Tiken Jah Fakoly

Entrevue : Tiken Jah Fakoly, le roi du reggae africain

Tiken Jah Fakoly – La révolution de l’Afrique par l’éducation

Tiken Jah Fakoly n’est rien de moins que le roi du reggae africain. Avec ses 15 ans de carrière derrière la barbe, il a donné naissance, l’automne dernier, à un 10e album, African Revolution. Une œuvre qui  marque un tournant dans la carrière de l’artiste, mais qui se veut également une révolution dans le monde du reggae africain.

Alors qu’il était de passage à Montréal la semaine dernière dans le cadre d’une tournée de promotion, Sors-tu.ca a rencontré cette légende africaine qui caresse le rêve de changer le visage de l’Afrique.

Vous êtes de passage à Montréal pour une courte tournée de promotion pour votre album African Revolution. Dites-moi, quels sont vos rapports avec le Québec et sa population?

Ça fait cinq ou six fois que je viens au Québec. La première fois c’était en 2000, pour les Nuits d’Afrique. Depuis 2000 je crois que je suis venu chaque deux ans, soit pour les Francofolies de Montréal, soit pour les Nuits d’Afrique. J’ai la chance et l’honneur d’avoir un bon public ici. Je sais que le public québécois, par rapport à son histoire, se retrouve dans le combat que doivent livrer les Africains.

Est-ce que je me trompe ou c’est la première fois que vous venez au Québec durant l’hiver?

C’est la première fois!

Et comment trouvez-vous l’hiver à Montréal?

(Rires) Il fait froid! Mais bon, ce n’est pas catastrophique. On m’avait beaucoup effrayé, on m’a dit « il fait moins 40! ». Il parait qu’il a fait beaucoup froid la semaine avant que j’arrive… Peut-être que j’ai fait mes gris-gris d’Afrique! (Rires)

Parlons maintenant de votre dernier album, African Revolution. C’est votre 10e album?

Voilà, 10e album en 15 ans de carrière. Un album qui est différent des autres parce qu’on a donné le pouvoir aux instruments traditionnels. C’est l’album le plus africain au niveau de la sonorité de Tiken Jah, parce que l’album s’appelle African Revolution, donc il fallait non seulement que le message parle de l’Afrique, mais il fallait absolument que les instruments traditionnels l’accompagnent.

Vous avez déjà dit que cet album-là était révolutionnaire, pourquoi?

Il est révolutionnaire parce que c’est le premier album reggae typique africain. C’est à dire que, il y a des instruments traditionnels (ngoni, kora, soukou, balafon) dans tous les titres et donc voilà… je pense qu’on peut dire, pour une fois, « voilà un album reggae africain! ». Tous les autres albums étaient plus jamaïcains… la différence c’est que nous, on chantait en langue africaine!

Il y a tout de même un peu de la Jamaïque dans cet album, parce que vous êtes allé enregistrer à Tuff Gong, le studio de Bob Marley à Kingston.

Effectivement, il y a de la Jamaïque puisque nous sommes allés faire tout ce qui est basse, batterie, guitare un peu, en Jamaïque. C’est quand on est retourné en Afrique qu’on a ajouté tous ces instruments traditionnels.

Parlez-moi un peu de votre collaboration avec le guitariste Thomas Naïm, il a beaucoup travaillé sur cet album.

Oui, parce qu’on a commencé l’enregistrement de cet album avec la guitare sèche. C’est-à-dire qu’il joue de la guitare, tout simplement, moi j’accompagne et c’est comme ça qu’on a commencé à travailler sur cet album, alors que (pour) les autres albums, on allait en studio, on faisait la maquette, on faisait basse, batterie et c’est après que je venais chanter. Et donc le fait qu’on a commencé en acoustique, moi aussi ça m’a permis de ressortir certaines mélodies que je n’aurais pas sorties autrement. Ça m’a donné une nouvelle inspiration.

Si on parle des textes de cet album maintenant, que vous avez presque tous écrits ou coécrits… vous vous adressez beaucoup à la jeunesse africaine sur African Revolution. Quel est le message que vous désirez transmettre?

Je veux leur dire que personne ne viendra changer l’Afrique à leur place. Si on regarde le Canada aujourd’hui qui est un pays qui est stable… ce ne sont pas les Belges qui sont venus changer le Canada à la place des Canadiens. Si on veut que nos enfants vivent dans une Afrique différente de celle que nous on connaît et dont on se plaint, il va falloir mettre la main à la pâte. Il va falloir s’intéresser à tout, à la politique… il va falloir s’exprimer, il va falloir se manifester quand on n’est pas contents… Si on reste les bras croisés, les dirigeants ne feront rien pour que les choses avancent. African Revolution c’est ça, c’est la révolution par l’éducation.

Tiken Jah Fakoly sera de retour au Québec en mars pour donner quelques spectacles, soit le 11 mars à l’Impérial de Québec et les 12 et 13 mars à l’Olympia de Montréal.

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