Gorillaz

Gorillaz au Centre Bell | Une leçon de show d’amphithéâtre

On entend souvent plusieurs doléances (justifiées) envers les shows au Centre Bell : trop grand, trop froid, mauvais son, bière trop chère, trop de monde… Sans compter que ces jours-ci, l’avenue des Canadiens-de-Montréal (la rue où se trouve l’entrée) a l’air d’un boulevard syrien. Pas très invitant. Mais quand Gorillaz s’amène à Montréal et nous donne un spectacle comme celui d’hier, on réalise que c’est possible de présenter un show d’amphithéâtre parfaitement réussi sans artifice, sans longueur et sans surjeu.

Il faut dire que Damon Albarn maintient un niveau de qualité assez extraordinaire depuis maintenant près de 30 ans. C’est fou de réaliser que Gorillaz, son « petit projet post-Blur avec des personnages en cartoon », existe depuis près de 20 ans et se renouvelle encore et toujours. À toute fin pratique, Gorillaz surpasse en longévité et en popularité internationale le projet initial d’Albarn qui était pourtant parmi les porte-étendards d’un mouvement marquant des années 1990 (la vague Britpop), une rareté dans l’histoire du rock. Ne se réinvente pas de la sorte qui veut. Damon Albarn est un surhomme et mérite tout notre respect, n’en déplaise aux frères Gallagher qui font du surplace depuis la fin d’Oasis (mais ça, c’est un autre débat).

Bien entouré d’une douzaine de musiciens (dont 6 choristes), le célèbre cinquantenaire britannique venait donc défendre le très riche répertoire de Gorillaz pour les 9000 fans qui s’y sont donnés rendez-vous, et personne, mais alors là PERSONNE, n’est sorti de là sans le sourire.

La qualité du son était assez exceptionnelle dans les circonstances. Les éclairages étaient à l’avenant, mais ça, c’est rarement un problème au Centre Bell. Les projections, sans surprise, étaient variées et bien choisies. Après tout, Gorillaz est le projet conjoint de Damon Albarn et de l’illustrateur Jamie Hewlett, qui a créé tout un monde visuel autour de ses quatre membres fictifs animés : 2D, Murdoc, Russel, et Noodle. Les vidéoclips de Gorillaz ont fait leurs preuves. Ce qu’on nous présente en live ajoute évidemment beaucoup à l’expérience.

 

Des collaborations à la pelletée

Sinon, pour le reste, c’est principalement Damon Albarn qui se fait généreux (et qui insiste pour aller visiter ses fans dans la foule), sympathique (il adresse quelques petits mots en français à la foule, preuve qu’on n’a pas à faire appel à une agence de traduction pour faire plaisir à une foule montréalaise) avec une bande de musiciens impeccables.

Oh, et il y a les invités. Évidemment, les featurings sont légion dans l’univers Gorillaz, et on ne peut pas apporter tout ce beau monde-là en tournée. Snoop Dogg et Del The Funky Homosapien sont d’ailleurs intégrés au visuel avec leur trame de voix respective en playback, tout comme le défunt Ibrahim Ferrer, du Buena Vista Social Club, qui chantait Latin Simone sur le premier album.

Mais c’est tout de même apprécié de voir Pos et Dave de De La Soul débarquer en chair et en os pour Superfast Jellyfish, ou Booty Brown venir rapper son petit bout de Dirty Harry, ou encore mieux, d’entendre Peven Everett assumer les magnifiques couplets de feu Bobby Womack sur Stylo. Une photo de ce dernier sera d’ailleurs projetée sur l’écran circulaire au-dessus des musiciens, pendant que Albarn se prosterne en regardant là-haut, comme pour louanger la légende du soul/R&B, et le remercier d’avoir contribué à cette excellente chanson quelques années avant de trépasser.

Avec cette généreuse brochette d’invités, on se demande un peu pourquoi l’un des rappeurs n’a pas appris le rap de Del The Funky Homosapien sur Clint Eastwood plutôt que de nous servir la trame pré-enregistrée. Disons que ce qui devait être le moment le plus explosif de la soirée a perdu en efficacité. Feel Good Inc., Dirty Harry et Stylo auront donné lieu à des moments nettement plus marquants.

C’est bien là le seul bémol d’une soirée autrement 100% réussie avec des musiciens de haut calibre et un répertoire d’une richesse épatante.

 

Première partie : The Internet

Pour la première partie, The Internet s’était installé un petit salon convivial sur la scène du Centre Bell. Après un pas pire jam de funk-batté, Syd Tha Kid est apparue au milieu de la troupe, et le groupe a livré une solide prestation de soul inventif, sympathique et groovy à souhait.

The Internet a joué une dizaine de chansons, dont la moitié tirée du très bon nouvel album, Hive Mind, ainsi que le hit Girl et la très amusante Come Over, durant laquelle Syd a invité le public à chanter « You fucked up » en choeur au refrain.

Très bonne mise en bouche en vue des gorilles.

 

Grille de chansons

  1. M1A1
  2. Tranz
  3. Last Living Souls
  4. Rhinestone Eyes
  5. Saturnz Barz
  6. Tomorrow Comes Today
  7. Kansas
  8. Every Planet We Reach is Dead
  9. 19/2000
  10. Humility
  11. Superfast Jellyfish
  12. Melancholy Hill
  13. El Manana
  14. Fireflies
  15. Strobelite
  16. Andromeda
  17. Hollywood
  18. Stylo
  19. Dirty Harry
  20. Feel Good
  21. Soukeye
  22. Plastic Beach

 

Rappel

Lake Zurich

Latin Simone

Kids With Guns

Clint Eastwood

Don’t Get Lost In He

 

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