Francouvertes

Francouvertes 2018 – Soir 4 | Laura Lefebvre, Julien Déry et Mort Rose, de toutes les couleurs

La 4e soirée des Francouvertes s’annonçait déjà éclectique sur papier. Un peu folk, un peu rock, un peu pop… On s’attendait quand même à quelque chose d’assez varié. La poussière étant retombée, il est encore plus difficile de placer dans une seule case chacune des trois performances de la soirée, l’une des plus intéressantes de la 22e édition du concours-vitrine jusqu’ici.

L’ex de la semaine: Maude Audet, format collation

Photo par Jean-François LeBlanc.

Photo par Jean-François LeBlanc.

Dans ce buffet de styles, c’est l’ex Maude Audet qui devait servir d’entrée. L’auteure-compositeure-interprète a fait beaucoup de chemin depuis son passage aux Francouvertes en 2013, alors qu’elle ne se servait que de son prénom pour se présenter.

Son album Comme une odeur de déclin, paru l’automne dernier, est par ailleurs un véritable bijou. Le public n’a toutefois eu droit qu’à une seule pièce du long jeu, l’extrait Gallaway Road, en plus de la nouvelle pièce Tu en trembleras encore. Entre les deux morceaux, un monologue assez long a servi à combler le reste du temps. La guitariste a parlé de son expérience en 2013 et a voulu offrir des messages d’encouragement et d’espoir pour les concurrents qui ne se rendront pas jusqu’au bout. C’est louable, mais on aurait voulu plus de ses (excellentes) chansons.

 

 

Laura Lefebvre

Avant sa performance, on se demandait un peu ce que faisait une artiste comme Laura Lefebvre dans un plateau à première vue assez musclé. Comme une impression que son folk fragile allait lui valoir de se faire manger toute crue…

La coqueluche de Québec a toutefois surpris avec une proposition éclatée et variée. L’introduction instrumentale de Fragile ne dure que six secondes sur la version disponible sur Bandcamp. Pour ouvrir son spectacle, elle a étiré celle-ci pour se créer un univers aux textures riches et intéressantes. Avec, entre autres, une guitare électrique bien planante, limite dream pop, et une batterie inventive signée Olivier Beaulieu, la performance de Laura Lefebvre allait au-delà des clichés de la « folk-pop triste » pour offrir un son bien à elle.

Si Laura peut compter sur de bonnes compositions et de bons musiciens, il faut avouer que la voix n’était pas tout à fait à point, surtout lorsqu’elle va chercher des notes très hautes. C’est d’autant plus dérangeant que Laura Lefebvre passe beaucoup de temps à flirter avec les octaves élevés. Il s’agit toutefois d’un détail qui ne devrait pas nous empêcher de suivre son évolution au fil des prochaines années.

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* Photo par Jean-François LeBlanc.

Julien Déry

Dans un bar-karaoké, vers deux heures du matin, nombreux sont celles et ceux qui, après avoir enchaîné les promotions sur les pichets et les shooters, décident de tout donner sur You Give Love a Bad Name. Pour les gens sobres autour, on a l’impression d’assister à la déchéance humaine. Pour lesdits chanteurs, il s’agit de la performance d’une vie.

Julien Déry, ce n’est pas le rebut humain qui lance trop fort son haleine dans le micro, c’est plutôt la bête de scène qu’on croit tous être après trop de rousses. On veut tous être ça, au fond.

Si sa musique avec le groupe Mauves est plus terre-à-terre, le chanteur, libéré de sa guitare, laisse son personnage et son égo en pleine liberté sur scène.  Il ne lui a d’ailleurs fallu que quelques mimiques dès son entrée pour mettre le public dans sa poche, avant même de pousser la moindre note.

