Rufus Wainwright

Festival de Jazz de Montréal 2016 – Jour 4 | Rufus Wainwright : Prima Donna et autres beautés orchestrales

Rufus Wainwright revenait au bercail pour deux soirs ce week-end, à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, »là où j’ai moi-même vu mon premier opéra », dans le cadre du 37e Festival de Jazz de Montréal. Au menu, quelques chansons avec arrangements orchestraux et des extraits (avec projection de film) de son fameux opéra « Prima Donna ». Retour sur trois belles heures passées en compagnie de Rufus et de son oeuvre, avec et sans lui sur scène.

Dès 19h30, le public était convié à cette toute première présentation à Montréal de l’opéra pensé et conçu par Rufus Wainwright, sept ans après sa première mondiale à Manchester. Il aura donc fallu beaucoup de temps avant que cette oeuvre, écrite en français même s’il s’agissait d’une commande du New York Metropolitan Orchestra, soit présentée dans la ville pourtant francophone où l’artiste a grandi.

Le fil narratif n’est jamais simple à suivre à l’opéra pour les néophytes, et Prima Donna n’en faisait pas exception, surtout que ce qu’on nous présentait ce week-end à la Place des Arts était en fait une série d’extraits disjoints, avec projection de bouts de films à l’arrière-plan de la scène.

On comprend, en s’informant au préalable, que Prima Donna puise son inspiration dans un documentaire sur Maria Callas, et qu’on nous y présente principalement trois personnages : une cantatrice (incarnée par Kathryn Guthrie) sur le déclin qui prépare son retour sur scène, une femme de chambre (la soprano québécoise Lyne Fortin), ainsi qu’un journaliste (le tenor Antonio Figueroa). Un quatrième protagoniste a été écarté de la version originale pour les fins de cette mouture allégée.

Ces trois personnages alterneront au chant, devant l’imposant orchestre dirigé par Jayce Ogren. Les extraits du film conçu sur mesure par l’Italien Francesco Vezzoli aident à la compréhension des bouts de récit. Les images ajoutent une dimension humaine par le biais de gros plans (notamment sur le visage de l’actrice Cindy Sherman) et de mises en scène intrigantes, sans jamais distraire outre mesure.

Très belle interprétation, qui donne une bonne idée du premier travail opératique de Rufus dans un format condensé pour plaire même aux moins habitués du genre.

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Rufus et ses chansons pop orchestrales

Le chanteur québécois n’est pas sans savoir qu’un opéra s’adresse généralement à un public averti, et c’est sans doute pourquoi Rufus a décidé de s’assurer que son auditoire généralement habitué à du contenu plus pop puisse bien avaler la pilule. Pour ce faire, la version présentée à Montréal ne durait que 60 minutes, alors qu’une deuxième partie (après entracte) proposait 90 autres minutes en compagnie de lui, la star élégamment vêtu d’un complet signé Zaldi Goco, et de ses chansons plus connues, accompagné par l’orchestre.

April Fools donne le coup d’envoi avec entrain, suivie de Vibrate, et on sent Rufus bien en voix.

Plusieurs bons moments suivront : l’incontournable Cigarette and Chocolate Milk, la très jolie Les feux d’artifice t’appellentLittle Sister, ainsi qu’une très jolie reprise de The Last Rose of Summer, accompagné de soeurette Martha. Cette dernière fut d’ailleurs dédiée à leur mère Kate McGarrigle, décédée il y a quelques années.

Au rappel, Going To A Town en version joliment remaniée (mais toujours aussi élégante et charmante), puis Hallelujah, reprise de Leonard Cohen que Rufus a intégré à son répertoire depuis des lustres, cette fois accompagné d’un cousin, d’une cousine et de Martha à nouveau. Les voix se cumulant d’un refrain à l’autre donnent lieu à une belle finale tout en choeur.

Un deuxième rappel enchante encore plus la foule, avec une savoureuse reprise de La Complainte de la butte, de Jean Renoir (au milieu des années 1950), que Rufus avait endisquée sur la trame sonore du film Moulin Rouge au début des années 2000.

 

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