Tangente (Laboratoire de mouvements contemporains)

Édifice Wilder | L’inauguration approche pour le nouveau temple de la danse à Montréal

Le tout nouveau vaisseau-amiral de la danse à Montréal accueillera ses premiers passagers dès le 22 février dans un édifice patrimonial rénové et agrandi de facture moderne, le Wilder. Avec ses deux façades, l’une sur la rue De Bleury, en face du Cinéma Impérial, et l’autre donnant sur la Place des Festivals, les occupants de l’édifice Wilder ne pouvaient rêver mieux. Les médias ont eu accès aux locaux regroupant quatre identités fortes de la danse ici : l’Agora de la danse et Tangente, en tant que diffuseurs majeurs en danse moderne, l’École de danse contemporaine de Montréal, et ultimement, Les Grands Ballets.

Consultez notre article au sujet de la programmation hiver 2017 de l’Agora de la danse

Consultez notre article au sujet de la programmation hiver 2017 de Tangente

Ce projet de Maison de la danse aura mis 18 ans à se réaliser, au gré des aléas du financement et des lieux probables, des changements de gouvernement et de ministres de la Culture, des études sans cesse à refaire, et de mille détails de conception par un consortium d’architectes formé de Lapointe Magne et AEdifica (associé à l’érection du 2-22 et à la réalisation de la Maison symphonique).

Wilder 1Avec un budget frôlant les 100 millions de dollars, Le Wilder aura réussi à sauver de la démolition un édifice construit en 1918 (mais abandonné depuis plusieurs années), qui abritait les activités marchandes d’un fabricant de meubles nommé H. A. Wilder. Il aura fallu trois ans de travaux pour la construction du nouveau site certifié LEED qui marie dans la modernité la maçonnerie et le verre.

 

Des salles aux noms historiques

Plus que jamais, Montréal est une ville où la danse se porte bien, avec des infrastructures à la hauteur du talent que l’on retrouve ici. À elles deux, Tangente et l’Agora de la danse se partageront quatre espaces polyvalents portant chacun le nom d’une figure emblématique de cet art vivant. Ce sont Françoise Sullivan, Dena Davida, Florence Junca-Adenot et Paul-André Fortier.

Françoise Sullivan, 91 ans, tenait à être présente pour la visite de presse. Petite femme à la voix frêle, c’est elle qui a reçu les premiers applaudissements qui passeront à l’histoire du Wilder lorsque les journalistes l’ont aperçue, assise au milieu de la salle qui porte son nom. Ce sera la salle principale du Wilder, avec ses 160 places.

Il ne faut pas l’oublier, cette grande artiste en arts visuels, de la trempe des fondatrices, est allée se perfectionner en danse à New York après avoir complété ses beaux-arts à Montréal et fréquenté les Automatistes regroupés autour de Paul-Émile Borduas. Sa conférence « La danse et l’espoir », où elle exposait une nouvelle vision de la danse et de sa place dans l’Histoire, a été publiée dans le fameux manifeste Refus global dont elle est l’une des rares signataires encore vivants.

Le spectacle à contre-courant que Françoise Sullivan avait conçu avec sa complice Jeanne Renaud pour la Maison Ross en 1948, est considéré encore aujourd’hui comme l’acte fondateur de la danse moderne au Québec.

Comment voit-elle, toutes ces années plus tard, qu’une salle porte son nom? « Je suis comblée, répond-t-elle timidement, parce que la danse a toujours fait partie de ma vie. Je suis surprise et honorée qu’on se souvienne de moi. La danse, c’est la vie. C’est un art de l’instant, et il faut saisir cet instant, car il est vivant. »

Dena Davida. Photo par Maxime Brouillet.

Dena Davida. Photo par Maxime Brouillet.

À la même question, Dena Davida, co-fondatrice de Tangente en 1981 et maintenant commissaire, répond : « C’est presque gênant. Je n’aurais jamais imaginé ça. Je me sens trop jeune (67 ans) pour ce genre d’honneur, avec tout son côté officiel. Moi, malgré de petits moyens, j’ai toujours soutenu l’exploration et l’innovation, voyant Tangente à la base comme un laboratoire. La danse c’est ma vie, c’est suffisant pour remplir toute une vie ».

Programmations de Tangente et Agora de la danse

Pour cette demi-saison dans le nouveau lieu, après cinq ans et demi de nomadisme, elle a réuni sept programmes interdisciplinaires inédits, toujours aussi inattendus. En 36 ans d’existence, Tangente, aujourd’hui dirigée par Stéphane Labbé, aura donné leur première chance à nombre de chorégraphes, parmi lesquels plusieurs consacrés aujourd’hui, comme Louise Bédard, Hélène Blackburn, Paul-André Fortier, Ginette Laurin, Danièle Desnoyers et même José Navas, Frédérick Gravel et Dave Saint-Pierre.

Apprenez-en davantage au sujet de la programmation de Tangente par ici.

Pour sa part, l’Agora de la danse, toujours sous la direction générale et artistique de Francine Bernier, proposera 11 spectacles dans sa nouvelle demeure. Après plus de 24 années passées sur la rue Cherrier, l’Agora aura été le premier lieu permanent consacré uniquement à la création et à la diffusion en danse contemporaine au Québec.

C’est une chorégraphie de Mélanie Demers, Animal triste, qui lancera le bal dès le 22 février, suivie de Sylvain Émard avec Le chant des sirènes et, une curiosité, Bailarinas de la Catalane Sonia Gomez qui ramènera en piste le comédien et danseur Marc Béland, ayant fait les beaux jours de la compagnie d’Édouard Lock. Il s’agira, selon le programme, de huit consignes pour créer un solo de danse « unplugged ».

Marc Béland dans <a href='/artiste/bailarinas/' >Bailarinas</a> de Sonia Gomez. Photo de Alix Dufresne.

Marc Béland dans Bailarinas de Sonia Gomez. Photo de Alix Dufresne.

Marc Béland, qui était aussi présent à la rencontre de presse, revient donc à ses premières amours, disant au passage : « C’est le hasard des rencontres qui m’a fait connaître Sonia Gomez, et j’ai été conquis par son travail. Je me sens bien devant ce retour en danse, car j’ai moins à faire mes preuves. J’ai encore la forme, je crois, j’ai gardé le rond chaud… ».

Apprenez-en davantage au sujet de la programmation de l’Agora de la danse par ici.

 

 


Plus que juste des spectacles…

Mais cet édifice Wilder, qui se déploie sur dix étages, ne sera pas qu’un lieu de diffusion. Il y aura des résidences d’artistes sur deux ans, des « habitations » exploratoires de courte durée, des ateliers scolaires, une immense salle de répétitions vitrée pleine hauteur sur deux côtés, des gradins rétractables, des loges, une salle de soins pour les danseurs, une cuisine conviviale, un café-bar, un restaurant avec une terrasse donnant directement sur la Place des Festivals, une longue coursive vitrée sur la rue De Bleury permettant de voir les danseurs à l’œuvre, des projections sur un immense mur rideau extérieur, et de l’animation en tous genres.

Plus que jamais, Montréal se positionne à l’international comme une ville de danse.

Photo par Maxime Brouillette.

Photo par Maxime Brouillet.

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