Heavy Montréal

Heavy Montréal 2016 – Jour 1 | Nightwish, Sebastian Bach, Suicide Silence: les vrais headliners?

Il fallait le voir pour le croire. Merci Evenko pour cette attraction. Le public du Heavy Montréal et le public du îleSoniq se retrouvent mélangés dans le métro en ce samedi où les deux festivals se chevauchent au Parc Jean-Drapeau. La  ligne jaune explose entre le noir et les paillettes colorées dans une expérience sociale inédite où le jeu consiste à identifier les deux publics. Facile : les Heavy Montréal ont des vrais tatouages, alors que les îleSoniq ont des faux tatouages en brillants.

* Photos par Corentin Hignoul et Thomas Mazerolles.


Inquistion… ou plutôt Vastum

Le seul groupe de black metal de la fin de semaine est… annulé. Encore une fois, un grand merci aux Services Frontaliers Canadiens de nous priver de la performance d’un excellent groupe. Il n’y a plus qu’à espérer que le duo occulte revienne par chez nous bientôt avec la sortie imminente de leur nouvel album.

C’est les Californiens de Vastum, en spectacle aux Katacombes la veille, qui se font offrir la place, et balance leur death metal old school alors que beaucoup de gens font encore la file pour rentrer sur le nouveau site du festival, beaucoup plus petit que les années précédentes.

Dommage cependant, c’était peut-être l’occasion de mettre en avant les nombreux talents locaux, très peu représentés (comme d’habitude), alors qu’on sait que Reanimator était notamment sur la liste d’attente.

 

Skeletonwitch

Est-ce pour essayer de faire concurrence à îleSoniq que l’ingénieur du son monte les basses autant ? Dommage, car les Américains livrent une solide performance.

Skeletonwitch réveille la forêt avec son thrash death très incisif, et assez varié. Leur répertoire a parfois des touches black metal, parfois des passages mélodiques harmonisés, et rend leur performance appréciable malgré le son médiocre enterré sous les basses fréquences. Des tueries comme Beyond The Permafrost maintiendront un gros mosh-pit durant leur concert.


Kataklysm

On ne présente plus le groupe de death metal québécois, habitué du Heavy Montréal. Fort de ses années d’expérience, Kataklysm est en terrain conquis et ne prend pas de risques.

Comme d’habitude, le son est assez énorme et puissant, notamment sur la guitare. Le groupe est une machine de guerre bien rodée aux quatre coins de la planète. Le chanteur Maurizio, dont la voix grave et agressive est toujours impressionnante, invite le public à tenter un record de crowd-surfing sur l’excellente As I Slither. Ce n’est pas un énorme succès, mais ça brasse quand même pas mal pour un début d’après-midi.

Photo par Thomas Mazerolles.

Carcass

On passe sur la grosse scène avec les biens nommés végétariens de Carcass. Décidemment, les Anglais ne sont pas très chanceux, après le Rockfest l’année dernière, les voici encore avec le soleil en pleine poire, en milieu de journée, devant un public relativement nombreux.

On dirait que le death metal old school de Carcass n’est pas assez mis en valeur et apprécié dans ce genre de festivals, et sur ce genre d’horaire. Pourtant, les morceaux plus mid-tempos du sublime album Heatwork sont très efficaces, et les musiciens sont irréprochables. Mais il manquera quelque chose pour en faire une performance mémorable.

Photo par Thomas Mazerolles.

Sebastian Bach

On aura beau dire, mais tout de suite, un chanteur qui a connu les années 1980 et qui a joué dans des stades aux cotés de groupes comme Guns’n’Roses, ça monte le niveau d’un cran.

Ancien leader de Skid Row, Sebastian Bach est une véritable bête de scène, et enterre tous les frontmen de la journée. Certes, au niveau de la voix, ce n’est pas toujours juste, mais ça ne l’a jamais été de toute façon, même à sa grande époque. Et peu importe. Avec une set-list assez excellente, un best of de Skid Row avec des bombes comme Slave To The Grind, Big Gun, Piece Of Me ou encore la ballade 18 And Life, Sebastian Bach met le feu.

Moment très drôle alors que Sabaton installe son décor sur la scène en face, et le chanteur de lancer :

WTF is this ? Sabaton ? I’m Sebastian ! You guys want Sabaton or Sebastian ? I prefer Sebastian !

