Fontaine de Marc-André Casavant | Imbuvable

Influencés par ce qui se faisait de mieux à New York sur la scène underground dans les années 1980, des artistes d’ici, avec en tête Michel Lemieux, ont révolutionné la pratique scénique devant un public averti qui découvrait des mots comme multidisciplinaire, pluridisciplinaire, mix-média, performance et danse-théâtre. La performance en particulier, échappant aux styles et se vouant à faire découvrir les nouvelles technologies en les mettant au service de l’art, interrogeait le spectateur en le secouant, et faisait d’autant évoluer les arts de la scène tels que pratiqués à Montréal alors. Quarante ans plus tard, on ne peut que se désoler devant ce que Marc-André Casavant appelle de façon abusive une « performance électro-choc » avec son non-spectacle, Fontaine, présenté au Bleury – Bar à Vinyle.

Photo par Sébastien Roy.

Photo par Sébastien Roy.

Le petit bar au plancher sale de la rue de Bleury n’est déjà pas très malléable, de par sa superficie exigüe. Accueillant tout au plus une trentaine de spectateurs, dont la majorité restera debout faute de sièges, le petit bar miteux, avec près de 20 minutes de retard, verra entrer le comédien Marc-André Casavant, perruque synthétique bleue et verres fumés, vêtu d’un simple caleçon noir sous un manteau ouvert, en fausse fourrure assurément. Ainsi grimé, le personnage que son auteur a baptisé du nom risible de Discosalope, se pavane en distribuant de sa voix efféminée et cassante quelques boniments de mauvais goût et sans réelle portée.

Avec la répétition jusqu’à plus soif de « Il ne faut jamais dire : fontaine, je ne boirai jamais de ton eau. », le spectacle manque de substance. Très loin des revendications des années 1980 et de leur affirmation, le texte est d’une affligeante banalité. Une réplique comme « Je ne me raserai jamais la raie, câlisse! », lancée à brûle-pourpoint, en est un tout petit exemple. Le grand élancé avec sa mince moustache pour tout attribut masculin, déblatère en prenant le public en otage. Pourquoi donc, entre autres, choisir six spectateurs et les placer face au mur de longues minutes?

Photo par Sébastien Roy.

Photo par Sébastien Roy.

Les changements laborieux de ses robes à paillettes, comme les retouches de maquillage par son habilleuse, laissent de glace. Le comédien, pourtant diplômé en arts d’interprétation du Conservatoire Lasalle, n’arrive jamais à nous toucher, à nous faire rire ou pleurer, à nous surprendre. Sans moyens technologiques à la fine pointe, ni éclairages inventifs et créateurs d’ambiance, ni éléments de décors astucieux, ni musique originale ponctuant le texte et les déplacements, ni apports en arts visuels, ni chansons émouvantes, cette Fontaine de Marc-André Casavant est carrément imbuvable.

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