Trentemoller

Entrevue | Trentemoller nous parle de son nouvel album, Lost

L’artiste électro danois Anders Trentemøller (ou simplement Trentemoller) lance aujourd’hui son nouvel album, l’excellent (et surprenant) Lost. Rejoint au bout du fil chez lui, à Copenhague, le compositeur nous parle avec beaucoup d’enthousiasme de son troisième album, de son approche davantage orientée vers la chanson et des étonnantes collaborations (Kazu Makino de Blonde Redhead, Sune Rose Wagner de The Raveonettes, Jana Hunter de Lower Dens, Marie Fisker, Ghost Society et Low) qu’il contient. 


Sors-tu.ca : Ce nouvel album m’apparaît plus que jamais comme une collection de chansons, avec des structures plus accessibles, surtout à comparer aux albums précédents. Pourquoi en est-il ainsi ?

Anders Trentemøller : Cette fois, je travaillais encore plus avec des mélodies fortes et des idées qui prenaient effectivement davantage la forme de chansons, à comparer aux ambiances plus cinématiques de mes oeuvres précédentes. C’est arrivé naturellement quand je travaillais sur le nouveau matériel ; j’ai commencé à composer au piano, avec des petites mélodies et des enchaînements d’accords. J’enregistrais mes idées sur mon iPhone, et plus tard, je les retranscrivais en studio. Ça a fait toute la différence, de travailler à partir des mélodies au lieu des ambiances. Ça, et j’avais en tête, dès le début, d’écrire exprès pour les voix de mes chanteurs invités.

(c) Alastair-Philip-Wiper

(c) Alastair-Philip-Wiper

Comment fonctionnait le processus de composition : commençais-tu par les mélodies vocales pour ensuite ajouter la musique ?

Toutes les chansons chantées sur l’album, je les ai écrites exprès pour les voix qui allaient les chanter. J’écrivais plusieurs chansons sans que les principaux concernés ne le sachent! (rires) J’ai croisé les doigts et contacté les artistes après coup. Ils ont tous dit oui. S’ils n’avaient pas dit oui, j’aurais été dans l’embarras : j’ai vraiment écrit avec leur voix respective en tête. Ils sont tous parmi mes artistes favoris, des héros en quelque sorte. Du coup, je connaissais bien leur voix et les chansons étaient faites sur mesure pour eux, alors ça a aidé à obtenir des réponses positives.

C’était un genre de cadeau que tu t’offrais en tant que fan de ces gens ?

Pas vraiment, je ne le voyais pas comme ça, en tout cas. C’est simplement arrivé comme ça dans le processus d’écriture, sans prévoir à l’avance. Je suis très reconnaissant que ça ait fonctionné.

Il faut dire aussi que l’album contient tout de même 6 ou 7 chansons sans voix. C’était important dans tout le processus : ça me permettait de construire un album complet qui ne soit pas trop disparate et qui ressemble à du Trentemoller. Il y a un certain débit, du début à la fin. Un genre de fil conducteur.

Et comment c’était de « faire chanter » Kazu Makino (Blonde Redhead), Sune Rose Wagner (The Raveonettes), Jana Hunter (de Lower Dens), Marie Fisker, Ghost Society et Low.

C’était un grand défi, dans certains cas. Pour Sune (Rose Wagner), il fallait le sortir de ses sonorités habituelles, très orientées sur les guitares. Il fallait le faire chanter sur une piste qui contient davantage des éléments de club, des sons électro. C’était l’idée dès le départ et Sune était très ouvert à ça. Alors il est venu me rejoindre à mon studio et on s’est saoulé. Heureusement, quand on a réécouté la chanson après, ça fonctionnait toujours bien. (rires)

Même chose pour Jana Hunter : il fallait la sortir du son habituel de Lower Dens, qui mixe toujours sa voix un peu en recul. Moi, je voulais voir ce que ça donnerait avec sa voix à l’avant-plan, avec un mix très cru, direct. Ça a fonctionné à merveille.

Je crois que la seule chanson pour laquelle je souhaitais conserver la signature de l’artiste intacte, c’est la première : The Dream, avec Low. Je voulais conserver le son Low, un peu indie et sombre, avec beaucoup d’espace. J’adore ce son et ça me rappelle, d’une certaine manière, des aspects de la musique électronique. J’ai composé la chanson sur un vieux Wurlitzer, et les accords me rappelaient Low. On est ensuite allé chercher ces tonalités basses, typiques du groupe.

Est-ce vrai que la chanson avec Sune devait paraître sur un album précédent ?

Oui, en quelque sorte. Nous avons refait la même chanson, mais avec des paroles différentes. Au départ, il y avait de la guitare et de la basse, et ça ressemblait trop à ce que font déjà The Raveonettes.

À chaque écoute du disque, on découvre de nouveaux détails : il y a beaucoup de différentes couches, de textures et de sonorités en général. Ça a toujours fait partie de ton approche. Est-ce difficile pour toi d’achever un album, de déterminer qu’il est bien terminé, final ?

 (c) Alastair Philip Wiper


(c) Alastair Philip Wiper

Ça l’était davantage il y a cinq ou six ans. Pour celui-ci, ce n’était pas si difficile, je me suis obligé à le faire. Quand une chanson ne fonctionne pas après 5 ou 6 heures de travail, généralement, je la laisse de côté et j’y reviens plus tard. Ça demande de la discipline, mais c’est nécessaire si tu veux t’assurer d’obtenir un résultat satisfaisant sans que ce soit trop loin de l’idée originale, sans trop perdre de la spontanéité du début.

À quoi peut-on s’attendre du spectacle qui accompagnera cet album ?

Ça aussi, c’est tout un défi. Évidemment, on aimerait bien avoir tous les invités avec nous en tournée, mais ce n’est pas possible pour des raisons évidentes.

Marie Fisker (N.D.L.R.: qui chante sur Candy Tongue, la quatrième chanson de l’album) me suivra en tournée. Nous avons beaucoup pratiqué afin de reproduire le mieux possible les mélodies du disque. On s’est assis avec une guitare acoustique et un piano, et nous avons chanté, ce qui est assez inusité pour un DJ. Nous avons essayé de trouver la bonne façon d’interpréter chaque chanson, afin de ne pas tenter de copier l’originale, mais plutôt de l’adapter à sa voix.

De retour bientôt à Montréal ?

Je l’espère, sincèrement. Ça devrait arriver vers le mois de mars. Nous avons déjà prévu aller aux États-Unis, et comme nous avons toujours beaucoup de plaisir à venir à Montréal, c’est dans les plans. On croise les doigts.

 

 

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