Camille

Francos 2018 | Les voix de Camille

Ayant marqué les esprits avec son spectacle « Le fil » au défunt Spectrum en 2005, la chanteuse française Camille n’était pas revenue aux Francos depuis 2008. Dix ans plus tard, devenue mère de deux enfants, acclamée par la critique et le public, elle présente ce soir « Ouï » au Théâtre Maisonneuve.

La transposition scénique de son dernier album, où la voix de Camille est souvent multipliée, imposait des choix artistiques. « J’ai pensé à la technologie et tout le machin, mais je voulais travailler avec des chanteuses », explique l’auteure-compositrice-interprète durant la conférence de presse animée par Nicolas Tittley cet après-midi. Trois jeunes femmes formeront un chœur dont les arrangements sont de Camille et de Clément Ducol, son conjoint et orchestrateur.

Sur scène, il y aura également un piano, un orgue, une basse. Et un tambour, instrument essentiel sur Ouï. Ce minimalisme stimule Camille. « On a un corps limité. Dans la création, j’ai besoin de m’auto-contraindre. J’essaye de partir de peu d’ingrédients. Je crois que la cuisine est née parce qu’il n’y avait pas beaucoup de choses à manger. Tomate, sauce tomate, salade de tomates. Je fais la même chose. Du tambour, du tambour et encore du tambour ! »

Chorale d’hormones

Si le tambour importe dans la création de Ouï, la maternité a inspiré la chanteuse française pour plusieurs de ses chansons, en plus de transformer son outil de travail, sa voix. « Les changements hormonaux, quand tu allaites, tu ne chantes pas pareil. Quand tu ovules, non plus. La maternité, c’est sûr que ça doit apporter un encrage. Je sens plus mon énergie dans le bassin. Ça doit se ressentir dans mon chant. De façon générale, l’état émotionnel a une incidence sur la voix. »

Les berceuses que Camille Dalmais murmure à ses enfants, Marius et Lila, sont issues du répertoire traditionnel, anglais et français. Certaines sont des compositions. « Bubble Lady [sur l’album Ilo Lympia] a été écrite durant la grossesse de mon fils. D’autres n’ont pas été mises sur disque, mais ça pourrait arriver. »

Chant sacré

Mélange de berceuses, de folk, de ballades pop et de pièces a cappella, l’album Ouï a été conçu dans une chartreuse du 12e siècle. « Cette cellule est originalement pour les moines. Les murs épais comme ça, avec de grandes fenêtres, un jardin. C’est un lieu qui a été désacralisé au début du 20e siècle, mais qui est devenu une résidence d’écriture théâtrale dans les années 70. Là, j’étais un peu une invitée spéciale. Ce qui m’intéresse, ce sont les acoustiques dans ces lieux religieux. Il y en a qui me plaisent, d’autres non. Dans cette chartreuse, il n’y avait pas de poids. Il y a l’Histoire, la beauté des pierres et de l’architecture, mais j’y ressentais de la légèreté. »

Mais, c’est le spectacle qui est une communion avec le public. « En tant qu’artiste, les tournées, ce sont des rituels. Avec la foule, il y a une catharsis. » La gagnante du Victoire de la musique pour le concert de l’année en 2018 se sent accomplie lorsque le public chante à son tour. « Mon travail, c’est de transmettre le chant. D’enchanter. Pour amener les gens aux chants, il faut les détendre. Lâcher la tête. Déjà, tu as 80 % du travail de fait. Les spectateurs à la fin, ils chantent tout seuls ! Beaucoup de chanteurs font chanter leur public. Pour moi, ce n’est pas important qu’il chante mes chansons, mais qu’il chante pour chanter. »

Souhaitons à Camille un chœur à la voix libérée au Théâtre Maisonneuve ce soir!

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