Forum Culture + Numérique 2017 | Une première édition qui brasse les méninges

Les acteurs des industries culturelle et numérique se réunissaient, ce mardi 21 et mercredi 22 mars 2017, dans le cadre du tout premier Forum Culture + Numérique, à l’espace DigiHub de Shawinigan. Au terme de deux jours d’ateliers, de panels et d’échanges, des idées ont émergé et des rencontres ont germé dans l’espoir d’adopter le changement plutôt que de le craindre.

Le Forum a débuté sur les chapeaux de roue mardi matin avec une conférence d’ouverture sous le thème « Transformer les modèles », avec l’homme d’affaire Alexandre Taillefer, qui y est allé de quelques déclarations qui donnaient le ton.

Le message qu’il martèle : les géants du numérique (Google, Amazon et Facebook) contrôlent le jeu et empochent la grande part du profit, mais le Québec devrait avoir l’audace de former ses propres réseaux indépendants de façon à freiner l’exil des dollars engendrés par les outils numériques.  Il est de son avis que le savoir-faire québécois pourrait rivaliser en investissant dans l’algorithme et l’intelligence artificielle nécessaires pour développer des modèles innovants et surtout locaux, qui profiteraient aux gens d’ici. Mais pour ce faire, il faudra réunir toutes les forces dans un projet rassembleur, et que tous les acteurs du milieu l’adoptent. « On a tous un ennemi commun. Si chacun fait sa petite patente, on s’en va à la guerre avec un lance-patates », clamait-t-il devant une foule attentive.

Pas fou, mais le défi est colossal. Et certains diront un peu protectionniste. D’autres intervenants, comme Clément Laberge, un entrepreneur du domaine du livre, s’inscrivent en faux de cette idée d’un « Facebook québécois. » « Il ne suffit pas d’inventer un nouveau Facebook, mais bien de se donner un rapport de force à l’intérieur de celui-ci », soulignait M. Laberge lors d’un panel.

C’est le genre de confrontation d’idées qu’on retrouve au Forum Culture + Numérique, parce que les réalités ne sont pas toutes les mêmes, et les perceptions sont forcément variées. De là naissent souvent les meilleures idées. Des gens de tous les spectres des milieux culturel et numérique y croisaient leurs perceptions, confrontaient les idées. Plusieurs des gens présents étaient membres du Regroupement des Producteurs Multimédia (RPM), qui était d’ailleurs le présentateur officiel de l’événement.

Malheureusement absents du processus, les jeunes professionnels milléniaux se faisaient rares parmi les 191 participants au Forum, comme l’a admis non sans une pointe d’ironie Sylvain Carle, animateur d’un des panels… Un effort particulier en ce sens sera peut-être nécessaire afin d’intéresser cette génération de jeunes adultes, surtout lorsqu’il est question de brasser des idées et d’épouser le changement à l’ère du numérique.

 

Vers l’avant

fcn-presentationSi les mots « collaboration », « culture entrepreneuriale », « croisement intersectoriel » et « données publiques » flottaient dans l’air en permanence, encore faut-il ensuite les concrétiser.

Mais certaines orientations ressortent du lot, comme l’idée de créer une marque « Culture Québec » forte (un projet nommé « Wow Québec » a même été évoqué en guise d’exemple), qui servirait à bien vendre nos produits culturels et numériques ici comme à l’étranger.

D’autres concepts explorés visent davantage le financement de la culture et du numérique, comme l’idée de créer un fonds de capital de risque dédié au développement de la propriété intellectuelle (plutôt que de financer constamment « au projet »).

 

Digihub

Le premier Forum Culture + Numérique se tenait au Digihub, à Shawinigan, une initiative qui incarne bien le renouveau de la ville mauricienne, qui est désormais considérée comme le troisième pôle numérique au Québec.

Comme l’expliquait le directeur du Digihub, Philippe Nadeau, le lieu est passé d’une « vieille cotonnerie rénovée à coups de 15 millions de dollars pour en faire un incubateur de jeunes entrepreneurs, qui les accompagnent dans les 5 premières années de leur mise en place. »

Selon lui, Digihub est à l’image de la Ville de Shawinigan qui a connu l’essor et le déclin de l’industrie des grandes usines au cours des dernières décennies. Les projets comme le Digihub visent à faire passer Shawinigan d’une économie de la grande entreprise vers une culture entrepreneuriale de petites et moyennes entreprises.

Voyez également la conférence de presse du projet Hub Montréal, une sorte de « SXSW montréalais » qui se tiendra en novembre 2017 à Montréal.

Site officiel du Forum Culture + Numérique

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