Festival de Jazz de Montréal

Festival de Jazz de Montréal 2018 | Jean-Michel Blais, Ólafur Arnalds et Metronomy dictent le rythme

Une chaleur écrasante souligne les débuts de cette 39ème édition du Festival International de Jazz de Montréal (FIJM). Ce n’est pas pour autant que le monde s’arrête de jouer et d’écouter, bien au contraire. Dans un rayon de cinq cent mètres se jouent donc toutes musiques du monde et c’est ça la magie du FIJM. Elle s’est opérée de nouveau vendredi soir.

Pour cette deuxième soirée, de nombreux concerts extérieurs étaient évidemment programmés. Souvent, difficile de choisir lequel assister. Néanmoins, il était impossible de passer à côté de certaines performances en salles qui valaient le détour.

 

Jean-Michel Blais : l’enfant du pays illumine la Maison Symphonique

En guise d’amuse-bouche d’une soirée sensationnelle, Simon Denizart jouait à l’Astral pour y présenter Darkside. En entrevue sur notre site, le Français nous annonçait du rythme et de la modernité et le public n’aura pas été déçu, à raison : les notes subtiles jouées à même le cordage se mariaient parfaitement à la calebasse de son percussionniste Ellie Miller pour accoucher de titres enivrants tels que Oldfield ou Behind the Door. Une belle découverte qui confirme sur scène son potentiel avec un style propre qui fait écho à Jean-Michel Blais.

Puis c’est dans cet endroit sensationnel de la Maison Symphonique que le Québécois s’installe devant un beau piano Steinway. Il ne trouvera pas les mots pour exprimer son bonheur de jouer dans ce lieu qu’il appréhendait, nous disait-il en entrevue. Méticuleux dans son jeu, élégant par ses gestes amples et assurés, le natif de Nicolet aura subjugué un public déjà acquis à sa cause avant même que les premières notes de Roses soient émises sur ce ce piano avec lequel il a d’ailleurs enregistré son album Dans ma main chez Pianos Bolduc sur le boulevard St-Laurent.

Les salves d’applaudissement n’auront jamais cessé dans les gradins de la salle. Il y a eu des sourires à travers l’humour pince-sans-rire d’un pianiste qui se perd parfois à l’oral mais qui ne le fait jamais devant son instrument fétiche. Certaines personnes fermaient aussi les yeux sur la magnifique finale composée de A Heartbeat Away et Il tandis que d’autres voyaient leurs pupilles scintiller à l’écoute de bijoux électro-classiques tels que Igloo ou Blind.

Happé par cette justesse musicale, le public aura sans doute « célébré le silence » tel que souhaité par l’enfant du pays avant de se laisser porter par Olafur Arnalds

 * Photo par Benoit Rousseau.

Comme dans un rêve avec Ólafur Arnalds

À peine le temps de se dégourdir les jambes et l’esprit des émotions fortes procurées par Jean-Michel Blais que le public de la Maison Symphonique retourne déjà en salle pour une deuxième vague de musique contemplative. Puis tout s’assombrit.

Ólafur Arnalds arrive tout d’abord seul sur scène, s’installant rapidement face à son instrument illuminé par un spot de lumière unique. Le moment sera solennel, une forme de rêverie. Il laissera paraître une silhouette élancée qui entamera les premières notes de l’introduction Arbakkin/Þú ert jörðin avant que trois violonistes et une violoncelliste le rejoignent pour le reste du concert. Dès la deuxième chanson, le musicien islandais s’emparera du micro et demandera à la foule de chanter à l’unisson une note enregistrée en direct. Il l’utilisera comme trame sonore pour ce titre, Only The Winds, où son batteur le rejoindra pour apporter une dimension rythmique à ses chansons progressives aux constructions minutieuses.

Dans une ambiance digne d’une messe religieuse ou d’un film fantastique selon les goûts, tout le monde écoute passionnément. Le pianiste surprend même en développant son concept de mini-clavier électronique relié à deux pianos droits acoustiques. Les couches rythmiques et mélodiques se superposent et offriront des moments exquis comme sur les titre Near Light et Nyepi, où le pianiste valorise ce silence souhaité par une splendide introduction onirique de piano en solo.

« C’est l’une des plus belles pièces dans laquelle j’ai joué», avouera Ólafur Arnalds. Quant au public, il se souviendra peut-être de l’un des plus beau concert auquel il ait assisté dans cette salle.

* Photo par Victor Diaz Lamich.

Metronomy : un concert linéaire mais efficace

À la conclusion du spectacle d’Ólafur Arnalds, c’est Metronomy qui prend place sur une scène non loin de là. Dans une ambiance généralement festive, les Anglais viennent distiller une électro-pop aux allures parfois disco dans un MTELUS bien remplit. Sous la houlette des synthés 80’s d’Oscar Cash et de la batterie énergique d’Anna Prior, les Anglais ont donné beaucoup de réjouissance à la foule en jouant un set majuscule de plus de 20 titres. Evidemment, une bonne partie du répertoire fût interprété, allant des albums Nights Out à Summer 08 en passant par The English Riviera.

S’essayant au français, le chanteur à la chevelure bouclée Joseph Mount tenta parfois de dynamiser un concert très linéaire dans le fond mais efficace sur sa forme musicale. Difficile aussi de passer après les énergiques We Are Wolves.

On retiendra toutefois un enthousiasme devenu plus intense à mesure que le spectacle se poursuivit, notamment à mi-chemin lorsque Love Letters fît danser et lever la foule plus intensément qu’auparavant. Peu de soubresauts sont à signaler à l’exception de l’enthousiasmante The Look mais aussi Old Skool avec ses bongos endiablés ou la progressive Lately et son final rythmique époustouflant.

À l’inverse de certains de leurs concerts affublés d’un décor loufoque, celui-ci manquait d’une fantaisie pop colorée que laisse transparaître la musique du groupe. Malgré tout, la fête était au rendez-vous et le public a apprécié l’heure et demi passé en compagnie du quintet anglais. Et c’est bien là le principal !

Photos en vrac de Metronomy et We Are Wolves

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