Fred Fortin

Fred Fortin – Ultramarr (****) | Poésie col bleu et folk-blues inspiré

Fred Fortin - Ultramarr Fred Fortin Ultramarr

Sept ans après avoir « plastré la lune », Fred Fortin revient sur terre, à son folk-rock oblique et sa poésie queb’ de col bleu franche, sensible et bien groundée, avec des touches d’humour grinçant. Le fantastique Ultramarr carbure au talent brut et aux collaborations nouvelles. Après quelques années de fuzz, il retrouve la guitare sèche et nous, on le retrouve en grande forme, une oeuvre marquante sous le bras.

Le « retour »

Réglons tout de suite deux choses :

1. Ce n’est pas tant un « retour » de Fred Fortin, puisqu’il a été bien assez occupé ces dernières années à bord de son Galaxie et à taquiner le Gros mené. On l’aime bien en trip de gang, même que ces deux projets comblent un vide à remplir en matière de gros rock qui bûche au Québec. (Même si les I.D.A.L.G., Corridor et autres Barrasso de ce monde prennent peu à peu le relais.)

Ce qui n’empêche pas qu’on s’ennuyait de son imaginaire coloré, de ses personnages paumés et de sa façon unique d’observer le quotidien.

2. On parle d’un « retour » comme s’il revenait chausser ses pantoufles confortables. En vérité, il revient à une formule « Fred Fortin », à la prédominance de la guitare acoustique et à son écriture unique. Sauf que les complices ont quelque peu changé…

Les bons vieux Sam Joly (batterie), François Lafontaine (synthétiseurs) et Olivier Langevin (basse) s’y trouvent toujours. Mais il y a aussi les frères Brad et Andrew Barr à ses côtés pour cette aventure, et leur influence se fait sentir. Les guitares du premier apportent du beau comme de l’étrangeté, des accents de blues débridé, de country par moments. La touche d’Andrew à la batterie ajoute aussi un petit quelque chose, contribue à donner l’impression qu’on ait affaire à un album de bande plutôt qu’un trip individuel. Parce que oui, les maquettes ont été créées en solo, Fred Fortin jouant lui-même d’à peu près tous les instruments nécessaires. Les musiciens  étaient toutefois appelés à ajouter leurs couleurs.

Oiseau lance l’album avec autant de grâce que son titre le laisse entendre. Devant l’animal à plumes, il philosophe à sa façon et la rythmique bluesée s’installe, pendant que fusent de toute part les notes de lapsteel de Joe Grass.

Un premier personnage paumé (et « fumivore ») fait son apparition sur Douille, moins jojo mais très touchante. Un autre, aux traits semblables – mais « au volant de ton corbillard », peut-être celui de la pochette? – fait l’objet de la chanson 10$, le premier extrait paru il y a quelques semaines.

Ensuite, Tête perdue pourrait être bien être le prototype parfait de ce qu’est une chanson de Fred Fortin.

L’album se conclut sur la chanson titre, un p’tit blues vite fait, comique et plein d’esprit, relatant le quotidien d’un pauvre employé d’une station-service, qui a « juste hâte à vendredi soir / Pour me faire des grosses barres », puis d’une encore plus « vite fait », la bien-nommée Tite Dernière, comme pour atterrir.

En plus, Ultramarr nous arrive tout juste au bon moment, au détour de l’hiver qui nous a tous assommé un peu. Cette saison maudite est très présente dans Ultramarr, au premier degré dans l’amusante Gratte, mais aussi dans Oiseau et Grippe.

Un de ces albums qu’on écoutera souvent ces prochains mois, et qui perdurera dans le temps.

* À voir en spectacle au Club Soda en octobre prochain.

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