Le concert se termine déjà avec Remember You, Monkey Business (amputé de la fin pour rattraper le temps perdu avec un problème de guitare) et l’inévitable Youth Gone Wild. Bach avait largement les épaules pour jouer plus tard et plus haut sur l’affiche…

Photo par Thomas Mazerolles.

Sabaton

Les Suédois sont les premiers de la journée à sortir des flammes sur la grosse scène. Avec leur power-metal très entraînant, Sabaton comble ses nombreux fans.

Machine réglée au millimètre, le groupe impressionne par sa mise en place – leur côté militaire n’est pas juste dans le look et les paroles ! – et un son assez bon, mais le tout est tellement bien arrangé avec les diverses séquences que ça sonne pratiquement comme en CD. Les chœurs ont l’air parfois renforcés avec des playbacks, et même si l’ensemble est très bien fait, il en ressort un aspect un peu trop synthétique par moment. On doute de l’utilité d’un « rappel » tout calculé dans un concert de 40 minutes, mais Sabaton livre la marchandise et ne déçoit pas ses légions.


Suicide Silence

Les maîtres du deathcore ont un superbe spot : une belle fin d’après-midi, et une petite scène pour un gros groupe au public nombreux : Suicide Silence va détruire la forêt. Une explosion de rage et de violence, avec un death metal moderne abusant de breakdowns qui sèment le chaos dans une foule compacte et survoltée.

Les Californiens dédient un morceau à leurs frères d’armes québécois Despised Icon. Le chanteur explique alors pourquoi Slayer sont les maîtres absolus du circle-pit : parce qu’il ne s’arrête jamais pendant leurs concerts. « F**k Everything ! » On ne fait pas dans la dentelle ici, et un des plus gros circle-pit de la journée vient soulever un nuage de poussière, traversé par les rayons du soleil couchant dans les arbres.


Nightwish

Une véritable légende du métal symphonique, des pionniers et maîtres dans l’art du métal au chant féminin lyrique : les Finlandais de Nightwish étaient très attendus.

Mené aujourd’hui par la Hollandaise Floor Jansen (ex-After Forever), le groupe enflamme la foule dès les premières notes, dans tous les sens du terme. Si plusieurs se demandaient ce que voulait dire « version festival européen », c’est que Nightwish avait ramené une méchante artillerie de pyrotechnie, et allait nous en mettre plein la vue. Et en plus du plaisir des yeux, le son est simplement excellent. Des guitares aux claviers, tout est bien défini et rend l’ensemble encore plus puissant.

Photo par Thomas Mazerolles.

La chanteuse Floor s’avère être une bête de scène, balançant de gros headbangs avec ses longs cheveux. Elle apporte en plus une touche plus rock dans le chant, allant plus loin que le simple lyrique. Un excellent concert en soi, mais avec une ombre au tableau : la setlist. Seuls Nemo et She Is My Sin sont rescapés des classiques du groupe, alors que le reste du concert se concentre sur les années plus récentes.

Une performance dans un festival grand public aurait mérité beaucoup plus de Dark Chest Of Wonders ou autres Wishmaster. Vraiment dommage, même si Nightwish aurait largement pu être la tête d’affiche aujourd’hui.


Five Finger Death Trump

Je commencerai en me permettant de citer un confrère du Bourreau Métallique, émission de CIBL : « Connais-tu quelqu’un dans ton entourage (dans tes amis métalleux), qui est super fan de Five Finger Death Punch, genre c’est son band préféré ?! »

Effectivement, la réponse est souvent négative, et c’est peut-être pourquoi le Heavy Montréal n’est pas aussi populaire cette année. Et pourtant, le nombre de chandails à l’effigie du groupe de metal américain est effrayant. Tant de supporters d’un groupe musicalement médiocre, qui prône le capitalisme américain, l’individualisme et la haine gratuite et stupide de ceux qui ne pensent pas pareil qu’eux.

Certes, les gars savent jouer, leur son est bon, leur look est travaillé, mais musicalement ça ne va pas chercher plus loin qu’un métal moderne avec très peu d’intérêt, et une voix qui n’est pas sans rappeler Corey Taylor de Slipknot.

Heureusement pour l’espoir dans l’humanité, le site du festival, plus petit que l’année dernière, s’est vidé de moitié, et Five Finger Death Punch n’arrive pas à remplir. En fait, c’est presque une insulte que ce groupe formé en 2005 soit la tête d’affiche d’un festival où jouent plusieurs artistes cultes formés dans les années 80 et 90, qui jouent devant d’immenses foules en Europe.

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