Tantôt psychédéliques, tantôt bonbons, ses pièces s’enchaînaient au rythme de ses courts monologues décadents. Derrière cette façade excentrique se cache un désir de revisiter la musique pop, l’ironisant entre autres sur la pièce Rouge à lèvres (la la la). Aidé de musiciens chevronnés, il a offert une performance magnétique, démontrant un projet au grand potentiel. Les chansons étaient somme toutes assez bonnes, mais la performance était encore plus intéressante.

francouvertes-2018-julien-dery* Photo par Jean-François LeBlanc.

Mort Rose

La semaine dernière, Valse Fréquence était à la fois le groupe qui jouait le plus fort et celui qui avait rassemblé le plus d’admirateurs dans la salle. Ces efforts n’avaient toutefois pas été suffisants pour les sortir de la cave du palmarès, dont ils sont déjà exclus à la quatrième soirée.

Cette semaine, c’est Mort Rose qui a apporté les décibels et les fans au parti pris; la performance aura par contre été plus convaincante cette fois-ci. Dans une cascade de mouvements de pelvis et de cambrures de hanches, le jeune groupe a offert bon nombre de numéros dansants et de refrains accrocheurs. Bien ancrées dans une esthétique kitsch rappelant les balbutiements de la révolution sexuelle du milieu du siècle dernier, les quatre musiciens ont joué les mauvais garçons au plus grand bonheur des demoiselles présentes.

Le groupe a donc trouvé son créneau et c’est facile de les imaginer remplir la Rockette ou faire fureur dans un bal de finissants. Toutefois, dans une compétition un peu plus sérieuse comme celle des Francouvertes, leur proposition reste assez limitée, figée au premier degré.

Un groupe de rock’n’roll qui fait des chansons d’amour, c’est pas mal le début et la fin de ce que Mort Rose a à offrir pour l’instant.

On aimerait les voir jouer avec les clichés, s’amuser à déconstruire leur son pour donner quelque chose de nouveau. Pour l’instant, on se retrouve avec un simple pastiche de ce qui a été fait auparavant. C’est un pastiche efficace, certes, mais qui donne l’impression qu’il y a encore beaucoup de travail et de recherche à faire en composition pour être vraiment pris au sérieux.

francouvertes-2018-mort-rose* Photo par Jean-François LeBlanc.

Verdict

En cette quatrième semaine, on commence déjà à voir certaines têtes tomber: nous avons en effet atteint le point où le nombre d’artistes qui ont défilé sur les planches du Lion d’or (12) dépasse le nombre de places disponibles dans le palmarès (9). Avec un public déjà vendu d’avance, on s’attendait à ce que Mort Rose récolte plusieurs points. Il faut croire que les juges n’ont pas détesté non plus, puisque le quatuor s’empare de la 4e place provisoire, tout juste devant Jay Scøtt X Smitty Bacalley.

Julien Déry et Laura Lefebvre arrachent quant à eux les 8e et 9e places du classement, respectivement. Dans le cas de Julien Déry, il y a de quoi être déçu, puisqu’il aurait pu mériter mieux. Avec encore trois grosses soirées à venir, ces deux artistes devront de toute évidence se résigner à bientôt rejoindre Raphaël Dénommé, Of Course et Valse Fréquence, qui ont eux aussi été écartés du classement.

  1. LaF
  2. zouz
  3. Lou-Adrianne Cassidy
  4. Mort Rose
  5. Jay Scøtt X Smitty Bacalley
  6. Gabriel Bouchard
  7. Mathieu Bérubé
  8. Julien Déry
  9. Laura Lefebvre

Éliminés 
x Raphaël Dénommé
x Of Course
x Valse Fréquence

 

De toutes les soirées des Francouvertes, celle de lundi prochain reste la plus mystérieuse. Difficile de savoir en effet quel genre de performances Barrdo, Totem Tabou et, surtout, Crabe offriront et, surtout, quelle sera la réponse du public et des juges. Une chose est certaine, les décibels devraient abonder pour ce cinquième concert. Après avoir atteint les demi-finales l’an dernier sous le nom de MCC, l’ex Marie-Claudel aura le mandat d’ouvrir le bal.

Événements à venir

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