Quatuor tristesse

FTA 2018 | Quatuor Tristesse de Daniel Léveillé en première mondiale au Wilder – Espace Danse

C’était soir de création mondiale mercredi pour la compagnie Daniel Léveillé Danse, avec « Quatuor tristesse » présentée dans le cadre du Festival TransAmériques à la Salle Rouge du Wilder. Deuxième opus, après « Solitudes duo », d’un nouveau cycle pour le chorégraphe qui a reçu le Grand Prix de la danse de Montréal l’année dernière, et qui depuis 2007 en est à sa quatrième participation au FTA.

Nouveau cycle, mais même signature reconnaissable de Daniel Léveillé après Amour, acide et noix en 2001, La pudeur des icebergs en 2004, et Crépuscule des océans en 2007, formant son précédent cycle de création qui lui a valu la consécration mondiale.

Quatuor tristesse est dédié à Martine Époque, cette pionnière de la danse contemporaine ici avec le légendaire Groupe Nouvelle Aire fondé par elle en 1968, dans l’esprit de la « modern dance » américaine de Martha Graham, et dont l’école aura été le déclencheur de la carrière marquante à l’international des Louise Bédard, Paul-André Fortier, Ginette Laurin, Édouard Lock, Louise Lecavalier et bien sûr, Daniel Léveillé.

« Mes créations sont une sorte de bande dessinée chorégraphique de ma vie, la narration de mon lien d’approfondissement au corps humain », a déjà dit Daniel Léveillé qui a fait de la nudité de ses danseurs sa marque de créateur impénitent pour qui la nudité est l’ultime costume pouvant être porté sur scène. Et cette fois-ci encore, la géométrie charnelle de sa chorégraphie est la résultante d’une esthétique qui n’érotise pas les danseurs de manière provocante.

« Se déshabiller est un acte d’humilité. La nudité est une panacée anti narcissique » selon lui. Certains trouveront qu’il abuse du procédé, mais il compte plusieurs interprètes fidèles qui sont prêts à le suivre jusqu’au bout de sa démarche artistique.

* Photo par Denis Farley.

En associant le mot tristesse du titre au mot solitude, il dira qu’elle est une composante de sa recherche chorégraphique et une suite logique à l’emploi de ce mot dans ses deux œuvres précédentes. Paraissant définir la notion de tristesse comme ces inévitables moments de mélancolie dans la journée de quiconque, sans pour autant y voir quelque chose de dramatique, Daniel Léveillé livre une œuvre toute en nuances.

Ils sont six danseurs pour ce Quatuor tristesse, quatre gars et deux filles, mais jamais plus de quatre en même temps sur le grand tapis blanc où ils s’exécutent sous la lumière crue de 24 projecteurs répartis sur trois rangées. Des solos et des duos sont aussi bien présentés, avec souvent des temps d’arrêt, si brefs soient-ils, qui nuisent à la fluidité de l’ensemble, mais qui correspondent à un choix artistique défendable.

On pourrait dire la même chose de l’accompagnement musical qui alterne avec des épisodes de silence pouvant parfois paraître lourds, ne soutenant plus les mouvements de ces corps engagés dans bon nombre de figures acrobatiques. Mais la gestuelle s’avère parfois trop répétitive d’un danseur à l’autre. Si bien qu’on se demande qu’est-ce que Daniel Léveillé fait dans cette nouvelle chorégraphie qu’il n’a jamais exploré déjà dans le passé? La réponse a tout à voir avec un style d’acte créateur très personnel.

Après le FTA, la compagnie Daniel Léveillé Danse, fondée en 1991, part en tournée à l’étranger, d’abord à Münster en Allemagne, puis à Paris en juin. Pas du tout triste le sort de ce Quatuor tristesse.

 

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