Cat Power

Festival de Jazz de Montreal 2016 – Jour 1 | Cat Power au Metropolis : Maladresses pardonnées

Mercredi soir, Chan Marshall (alias Cat Power) a empli de la chaleur de sa voix la salle du Métropolis pour cette première soirée du Festival de Jazz de Montréal. Pendant plus de 2 heures, elle a ainsi envouté un public, convaincu d’avance, qui lui a facilement pardonné ses quelques maladresses.

Quatre ans après son dernier passage montréalais, Cat Power était de retour au Métropolis avec une formule ayant de quoi ravir ses fans de la première heure.

Chèvre

Cat Power refuse l’accès à ses concerts aux photographes. À défaut de vous montrer de quoi le spectacle avait l’air, voici notre célèbre Chèvre.

C’était un retour aux sources pour la chanteuse américaine qui nous avait habitués ces dernières années à un son orchestré, régulièrement accompagnée du Memphis Rhythm Band aux sonorités teintées du sud des États-Unis. Après les tournées qui avaient fait suite à la parution de The Greatest, suivies d’un virage plus pop sur la tournée Sun, une frange du public se réjouissait donc de retrouver la chanteuse en solo.

Célèbre pour ses prestations scéniques tumultueuses liées aux abus et aux troubles de santé, Chan Marshall se remettait clairement en danger en se produisant en solo, sans l’appui d’un groupe de musiciens pour assurer le rythme de son spectacle. Jouer seule lui a permis de retrouver la spontanéité qui avait pu manquer ces dernières années, et de mettre en avant l’aspect viscéral, déchirant, de sa musique.

Retour aux chansons de ses débuts

Sans nouvel album à présenter, elle a ainsi puisé allègrement dans le catalogue de ses débuts. La setlist de ce mercredi était largement composée de chansons issues de ses albums plus anciens (You Are Free et Moon Pix) et ce, au dépend de ses albums plus pop-rock. De Sun, elle n’interprètera que 3,6,9, revisitant sa propre chanson comme elle avait pu le faire avec les chansons d’autres artistes dans ses albums The Covers Record et Jukebox.

C’est une Cat Power en forme, reconnaissante de l’enthousiasme de son public, et manifestement très heureusement d’être là qui s’est produite sur scène ce 29 juin. Sa présence scénique, bien que maladroite et variant clairement avec son degré de confort, n’en est pas moins restée attachante.

Après une première partie timide à la guitare, elle s’est placée au piano à queue où on l’a sentie alors plus à l’aise, protégée par la barrière physique que formait son piano. On soulignera dans cette partie, son interprétation de la chanson The Greatest, moins d’un mois après le décès de Muhammad Ali. Elle reprendra en troisième partie de soirée sa guitare électrique pour des interprétations plus punchées.

Très sévère envers elle-même, elle a souvent marmonné au cours du concert des excuses pour ses diverses maladresses, là où le public semblait prêt à tout lui pardonner (et n’identifiait pas forcément l’erreur commise). C’est donc soutenue par le public qu’elle a culminé après près d’1h30 de concert par une reprise de Just Like Heaven. Tout comme elle avait éprouvé des difficultés à clôturer ses chansons pendant la soirée, transitionnant directement d’une chanson à l’autre, ou bien finissant abruptement, parfois sur une fausse note, Cat Power a alors eu un peu de mal à finaliser son concert.

Après cette fantastique reprise de The Cure, elle a donc entamé une succession de reprises plus approximatives, entrecoupées par des défauts de mémoire ou d’inspiration. Clairement consciente des difficultés rencontrées, on a senti dans cet acharnement, l’envie d’en donner plus, de faire plaisir à son public, plutôt que de chercher la sortie triomphale. Elle réussira à conclure la soirée par un dernier retour au piano avec l’une de ses propres chansons avant de saluer longuement la foule.

En conclusion, les fans des premiers albums étaient au paradis grâce à ce concert qui leur a permis de réentendre la magnifique voix enveloppante de Cat Power dans des interprétations dépouillées (I Don’t Blame You, Fool, Names, Good Woman). Les fans plus occasionnels ont surement quant à eux eu plus de mal à accrocher et ce, pour les mêmes raisons.

 

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