Stabat MATER

Grands Ballets | Stabat Mater et la 7ème Symphonie de Beethoven

Mercredi soir se tenait une soirée spéciale pour les Grands Ballets Canadiens de Montréal. En prime de marquer leur retour sur scène et l’ouverture de leur nouvelle saison, ce fut également l’occasion d’inaugurer la récente nomination d’Ivan Cavallari à leur tête, qui a succédé à Gradimir Pankol. Et c’est avec deux pièces de stature très classique que le nouveau directeur artistique a décidé d’entamer son nouveau mandat auprès de la compagnie canadienne : en première partie, Stabat Mater d’Edward Clug, suivi de la 7ème Symphonie de Beethoven d’Uwe Scholz.


Les deux pièces au programme sont d’une facture très épurée et les chorégraphies pourraient appartenir au courant du néoclassicisme : un mélange entre le classique et le contemporain, bien que le Stabat Mater soit beaucoup plus moderne que la 7ème Symphonie.

Stabat Mater, qui se déploie sur la musique de Pergolèse, est une oeuvre éclatée et déjantée même si l’on joue avant tout sur des mouvements très épurés et rigoureux. Des images issues de la religion surgissent de temps à autres à travers le spectacle et à nous, spectateur, d’en tirer l’interprétation que l’on souhaite. C’est une pièce volontairement très froide, interprétation d’ailleurs bien rendue par la troupe des Grands Ballets. Les hommes et les femmes (auxquelles on rend hommage) sont traités de manière égale et les différents groupes se répondent dans une alternance équilibrée. L’un des reproches que l’on pourrait adresser aux danseurs, qui d’ailleurs est un défaut revenant régulièrement, est l’excellence individuelle de chacun d’entre eux mais un manque flagrant d’unité lorsqu’il s’agit de danser ensemble. Des petits détails de bras placés différemment, des épaulés excécutés diversement, et des mouvements de groupes décalés finissent par nuire à l’appréciation de l’oeuvre, qui est justement chorégraphiée avec beaucoup de précisions.

Grosse surprise en revanche avec la 7ème Symphonie où la compagnie a paru s’amuser, à l’aise et totalement réunie. Cette oeuvre, très classique, s’appuie sur la magnifique musique de Beethoven pour offrir une chorégraphie géométrique et harmonieuse, sans délaisser le tragique du second mouvement. Les caractères changent selon les quatre mouvements de la symphonie et suivent la structure de la pièce musicale : ainsi, lors des entrées en canon, la danse adopte également ce modèle. Les artistes furent  éclantants et précis dans cette pièce où il faut saluer les solistes Yui Sugawara et Myriam Simon, élégantes, rigoureuses et gracieuses dans leur rôle respectif. En outre, la cohésion de groupe fut bien visible et effaça le mauvais souvenir de la première partie. L’impression principale qui se dégageait était réellement celle d’un tout uni. Pourtant, c’est justement dans ce genre de pièce, conventionnelle et parfois répétitive qu’il est facile de s’égarer. La complicité entre les danseurs fut visible dans cette oeuvre qui n’a pas grand enjeu interprétatique. L’orchestre, dirigé par Daniel Myssyk, dut cependant faire face à quelques petits dérapages en fin de soirée, notamment chez les cors mais offrit tout au long du spectacle un support correct.

On a pu voir dans ce choix de programmer cette oeuvre traditionnelle la patte du nouveau directeur artistique qui confiait il y a quelques jours dans La Presse vouloir redonner de l’importance à la base classique afin que les Grands Ballets puissent exceller également dans le répertoire plus ancien. Hier soir, la technique dispensée par les interprètes dans le plus classique des deux ballets fut largement supérieure à celle du plus moderne. et l’on doit reconnaître que ce fut un constat plaisant.

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