Jethro Tull

Festival de jazz de Montréal 2018 | Ian Anderson représente Jethro Tull

Le légendaire groupe de rock britannique fêtait ses 50 ans d’existence à la salle Wilfrid Pelletier. Alors que Jethro Tull a compté dans sa longue carrière pas moins de trente-six membres différents, la scène était composée hier soir de l’inimitable chanteur et flûtiste Ian Anderson, du bassiste David Goodier et du claviériste John O’Hara, présents depuis 2007, ainsi que du guitariste Florian Opahle et du batteur Scott Hammond, deux musiciens arrivés peu après dans le groupe.

 

Un show de grande ampleur

En cinquante ans, le groupe a traversé les époques, les genres, passant du pantalon moulant et de la coupe hippie à de plus sobres vestons, chemises  et cheveux blancs. Pourtant, la splendeur de Jethro Tull est restée la même, notamment grâce au leader de toujours Ian Anderson et malgré les nombreux musiciens iconiques qui ne sont plus dans le groupe. Sur scène, Anderson est presque le même qu’en 1980. Tout y est : la voix nasillarde mais juste ; les mimiques, entre sa façon de chanter en levant la tête loin du micro et ses sourcils ultra expressifs ; l’énergie débordante qui nous fait oublier les 70 ans du chanteur ; et enfin les solos de flûte qui rythment chaque morceau. Ian Anderson danse, joue en équilibre sur une seule jambe la moitié du temps, et profite de ce concert millimétré pour s’amuser avec les effets de lumière.

Le show est tout sauf spontané. Il se déroule à la seconde près exactement comme les 49 autres dates de la tournée. Un choix assumé qui permet à Jethro Tull de dérouler tous les classiques de son répertoire sans se poser de questions. À l’arrière-scène, une vidéo tourne en permanence. Elle alterne entre des images psychédéliques, des plans de tracteurs, de chevaux, ou d’usine, sur lesquels sont superposées des archives vidéo du groupe. L’ambiance est parfaitement seventies. Le volume est vraiment fort pour un show en salle. On est parfois abasourdi pas les riffs de guitare et les solos de flûte.

* Photo par Benoit Rousseau.

Liaison du présent et du passé

C’est dans son déroulement que le concert devient un peu inhabituel. Pendant deux heures, Ian Anderson va présenter de nombreux musiciens qui ont appartenu au groupe ou qui s’en sont inspirés. Entre chaque chanson, l’écran géant diffuse une courte vidéo d’un de ces artistes : les premiers membres du groupe, Jeffrey Hammond-Hammond, Mike Abrahams, John Evan par exemple, ou encore certains musiciens de passage comme Tony Iommi (Black Sabbath). D’autres invités virtuels sont simplement des fans : on a droit aux apparitions surprises de Steve Harris (Iron Maiden) ou Joe Elliott (Def Leppards). Ces vidéos inattendues sont à la fois des mots d’encouragement pour Ian Anderson, qui croule sous les compliments de ses collègues, mais elles guident aussi le concert puisque chaque artiste choisit sa chanson préférée du groupe, qui va ensuite être jouée.

C’est un excellent choix de mise en scène. De cette manière, on se rappelle constamment que Jethro Tull a pris de multiples formes dans son existence et qu’on assiste aujourd’hui à l’une d’entre elles, ni plus ni moins. Les artistes les plus mythiques côtoient les musiciens d’aujourd’hui. On est loin de la pseudo-reconstitution d’un groupe emblématique dont la moitié des membres ne sont plus là, et dont les concerts ont un goût fade. Grâce à cette présentation assumée des différentes époques du groupe, on peut apprécier à 100% le talent des musiciens plus récents qui sont ce soir aux côtés de Ian Anderson. Les quatre artistes sont talentueux, et même si le claviériste reste un peu en retrait, ils nous partagent de nouvelles manières de jouer Jethro Tull. Le batteur a été particulièrement impressionnant.

50 ans de Jethro Tull, c’est un concert impressionnant, qui s’appuie beaucoup sur la nostalgie des fans mais où la  performance est au rendez-vous. Ian Anderson et son groupe ont survolé leur répertoire, depuis les classiques Aqualung, A Song for Jeffrey ou Locomotive Breath jusqu’à la plus récente Ring out Solstice Bells. Le show a été à l’image du groupe : psychédélique et unique au monde.

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