Future

Festival d’été de Québec 2018 – Jour 3 | Future sur les Plaines: Sauver une soirée inégale

Après avoir fait une grande prise l’été dernier en attrapant Kendrick Lamar, le Festival d’Été de Québec faisait confiance à Future pour s’occuper de la soirée hip-hop sur les Plaines. Sans être extraordinaire, le roi du trap américain aura tout de même réussi à livrer une performance honnête et soutenue d’un peu plus d’une heure.


Il faut dire que la barre était plutôt basse, alors que l’artiste d’Atlanta concluait un marathon de cinq heures de rap et de trap assez inégal. Future semblait en contrôle dès le début du spectacle. Il a d’ailleurs surpris la foule très tôt avec un extrait de Bugatti, chanson d’Ace Hood. Cinq ans après que la pièce ait été un succès viral,  plusieurs semblaient avoir oublié que c’était bel et bien l’ancien protégé de Gucci Mane qui se cachait derrière son refrain.

Entouré de quelques danseurs vêtis de complets blancs, Future a enchaîné à un rythme efficace ses différents succès. Plusieurs pièces comme Move That Dope, hit qui contient des couplets de Pusha T, Pharrell Williams et Casino, étaient jouées en versions écourtées pour ne garder que les parties de FutureJumpman aura été l’une des rares exceptions à cette règle. La voix préenregistrée de Drake se faisait alors entendre sur les Plaines, affectant du même coup l’énergie du public. Il y a en effet semblé y avoir une baisse de régime de la foule en milieu de parcours, malgré les performances de Trap N***as et Low Life, entre autres.

Les Plaines se sont toutefois ressaisies pour le sprint final de Future, qui a coup sur coup joué F*** Up Some Commas et Mask Off, de loin son plus grand succès. On sentait que le public attendait cette dernière pièce avec impatience, si bien que le site a semblé se vider dès sa conclusion même s’il restait encore un peu de matériel dans le sac de Future. Les déserteurs auront ainsi manqué l’excellent March Madness ainsi qu’une démonstration du savoir-faire des danseurs qui accompagnaient le rappeur.

Au final, malgré une foule plus modeste que pour Kendrick Lamar, Future a prouvé la pertinence d’un soirée rap au FÉQ, même si ses premières parties n’ont pas toutes été aussi réussies.

Loud à la hauteur

Sans contredit le rappeur de l’heure au Québec, Loud a sans contredit donné le meilleur spectacle parmi les trois premières parties. Il pouvait compter sur un public qui semblait connaître par coeur tous ses refrains, de la pièce Immortel à Toutes les femmes savent danser. L’entourage du nouveau riche a d’ailleurs profité de la soirée pour souligner le fait que cette dernière pièce trône présentement au sommet du palmarès radio franco de l’ADISQ.

Professionnel d’un bout à l’autre, Loud avait bien mérité d’ouvrir pour l’un des plus grands rappeurs de la planète. Certes, il semble toujours vouloir parler de consécration à la première personne dans chacune de ses chansons. Mais lorsque l’on compte cinq vidéoclips avec plus d’un million de visionnements sur YouTube en seulement un an, on peut se permettre de se prendre autant au sérieux.

Lil Yachty sans substance ni pertinence

Si Loud a paru aussi bon, c’est peut-être parce qu’il était pris en sandwich entre deux spectacles franchement décevants. C’est d’abord le Canadien Killy qui a ouvert les festivités trap au FEQ dès 18:30. Peu de festivaliers étaient arrivés pour sa performance, mais force est d’admettre que les retardataires n’ont pas manqué grand-chose.

C’est toutefois l’Américain Lil Yachty qui décroche la palme du spectacle le plus pathétique du Festival, et on voit mal comment quelqu’un pourra lui ravir la palme cette année. En tout, le rappeur habillé tout de rouge aura passé moins de la moitié du temps sur scène qui lui était alloué à performer ses chansons. Et il faut dire que «performer» est ici un bien grand mot. Plus souvent qu’autrement, on sentait qu’il se contentait de faire jouer ses chansons telles que telles depuis son iTunes alors qu’il faisait d’atroces ad-libs au micro.

L’autre moitié du spectacle a été perdue alors qu’il prenait de très, très longues pauses entre les pièces pour réclamer des mosh pits, souvent assis dans les escaliers qui séparent deux portions de la scène. «Je veux que vous ouvriez des mosh pits pour chacune des chansons!» s’est-il époumoné à environ 40 000 reprises après seulement la deuxième pièce. C’était frustrant, puisque même lorsque des festivaliers obéissaient à ses ordres, ils devaient attendre encore de longues minutes avant de pouvoir commencer à se défouler.

Question de couper le rythme encore plus, Lil Yachty s’est lancé en plein milieu de son spectacle dans un incompréhensible «Boat Test». Pendant cinq bonnes minutes, le rappeur Soundcloud a balancé des bouteilles d’eau dans la foule en leur demandant de ne pas les boire. Pour faire passer le temps, la chanson thème de Jeopardy jouait en boucle. Une fois la perte de temps terminée, Lil Yachty a demandé aux «chanceux» qui en avaient attrapé une de faire une guerre de bouteilles d’eau lorsque sa prochaine chanson allait partir. Inutile de dire qu’une quarantaine de bouteilles d’eau qui se font garrocher par la grande foule des Plaines d’Abraham, ça ne donne pas grand-chose. Les organisateurs du FEQ seront au moins contents d’apprendre que lesdites bouteilles étaient en plastique souple.

Enfin, le jeune homme de vingt ans a terminé ses bouffonneries en rendant un hommage à XXXTentacion, jeune rappeur assassiné le mois dernier qui était autant connu pour ses succès sur Soundcloud que pour les accusations horribles et troublantes portées contre lui. Bref, malgré ses millions d’écoutes à l’international, Lil Yachty n’était peut-être pas la meilleure personne à mettre sur une si grande scène. Même si le trap connait son heure de gloire sur les plateformes de streaming, rares sont les vedettes qui sont en mesure de donner un spectacle cohérent et pertinent dans ce style où tout est programmé d’avance. Future a prouvé que c’est possible; Lil Yachty a prouvé que ce n’est pas pas à la portée de tous.

Vos commentaires