Jason Mraz

Jason Mraz en solo au Théâtre Saint-Denis | Un pari réussi

Un homme. Une guitare. Et une amplitude démesurée malgré l’absence de musiciens. Jason Mraz, par sa voix reconnaissable, a donné beaucoup de sa personne jeudi soir au Théâtre Saint-Denis avec un concert chaleureux quasiment improvisé (il a été annoncé il y a un mois seulement). L’occasion pour lui de tester notamment de nouveaux titres devant le public montréalais avant d’entamer l’enregistrement d’un nouvel album.


Simple, enjoué, généreux. Ces quelques mots peuvent décrire Jason Mraz. Arrivé sans machination sur scène, avec comme seule marque distinctive son béret, l’Américain a tout de même comblé à lui seul une imposante scène vide de tout instrument. Pas de percussions donc pour l’accompagner comme sur l’album We Sing. We Dance. We Steal Things. qui l’a fait découvrir aux yeux du monde en 2008. Mais rien de surprenant non plus puisqu’à l’annonce de sa venue il y a un mois, il était dit que seule une guitare accompagnerait le chapeau de Mraz.

Et si le prix élevé des billets aurait pu refroidir certains à venir l’acclamer, force est de constater que le natif de Virginie s’appuie toujours sur un parterre solide de fidèles avec qui une complicité folle s’est installée tout au long de la soirée. Le Théâtre Saint-Denis était rempli pour écouter toute la positivité que dégage Jason Mraz, bien aidé par une qualité de son et de lumière irréprochable. Parfait pour inaugurer l’été montréalais.

 

L’évolution de Jason Mraz

Si les sonorités de ses titres — dont une majorité de douces ballades — sonnent joyeusement aux oreilles de la foule, c’est parce que le compositeur américain est doué dans son domaine. Depuis ses débuts avec Waiting for my Rocket to Come en 2002, le natif de Virginie distille une pop efficace et ensoleillé. Toutefois, lorsque nous l’avons rencontré quelques heures avant le concert, Jason Mraz disait qu’il a évolué avec le temps :

Dans certains domaines, dont celui de la performance scénique et de la communication, je me sens plus confiant. Je prends mon travail désormais très au sérieux comparé à mes débuts.

On ne compte pas non plus le nombre de fois où fût prononcé le mot « love » durant le concert, mais ce thème est toujours un de ses privilégiés. Pourtant, tout au long des deux heures de concert le niveau de la performance scénique est d’une qualité élevé. Se distillent d’autres messages engagés, mais toujours subtilement :

J’observe que lorsque l’on utilise les médias sociaux, si vous faites la promotion de quelque chose ou que vous parlez d’un problème spécifique, les gens semblent se détourner de cela. Mais pour moi, si vous donnez de l’humour et de la joie en plus du message, peut-être que celui-ci sera plus compris. Je trouve important de ne pas parler du message en lui-même mais de plutôt réussir à le fondre dans la chanson, que ce soit une partie de son histoire. Peut-être que la chanson provoquera finalement de la compassion.

 

Complicité avec la foule

Dès l’entame du concert, le nouveau titre joué annonce la couleur : Let’s See What The Night Can Do. Et effectivement, avec un public super attentif et respectueux, rien ne pouvait entraver une belle soirée de pureté musicale, sans artifice aucun.

Les cordes vocales du chanteur chauffent au gré des applaudissements soutenus du public pendant l’enchaînement sans grandes interruptions de trois titres avant l’entame de Lucky, duo enregistré il y a près de dix ans avec la belle Floridienne Colbie Caillat.

Viendront ensuite certaines nouvelles chansons composées pour un futur album (Chocolate, Coming Undone) mais aussi des anciennes comme les ballades A Beautiful Mess et Details In The Fabric où le public, en chœur, reprend les deuxièmes voix du duo avec James Morrison. Le tout avec passion en invitant deux enfants sur scène pour une photo avant d’entamer l’immense succès I’m Yours. Mais aussi avec une pointe d’humour (« It’s the best looking audience I’ve seen all day ») et d’autodérision (« I tried a lot of models before being with my wife »).

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Un pari réussi

Le pari pour Jason Mraz était difficile puisque, seul sur scène, il devait être plus qu’un simple musicien. Ce qu’il réussissait avec brio grâce à son humour grinçant, son énergie communicative et sa vision ouverte d’un monde positif.

Remplir par ailleurs une salle pour un concert annoncé un mois à l’avance, avec des tarifs très élevés et un renouvellement discographique proche du néant depuis trois ans était un autre défi. Pourtant, la longue ovation pour clôturer la prestation après une touchante version de I Won’t Give Up était là pour témoigner que le guitariste porte toujours sa fantastique voix dans le cœur des gens. Parce que oui, beaucoup d’optimisme a émané de Jason Mraz et ce dernier a tenu à le partager par une session de méditation intense pour sa dernière chanson. À lui d’anticiper enfin la question « How was the show tonight ? » avec une réponse qui serait difficile à contredire : « It was breathtaking ».

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