Festival de Jazz de Montréal 2014 | Cody ChesnuTT : le bad boy repenti

La carrière de Cody ChesnuTT semblait être sur une lancée considérable au début des années 2000. Mais aux prises avec ses propres démons, l’artiste a lui-même saboté cet élan afin de fonder une famille et de remettre sa vie sur les rails, avant de reprendre sa carrière de musicien, plusieurs années après. Entrevue avec un bad boy repenti, à quelques jours de son retour à Montréal, le samedi 28 juin au Club Soda (à 23h).

Qui n’a pas souvenir de ce hit, peut-être le plus grand de The Roots. C’était une relecture uptempo, une seconde version rehaussée de la chanson The Seeds, parue originalement sur l’excellent The Headphone Masterpiece, premier album de Cody ChesnuTT paru en 2002.

The Roots et ChesnuTT en ont donc refait une version parue sur le brillant Phrenology, toujours en 2002. Le succès de l’album, et de cet extrait en particulier, a véritablement propulsé Cody ChesnuTT. « La portée de cette collaboration a été majeure, raconte le principal intéressé lorsque rejoint par Sors-tu.ca au bout du fil. Ça m’a ouvert les portes pour un auditoire international, étant donné la notoriété de The Roots. C’était tout une rampe de lancement… »

De son propre aveu, ChesnuTT n’était pas un enfant de choeur à l’époque. Son infidélité, notamment, causait problème. Sa popularité grandissante n’amenuisait en rien son sentiment de dérive, si bien qu’il aura décidé rapidement de mettre sa carrière sur la glace afin de se concentrer sur sa vie de couple, puis de fonder une famille. « Quand tu fondes une famille, tu gagnes en maturité beaucoup plus rapidement, que tu le veules ou non. Ça a forcément affecté ma façon de voir la vie, et donc de voir la musique. »

Il aura fallu dix ans à Cody ChesnuTT avant de faire paraître un deuxième disque. Mais tout un : l’excellent Landing On A Hundred arrivait chez les disquaires en 2012, et les critiques ont presque tous salué la grande qualité de ce disque purement soul, dans l’esprit des années 1960 et 1970, tout en conservant une touche moderne, particulièrement dans les textes.

« En quelque sorte, je crois que c’est une personne complètement différente que les gens retrouvent sur ce disque, admet-il de sa voix baryton très posée. C’est plus concis, plus précis, plus consistent dans sa direction artistique. Ce que j’ai appris pendant ces dix années, je voulais que ça infuse ma musique, et je voulais surtout m’assurer de faire paraître quelque chose de sincère. »

CodyChesnuTT-citation

 

Esprit soul dans une conversation moderne

En dépit du succès et de la réaction très positive envers son premier disque, pas question de reprendre cette approche, de tenter de créer une suite à celui-ci.

Plus clinquant et irrévérencieux sur The Headphone Masterpiece, Cody ChesnuTT emprunte cette fois-ci les codes du soul pur et dur, et ses textes traitent de la famille, des relations humaines plus saines.  « Stevie Wonder disait : ‘nous sommes plus semblables que différents’. J’y ai toujours cru, mais maintenant plus que jamais. La famille, les relations humaines, les problèmes, les conflits, ce sont toutes des choses auxquelles nous nous identifions tous. C’est universel, même si on ne le vit pas au même degré. »

En ce qui a trait à l’approche un peu rétro de l’album musicalement parlant, ChesnuTT tient à faire une distinction. « Je voulais transposer l’esprit de l’époque dans une conversation moderne. Si tu prends des artistes comme Charles Bradley ou Lee Fields, ce sont vraiment des retours en arrière. C’est James Brown, tu comprends ?  En fait, c’est LEUR version de James Brown, et c’est bien fait, comprenons-nous bien. Mais ce n’est pas ce que je propose. Eux, c’est très fondamental. Pour moi, les codes de la soul que j’emprunte sont universels et intemporels, et mon langage est très moderne, contemporain. Mes sujets sont très actuels. Modern energy, classic tone. »

Prochain album en 2015 ?

Voilà maintenant deux ans que Landing On A Hundred était lancé, et l’artiste ne compte pas attendre dix ans pour en proposer un troisième. « De façon réaliste, je crois que 2015 sera l’année pour mon prochain album. Si tout va bien. J’ai déjà une douzaine de nouvelles chansons sur lesquels je cogite, et j’en suis fier. On devrait entrer en studio bientôt… »

Entendrons-nous de nouveaux titres au Club Soda lors du passage de Cody ChesnuTT au Festival de Jazz de Montréal, ce samedi 28 juin ?  « Peut-être, mais peut-être pas. Il y a encore beaucoup de travail à faire avant que certaines chansons soient présentables. Mais il y aura des raretés (B-Sides) et des trucs du genre.  »

Une chose est sûre, on pourra compter sur sa légendaire proximité avec le public, lui qui aime bien se mêler à la foule, affublé de son iconique casque de soldat. « J’aime ressentir les gens, j’aime les toucher, littéralement, et qu’on partage ce moment intense le plus près possible. »

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