Festival Iceland Airwaves

Iceland Airwaves 2015 – Jour 4 | Concert sous-marin, math rock et québécoisité

Bien que le festival Iceland Airwaves se terminait officiellement dimanche, notre aventure à nous prenait fin samedi soir. Mais tout un samedi soir !  Au menu : un « concert sous-marin », un trio coldwave local dont la chanteuse est québécoise, deux très bonnes découvertes islandaises, ainsi qu’une fin de soirée avec la dream pop de Beach House, le math rock cinglé de Battles et les héros locaux GusGus. Récit d’un dernier marathon musical au pays de Björk.


Dès 14h, au Loft Hostel, un trio coldwave nommé Antimony attirait notre attention pour des raisons tout à fait chauvines. Au milieu du bassiste Birgir Sigurjón Birgisson et du claviériste Sigurður Angantýsson – deux noms de vikings parfaitement crédibles pour Reykjavik – se trouvait une chanteuse surnommée RX Beckett.  

La machine à rythmes se met en marche, la ligne de basse s’y dépose, tout comme les accords de clavier. Puis ça débute en français : 

On recommence à zero
Mais c’est pas si facile quand on ne peut pas trouver les mots

Venant de la bouche d’une Québécoise installée à Reykjavik depuis 6 ans, ces paroles prennent tout leur sens. Du moins, pour nous. Parce que pour 99% des Islandais, et même des touristes présents, le français sonne aussi exotique que l’islandais l’est pour nous.

Donc longue histoire courte, Rebecca Beckett, de son vrai nom, est tombée amoureuse de l’Islande – et d’un musicien islandais – il y a plusieurs années. Après quelques aller-retours au fil des ans, elle s’y est mariée et installée une fois pour toute.

La musique du trio – qui est son premier band, elle qui n’était pas d’emblée musicienne à l’époque où elle habitait Montréal – évoque les synthés des années 1980, les ambiances vaguement Lynchiennes et compte sur un petit côté gothique pas désagréable du tout.

À découvrir :

Musique électro sous l’eau

Il pleuvait encore et toujours sur la capitale de l’Islande, alors que l’horaire nous appelait à multiplier les déplacements dès l’après-midi. Une autre journée mouillée dans la ville, quoi.

Mais pour une fois, ce n’était pas bien grave, puisque notre prochaine aventure nécessitait de se mouiller. Ça se trouvait au Sundhöll Reykjavíkur, la plus vieille piscine art déco de la ville, où le Tonik Ensemble – un duo électro ambiant – proposait un concert « sous-marin », c’est-à-dire que les spectateurs étaient invités à se laisser flotter dans la piscine intérieure pendant que des enceintes de son spécialement conçues diffusaient la musique créée live par Tonik sous l’eau. Assez particulier. Ce qui devait être une expérience un peu geek s’est toutefois transformé en semi-beach-party.

Une fois séchés, il fallait une fois de plus braver la pluie pour se rendre d’abord du côté du Tjarnarbió, très charmante petite salle, où se produisait le groupe Epic Rain, qui propose un mélange de dark folk, de valses à la Tom Waits et de rap. Les couplets sont rappés, les refrains chantés par un des musiciens. Le tout prend des airs de Buck 65, époque Talking Honky Blues. Encore une fois, une belle découverte.

Au dire du chanteur, rencontré après la prestation, Epic Rain se produit plus souvent à l’extérieur de l’Islande qu’à domicile.

De retour au Nasa, salle mythique réouverte pour Airwaves après 3 ans de fermeture, l’excentrique artiste britannique Felicita a soulevé bien des sourcils avec son anti-prestation déconcertante, suivi du groupe synthpop local Vök. Mené par la chanteuse Margrét Rán, très juste et expressive, la bande de jeunes musiciens propose un son qui rappelle beaucoup The XX, mais en plus chaleureux et accrocheur. Un son très pro, souvent mélancolique ou éthéré, et au potentiel d’exportation certain. Il ne serait pas étonnant de les voir un peu partout en festivals sous peu…

La chanson Waterfall – qui a inspiré l’une des murales du projet artistique Wall Poetry – est particulièrement addictive :

Conclure au Harpa

Pour terminer la soirée en beauté, une dernière petite visite au Harpa, la « Place des Arts ultra-moderne » de Reykjavik, où Beach House terminait un set d’une heure dans une grande salle tellement pleine que ça débordait jusqu’à l’extérieur.

Fidèle à son franc parler, Victoria Legrand a remercié le festival de l’avoir incluse en tant que « seule représentante féminine de la soirée ». Touché.

Leur set ressemblait à tous leurs sets, qui ressemblent à tous leurs albums, c’est-à-dire joli et tout en lenteur, mais aussi plutôt monotone. En même temps, force est d’admettre que ça convient tout à fait pour un samedi soir d’automne pluvieux à Reykjavik.

On ne peut certainement pas en dire autant du groupe new-yorkais Battles : projet instrumental math rock complètement déjanté, qui sonne encore mieux (et dingue) live que sur disque. Dur à croire qu’ils ne sont que trois sur scène – ils utilisent des trames et beaucoup d’effets – pour créer cette musique folle.

Le batteur John Stanier – un ancien du groupe Helmet – en met particulièrement plein la vue, avec sa cymbale beaucoup trop haute (ce qui crée un effet visuel plutôt absurde) et son jeu soutenu, très punché.  Ian Williams (ex-Don Caballero) ne donne pas sa place non plus, avec ses deux claviers de chaque côté, souvent joués simultanément, et sa guitare au son lourdement trafiqué.

Malgré la complexité des compositions, les musiciens de Battles ont l’air en parfait contrôle de la situation. Assez épatant.

Battles devait se produire au festival MRCY, à Laval, en septembre dernier mais avait dû annuler à la dernière minute. Espérons qu’ils reviennent à Montréal bientôt.

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Il était désormais 1h du matin lorsque la gloire locale GusGus a pris la scène d’assaut avec sa house music électro-épique pour semer le party bien comme il faut.

Le chanteur Högni Egilsson est arrivé sur scène tel un chevalier de la techno, avec sa grande crinière blonde et son look distingué, sous les projecteurs qui l’illuminent. Sa voix tient totalement la route, tout comme celle de son comparse qui se joint à la fête dès la deuxième chanson, et les rythmes de son DJ ont fait lever la foule en deux temps trois mouvements. Un peu trop « euro-dance » pour nous, mais pour les amateurs du genre, c’est plutôt réussi et impressionnant.

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Ainsi se termine donc notre aventure à Reykjavik. Le festival Iceland Airwaves sera de retour du 2 au 6 novembre 2016, et cette fois, la compagnie aérienne Icelandair proposera enfin des vols directs Montréal-Reykjavik.

Avec autant de variété à tout juste 4 heures de vol, ça vaut certainement le détour.  Détails par ici.


* Notre couverture de l’événement Iceland Airwaves ne serait pas possible sans l’apport de la compagnie Icelandair, commanditaire principal de l’événement, qui annonçait récemment l’ajout de vols directs Montréal-Reykjavik à partir du 19 mai 2016.

Merci également à Center Hotels Plaza qui nous a hébergés. Détails par ici.

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