Ben Harper

Festival de Jazz de Montréal 2018 | Ben Harper & Charlie Musselwhite : Un duo à la gloire du blues

Ce mardi soir, la salle Wilfrid-Pelletier aura vibré au son blues de deux illustres musiciens, l’harmoniciste Charlie Musselwhite et Ben Harper, récent lauréat du prix Ella-Fitzgerald. Si le concert s’est déroulé de la meilleure des façons, l’annonce surprise du Festival International de Jazz de Montréal (FIJM) dans la journée aura probablement donné quelques sueurs froides à celles et ceux qui attendaient cet événement avec impatience.

En début d’après-midi, le FIJM communiqua que « suite à une panne mécanique hors de [leur] contrôle, le spectacle de Ben Harper & Charlie Musselwhite (…) est décalé à 21 h 30 et la première partie Delgres est malheureusement annulée ». Dommage pour le trio de blues créole qui enchanta la veille bon nombre de spectateurs sur la scène Hyundai et qui aurait été une belle ouverture ce soir là. Heureusement, dans le dictionnaire, décaler n’est pas synonyme d’annuler et le spectacle offert par les Américains pouvait tout de même avoir lieu.

 

Soirée émotion

Il y a de ces soirées que rien n’ébranlera quand se dégage dès les premiers instants une forme de sérénité. C’est quelques minutes avant l’entame du concert que le cofondateur du Festival Alain Simard s’avança sur scène, deux micros à la main : l’un véritable, pour le discours, et l’autre factice, pour la postérité. Ben Harper, affublé d’un élégant chapeau beige, s’avancera ensuite pour recevoir ce prix Ella-Fitzgerald.

Visiblement ému comme la veille en conférence de presse, le Californien ne manquera pas de faire un discours et de dédier par ailleurs cette récompense à ce public montréalais dont le soutien est indéfectible depuis son premier concert donné au FIJM en 1994.

* Photo par Benoit Rousseau.

Deux artistes acclamés

Presque jour pour jour, vingt-quatre années plus tard, Ben Harper présente un énième projet musical, le fruit cette fois d’une collaboration débutée avec Get Up ! (2013) puis sur No Mercy In This Land (2017). Deux albums qui seront évidemment interprétés ce soir-là durant l’heure et demi de concert.

Sur scène, le chanteur s’installe seul sur un tabouret avec son instrument fétiche sur les cuisses. Avant que des paroles sortent ne soient émises, c’est donc au son de sa guitare slide que le public a pu apprécier le talent toujours intact du natif de Claremont sur l’intro Summertime.

* Photo pr Benoit Rousseau.

S’en suivra sans interruption When I Go avec les entrées acclamées de l’excellent batteur Jimmy Paxon, de Jesse Ingalls à la basse, du guitariste Jason Mozersky et enfin du grand Charlie Musselwhite qui se dirige droit vers sa mallette à harmonicas.

Dans une ambiance qui sera souvent orangée sur fond bleu, Bad Habits puis The Blues Overtook Me seront jouées à la suite, laissant même paraître sur cette dernière la voix profonde et intemporelle du bluesman sur l’une de ses compositions originales. Puis ce sera au tour de Ben Harper de montrer la voie rythmique avec cette introduction géniale de Movin’ On où, en duo avec Jimmy Paxon, il étouffe les notes de sa guitare pour en produire un son proche des percussions. Aucun doute, l’intensité monte d’un cran sous les applaudissements nourris du public.

 

Un respect mutuel

Surviendra à mi-concert un moment fort, celui de Trust You to Dig My Grave. Seuls sur scène, Ben Harper et Charlie Musselwhite se partagent le moment, une guitare acoustique pour l’un et ce fétiche harmonica pour l’autre. Un respect mutuel se dégage inévitablement entre les deux artistes et comme auparavant, Musselwhite fera parler son talent incroyable en déployant des variations soyeuses sur son instrument phare.

* Photo par Benoit Rousseau.

Puis, moment de sursaut dans une setlist rondement menée avec ce blues tout en progression sur I’m Goin’ Home mais surtout Found The One dont la puissance rythmique résonne dans toute la Salle Wilfrid-Pelletier. Jimmy Paxon s’en donne à cœur joie avec un solo de batterie rondement mené dont le mérite sera de dynamiser un public souvent discret scotché sur son siège. Il redeviendra par la suite silencieux, à raison, pour When Love Is Not Enough dont l’interprétation offre un moment de grâce avant que résonne cette reprise de Joe & Minnie McCoy avec When the Levee Breaks. Un moment qui fera inévitablement lever la foule avant un rappel bruyant qui offrira au public Montréalais trois dernières chansons dont No Mercy In This Land de leur dernier album en commun mais aussi l’excellente The Bottle Wins Again.

Enfin, All That Matters Now laissera pour la première fois Jesse Ingalls s’installer derrière ce piano trop souvent délaissé. Il y jouera avec modestie en accompagnement d’un Charlie Musselwhite d’abord seul aux commandes qui verront par la suite un Ben Harper transcendé interpréter les paroles de cette chanson sans micro.

Sa puissante voix fera le reste, laissant le cœur du public de se faire transpercer de cette émotion ultime qui fait de ce concert un moment fort de la 39ème édition du FIJM.

 

Liste des chansons

  1. Summertime (Introduction)
  2. When I Go
  3. Bad Habits
  4. The Blues Overtook Me
  5. I Don’t Believe a Word You Say
  6. Movin’ On
  7. I’m in I’m Out and I’m Gone
  8. Trust You to Dig My Grave
  9. I Ride at Dawn
  10. Found the One
  11. I’m Goin’ Home
  12. Blood Side Out
  13. When Love is Not Enough
  14. When the Levee Breaks
  15. No Mercy in This Land
  16. The Bottle Wins Again
  17. All That Matters Now

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