Francouvertes 2015 | Eugène et le cheval – « Dualité entre le trop vrai et le complètement absurde »

L’aventure des Francouvertes continue lundi prochain et, pour l’occasion, Sors-tu.ca a discuté avec Pierre-Paul Giroux d’Eugène et le cheval, son choix du Pool des Francouvertes. Un groupe qui aime le risque et l’absurdité, et envisage le concours avec le plus de sérénité possible.

Courtoisie des Francouvertes

Courtoisie des Francouvertes

Le parcours d’Eugène et le cheval 

Tout a commencé en 2008, lorsque Pierre-Paul Giroux et Philippe St-Denis, après avoir mis fin au groupe Bleu dans lequel ils jouaient, se remettent à la musique « par besoin » précisera Pierre-Paul. « On s’est mis à enregistrer de la musique comme ça, dans notre petit studio, on trackait des nouvelles chansons, on enregistrait, on improvisait. A un moment donné, on a regardé nos tounes, puis on a réalisé qu’on avait finalement quelque chose, et on a décidé de faire un disque avec ça. »

Naît alors Eugène et le cheval, groupe dont le nom fait référence à Eugène Ionesco, et à l’animal vif qu’est le cheval. Le band sort un premier EP en 2009, puis un premier album intitulé Plantes carnivores et autres mécanismes de défense en 2011.

Photo de Michel Pinault

Photo de Michel Pinault

Eugène et le cheval s’est alors entouré de deux musiciens pour ses dates de spectacles : Guillaume Alix et Maxime St-Denis (frère de Philippe comme vous aurez pu le deviner). Ce qui était au départ une simple collaboration de scène s’est soldé par l’intégration des deux membres au sein du groupe. « Guillaume s’est joint à nous au début, c’était juste comme musicien, la même chose pour Max. Finalement on s’est dit que tant qu’à jouer avec eux sur le stage, on va les inclure dans le processus créatif. »

Une décision pas si simple à prendre pour les fondateurs du groupe, qui avaient leurs petites habitudes. « On fait tout le temps la blague, qu’un band c’est comme être un couple. Donc là, on était un couple à deux. […] On était pris dans une façon de travailler, on a pris de la routine à faire le premier disque ! »

Suite à l’intégration des deux nouveaux membres, Eugène et le cheval a travaillé à son deuxième album sorti en 2014, Pertes de mémoire et autres mécanismes de défense. Beucoup de mots dans ces titres, vous trouvez ? « Moi j’aime les titres d’albums qui sont longs », répond Pierre-Paul.

 

Méthodes de travail peu orthodoxes

Tous multi-instrumentistes, les membres d’Eugène et le cheval changent sans problème d’instruments durant l’enregistrement. Une méthode peu commune au sein des groupes, qui leur donne une liberté en plus. « Quand on travaille, on dit vraiment : « Hey, ce n’est pas bon ce que tu fais ». On laisse tomber notre ego. Pour être honnête, je trouve que c’est super important, la toune est meilleure à la fin. »

Cette aisance à changer d’instruments a notamment causé un changement d’instrument lorsque Guillaume est arrivé dans le groupe ; au départ, il jouait de la basse en concert, et aujourd’hui, il joue de la guitare, Philippe l’ayant remplacé à l’instrument à 4 cordes.

Eugène et le cheval a aussi pour habitude de composer en enregistrant l’album, dans le feu de l’action. « On arrive, on fait n’importe quoi… enfin pas vraiment n’importe quoi ! On se laisse aller et on se relance. « Fais comme ça, reste sur cette note-là. » Puis on construit la toune comme ça. » Pierre-Paul dira même que la première chose que le groupe doit faire, une fois l’album fini, c’est d’apprendre les morceaux !

On retrouve ainsi sur Pertes de mémoire et autres mécanismes de défense des premiers jets sur certains morceaux. Des anecdotes se cachent d’ailleurs derrière cela « Il y a un des bouts où on entend un cellulaire sonner : dans la chanson Le Verre, entre 1 et 2 minutes ! […] Quand on pouvait garder des moments comme ça, quand on sentait qu’il s’était passé quelque chose, c’est certain qu’on les gardait. »

 

Absurdité vs Accessibilité

Photo courtoisie d'Eugène et le cheval

Photo courtoisie d’Eugène et le cheval

Comme évoqué ci-dessus, le nom Eugène et le cheval est inspiré d’Eugène Ionesco, un des maîtres du théâtre de l’absurde. Et cela marque également la musique du band, aux couleurs psychédéliques, et aux paroles parfois insensées. Pourtant le groupe part souvent du réel pour le faire évoluer vers l’absurdité. « La chanson Foam commence avec les paroles les plus quétaines possibles, puis ça vire vers quelque chose d’autre. J’aime ça partir de quelque chose de super ordinaire puis ça décolle. […] J’adore cette dualité entre le trop vrai et le complètement absurde. »

Cette particularité, renforcée par les arrangements et la voix plutôt monotone du chanteur rendent la musique du groupe pas toujours simple d’accès. Un thème qui travaille beaucoup le band.  « C’est drôle parce qu’à chaque fois qu’on commence un disque c’est « On va aller encore plus loin, plus bizarre ». J’ai souvent l’impression que c’est trop commercial, puis là il y a des gens qui vont dire « Oh c’est vraiment étrange, faut être dans un mood pour écouter». »

Finalement cela rend Eugène et le cheval plus original. Le groupe, probablement un des plus expérimentés de la sélection 2015 des Francouvertes n’envisage toutefois pas une victoire facile. «Est-ce que l’expérience donne un avantage ? Je ne sais pas. […] Le but c’est de se faire connaître. »

Eugène et le cheval sera lundi soir au Lion d’Or, avec Mathieu Bérubé et Anatole.

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