uns de ses poèmes sur un album composé en 2 parties : Les Éclats et Les Dépareillés. Les morceaux de la première partie étaient présents pour la plupart dans son dernier spectacle Ceci n’est pas du slam.

Chrysalides résulte donc d’un travail de longue haleine pour mettre en scène les autres morceaux.  « Il y avait des pièces sur l’album qu’on voulait monter en spectacle. J’ai attendu d’avoir un peu plus de matériel. Donc ça fait peut-être 1 an et demi, deux ans qu’on travaille là-dessus. »

Queen Ka est avant tout originaire du monde du théâtre, et les spectacles font réellement partie de sa personnalité en tant qu’artiste. « Moi je suis une artiste de scène. Comme des artistes font des albums l’un après l’autre, moi je fais des shows l’un après l’autre. J’ai fait un album, je crois que je vais faire plus de spectacles, que d’albums. Dans ma carrière, c’est la scène le plus important. »

 

 Théâtralité ?

Pour ce 3ème spectacle, Queen Ka sera à nouveau accompagnée de ses musiciens Blaise Borboën-Léonard et Stéphane Leclerc et a laissé le soin de la mise en scène à Yann Perreau, déjà présent pour Ceci n’est pas du slam. « L’avantage avec Yann c’est que c’est un musicien, il est capable de parler à mes musiciens de façon musicale. Puis c’est un auteur, donc il peut me parler à moi comme auteur. Puis c’est un acteur, c’est une bête de scène incroyable ce gars-là, il prend la scène de façon assez exceptionnelle. »

Queen Ka et Blaise Borböen Léonard

Queen Ka et Blaise Borböen Léonard

À quoi s’attendre pour Chrysalides ? Queen Ka vient du monde de la scène et il est certain qu’une dose de théâtralité sera au rendez-vous, même si elle sera toujours moins présente que sur Deliriüm, son premier spectacle. « Je n’interviens pas entre les pièces, je ne jase pas aux gens. […] C’est 12 poèmes très différents, et il y a un petit élément scénique qui revient, qui fait le lien entre les pièces, mais c’est tout. Je ne me mettrai pas à avoir des costumes, puis à faire de la claquette ! »

 

Chrysalides : mutation et changement

Le slam c’est avant tout de la poésie, transposée sur de la musique, et ne pas parler de la signification des mots à Queen Ka serait une erreur. Le nom de ce 3ème spectacle est Chrysalides, que l’on peut aisément associer à des éléments comme le changement. « Le mot mutation a été le premier mot qu’on a eu dans le travail. Moi, c’était une fiction que j’avais avec cette espèce d’idée de changement. Le mot comme tel par contre est très froid. J’ai essayé avec Chrysalides de trouver la même image, avec quelque chose de plus positif. Le spectacle est basé là-dessus. Les textes du début sont vraiment différents de ceux de la fin, il y a vraiment une « chrysalidation » si on pouvait faire un nom de ça. »

Un changement qui concerne le spectacle comme l’artiste. « Moi-même je change, dans mon rapport à l’écriture aussi. Avant c’était très douloureux, c’était « J’ai mal, j’écris », et puis là j’ai découvert que je pouvais aussi écrire dans le bonheur. » Au final, Queen Ka attend beaucoup de ce spectacle pour que les spectateurs « vivent cette mutation et passent de chenille à papillon. »

Cette très belle image s’accompagne d’une montée en crescendo tout au long du spectacle, allant de la noirceur vers la lumière. Des textes sombres seront interprétés au début, pour finir sur une belle note d’espoir, contrairement à Ceci n’est pas du slam, qui terminait sur un sentiment de rage.

 

Écrire sur le bonheur ?

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Queen Ka a, pendant longtemps, écrit sur des sujets sombres et sensibles. Plus elle avance, et plus elle tente de composer sur la positivité, chose qui n’est pas si simple pour l’artiste. « Tu n’as pas forcément envie d’aller dans le quétaine. Et puis moi c’est un parcours accidentel qui me colle. C’est un bel accident. J’écrivais que quand ça allait mal dans la vie, c’est vraiment quelque chose pour me libérer d’une lourdeur. »

L’artiste a donc dû « muter » pour réussir à écrire sur les belles choses qui l’entourent. Dans la description de son spectacle, il est d’ailleurs noté que « si la vie ne tient qu’à un fil, autant qu’il soit fait de soie ». Une belle image que la slameuse explique « La fragilité de la vie est qu’elle peut se terminer à n’importe quel moment. Tant qu’à se tenir à un fil, aussi bien qu’il soit de soie, qu’il soit beau. C’est un clin d’œil au fait qu’un fil de soie, ça amène à quelque chose de très doux, mais quand même ça peut faire mal. »

 

* Queen Ka sera en spectacle au Théâtre du Quat’Sous les 26 et 27 février.

 

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